A la veille des barbecues de Yom HaAtsmaout, les prix de la viande continuent de grimper
Les Israéliens qui veulent acheter de la viande à poser sur le gril sont confrontés à une hausse des prix qui est due à la rareté de la concurrence, alors que les réformes ne parviennent pas à faire baisser les coûts pour les consommateurs
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

En amont de Yom HaAtsmaout, des files d’attente ont fait leur apparition devant les étals des bouchers. Confrontés à la hausse des prix de la viande, les Israéliens ont ressenti les effets de cette dernière dans leur portefeuille à un moment où de nombreux ménages doivent d’ores et déjà faire face à l’augmentation du coût de nombreux produits, luttant pour joindre les deux bouts dans l’ombre de la guerre.
Mercredi au crépuscule et jusqu’à jeudi, ce sont des dizaines de milliers de familles israéliennes qui fêteront le 77e anniversaire du pays en s’adonnant à ce qui est devenu un passe-temps national : les grillades au charbon de bois. Même s’ils ont été fortement touchés par les incendies de forêt qui font rage dans le centre du pays, cette année, et par l’interdiction nationale d’allumer des feux dans les lieux publics qui en a découlé, de nombreux Israéliens ont décidé de faire des barbecues dans leur jardin ou sur leur balcon.
Au cours des douze derniers mois, les prix de la viande en Israël ont continué à augmenter en moyenne de 2 % et jusqu’à près de 10 % en raison des tendances dans les importations, des changements survenus dans les réglementations locales et des influences du marché mondial, selon les données et les tendances du marché qui ont été recueillies et analysées par Ultra Finance. Cette société propose des solutions de financement sur mesure à des milliers d’entreprises, y compris dans le secteur alimentaire.
Par exemple, le prix de l’entrecôte est passé de 145,7 shekels le kilo au mois d’avril 2024 à 152 shekels le kilo en 2025 – ce qui représente une hausse d’environ 4 %. L’escalope de poulet fraîche est passée de 38,6 shekels à 42 shekels le kilo – soit une augmentation d’environ 9 %. Le prix des cuisses de poulet a augmenté d’approximativement 3 % – une hausse plus modérée – en passant de 60 shekels le kilo à 62 shekels le kilo d’une année sur l’autre. Selon les données de l’indice des prix à la consommation pour le mois de mars 2025, les prix du bœuf congelé ont augmenté de 1,6 %, ceux de la volaille de 1,4 % et ceux de l’agneau de 1,1 %.
« Une comparaison entre les chaînes de supermarchés et les boucheries illustre l’écart : Dans les chaînes, les prix de la viande sont inférieurs de plusieurs dizaines de pourcentage, mais les boucheries privées continuent d’attirer les clients grâce à leur haute qualité et à leur service personnalisé », déclare Roy Lengy, analyste chez Ultra Finance. « Les enquêtes montrent que de nombreux Israéliens sont prêts à payer plus cher dans les boucheries pour leurs morceaux de viande fraîche, en raison de la qualité et du service personnalisé – ce qui explique la popularité continue des boucheries malgré les prix élevés ».
Le rapport établi par Ultra Finance s’est basé sur une combinaison d’analyses de données exclusives, d’informations provenant des activités de financement de la société au sein des entreprises du secteur alimentaire, et d’une étude de marché mise à la disposition du public.

Pendant la semaine de la Yom HaAtsmaout, la fête de l’indépendance israélienne, la quantité de viande et d’autres produits achetés pour les grillades est multipliée par trois par rapport à une semaine habituelle. L’Israélien moyen consomme 19,6 kg de bœuf par an – un chiffre qui traduit une hausse de 50 % par rapport à 2015, ont indiqué les dernières données du ministère de l’Agriculture.
Lengy attribue la hausse des prix continue à une combinaison de facteurs locaux et internationaux.
« La guerre contre le Hamas a entraîné une baisse de la demande de steaks [plus chers] de la part des consommateurs touchés par le conflit mais elle a créé un ‘effet de contagion’ qui a fait grimper les prix des morceaux moins chers, tels que le bœuf haché, des morceaux qui ont considérablement augmenté », explique Lengy. « Les importateurs qui avaient accumulé des surplus d’entrecôte ont compensé leurs pertes en augmentant les prix des autres morceaux ».
De plus, la forte concentration du marché local de la viande – qui est placé sous le contrôle d’un petit nombre d’importateurs et d’abattoirs – limite la concurrence.
« Suite à une pénurie de bouchers qualifiés, les chaînes de magasins se tournent vers la vente de viande pré-emballée, ce qui pousse les consommateurs à acheter [de la viande fraîche] dans des boucheries plus chères », commente Lengy.
Globalement, « les coûts de production et d’intrants – y compris en ce qui concerne les aliments pour animaux, comme le soja et les prix des céréales, qui représentent environ 65 % du coût de l’élevage des poulets – ont grimpé en flèche l’année dernière en raison des perturbations commerciales, notamment à cause de la guerre commerciale qui oppose les États-Unis et la Chine ou encore la guerre en Ukraine », dit Lengy.

Israël est un pays où il n’y a pas de vastes pâtures pour le bétail et dont la population est en augmentation, ce qui accroît la dépendance du pays à l’égard des importations de viande. Entre 70 et 80 % de la viande consommée en Israël est importée, et 20 à 30 % est produite localement. La viande fraîche provenant de veaux importés représente environ un tiers de toute la viande bovine consommée dans le pays. La viande congelée importée représente plus de 40 %, la viande réfrigérée importée 17 % et la viande provenant de veaux élevés en Israël environ 14 %.
Au début de l’année, le gouvernement a augmenté les taxes, les prix et les factures des services publics. La nouvelle année a également été marquée par une série de réformes ayant pour objectif de faire baisser les prix en alignant les normes israéliennes sur les normes européennes, dans le but d’assouplir les barrières commerciales pour les importations et d’encourager la concurrence.
La réforme du secteur alimentaire comprend l’adoption de la réglementation européenne dans différents domaines, comme la sécurité alimentaire et l’étiquetage, afin de réduire la bureaucratie et de permettre à l’importateur de réaliser des économies de l’ordre de 7 à 11 %.
« La réforme, qui est entrée en vigueur en 2025, permet de réduire les délais et les coûts des importations de viande », affirme Lengy. « Toutefois, la réforme n’a pas entraîné une baisse significative des prix [pour les consommateurs], en partie à cause de l’augmentation des prix au niveau mondial et de la forte concentration sur le marché local ».