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Au lendemain des obsèques de Hersh, 5 chefs du Hamas poursuivis en justice par les États-Unis

L'impact de cette initiative est majoritairement symbolique, Yahya Sinwar vivant dans la clandestinité et Haniyeh, Deif et Issa ayant été tués - mais l'inculpation de Meshaal laisse penser que Washington pourrait pousser le Qatar à l'extrader

Le leader du Hamas Ismail Haniyeh (G) et le leader du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinwar lors d'un rassemblement marquant le 30e anniversaire de la fondation de l'organisation terroriste islamiste, dans la ville de Gaza, le 14 décembre 2017. (Mohammed Abed/AFP)
Le leader du Hamas Ismail Haniyeh (G) et le leader du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinwar lors d'un rassemblement marquant le 30e anniversaire de la fondation de l'organisation terroriste islamiste, dans la ville de Gaza, le 14 décembre 2017. (Mohammed Abed/AFP)

Le département américain de la Justice a annoncé mardi l’inculpation du chef du Hamas, Yahya Sinwar, et de cinq autres responsables du groupe terroriste en lien avec le massacre qui avait été commis dans le sud d’Israël, le 7 octobre. C’est la première initiative prise par les responsables de la justice américaine dont l’objectif est de dénoncer officiellement les artisans à l’origine de cet assaut sanglant.

La plainte au pénal qui a été déposée devant le Tribunal fédéral de New York comporte sept chefs d’accusation : complot en vue de fournir un soutien matériel à une organisation terroriste étrangère ; complot en vue d’assassiner des ressortissants américains et complot en vue d’utiliser des armes de destruction massive entraînant la mort. Elle met aussi en cause l’Iran et le groupe terroriste libanais du Hezbollah, qui sont accusés d’avoir apporté un soutien financier et des armes au Hamas.

L’impact de cette initiative pourrait n’être que symbolique dans la mesure où Sinwar serait actuellement terré dans les tunnels à Gaza et que le département de la Justice déclare que trois des six accusés sont présumés morts. Toutefois, des officiels affirment que d’autres actions sont attendues dans le cadre d’un effort plus large dont l’objectif est de s’attaquer directement au groupe basé à Gaza, un groupe que les États-Unis ont inscrit sur la liste noire des organisations terroristes en 1997 et qui a été lié à une série d’attaques meurtrières contre Israël, y-compris à des attentats-suicides.

La plainte avait été déposée sous scellés au mois de février afin de donner aux États-Unis le temps nécessaire pour tenter d’arrêter Ismail Haniyeh, qui était alors à la tête du Hamas, mais l’assassinat du chef du bureau politique de l’organisation, le 31 juillet, ainsi que d’autres événements récents ont rendu le secret moins indispensable, a déclaré le Département américain de la Justice.

Lundi, Hersh Goldberg-Polin, un ressortissant israélo-américain qui était retenu en otage à Gaza, a été inhumé à Jérusalem, deux jours après que son corps sans vie a été retrouvé par les soldats israéliens dans un tunnel et rapatrié au sein de l’État juif. John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a fait savoir que Goldberg-Polin avait été « exécuté » en même temps que cinq autres captifs, confirmant ainsi le récit de Tsahal qui avait annoncé que les six otages avaient été tués par leurs geôliers du Hamas qui soupçonnaient que les troupes israéliennes se rapprochaient de leur cache.

« Nous enquêtons actuellement sur le mort de Hersh et sur chacun des meurtres brutaux d’Américains, des meurtres qui ont été, selon nous, autant d’actes terroristes », a dit Merrick Garland, le procureur-général des États-Unis, dans une déclaration filmée. « Nous continuerons à soutenir les efforts livrés par l’ensemble du gouvernement pour ramener chez eux les Américains qui sont encore aujourd’hui retenus en otage », a-t-il ajouté.

Les autres dirigeants du Hamas qui ont été officiellement inculpés sont Haniyeh, Marwan Issa, ancien numéro deux de la branche armée du Hamas à Gaza qui a été tué par Israël au mois de mars ; Khaled Meshaal, un adjoint de Haniyeh qui réside à Doha et qui est un ancien dirigeant du groupe ; Muhammad Deif, le chef de longue date de la branche militaire du Hamas, mort dans une frappe israélienne en juillet et Ali Baraka, qui est à la tête des relations extérieures du Hamas et qui vit à à Beyrouth.

« Ces accusés ont orienté les efforts livrés par le Hamas pour détruire l’État d’Israël et pour assassiner des civils, poursuivant cet unique objectif dans le cadre des attaques qui ont été menées par le groupe au cours des trois dernières décennies », a expliqué Garland.

Des terroristes palestiniens se dirigeant vers la frontière avec Israël depuis Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Saïd Khatib/AFP)

« Les inculpations qui sont annoncées aujourd’hui ne représentent qu’une partie des initiatives que nous prenons à l’encontre des opérations du Hamas sous tous leurs aspects », a ajouté le procureur général. « Ces actions ne seront pas les dernières ».

De son côté, Christopher Wray, a directeur de la police fédérale américaine, a déclaré dans un communiqué que « dès que le Hamas a lancé son horrible attaque le 7 octobre, le FBI s’est employé à identifier et poursuivre les responsables de ces crimes atroces ».

Mohammed Deif, le commandant de l’aile armée du groupe terroriste du Hamas, diffusée par la Douzième chaîne le 27 décembre 2023. (Crédit : Capture d’écran Douzième chaîne ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

« Le FBI a enquêté sans relâche sur ces attaques contre des civils, y compris des Américains, et continuera de le faire », a-t-il poursuivi.

Sinwar a été nommé à la tête du Hamas après l’assassinat de Haniyeh, tué en Iran – et il figure en tête de la liste des personnes les plus recherchées par Israël. Il aurait passé la majeure partie des onze derniers mois dans des tunnels, sous Gaza, et il est difficile de dire de manière exacte dans quelle mesure il a des contacts avec le monde extérieur. Détenu pendant longtemps dans une prison israélienne, il avait été libéré en 2011 dans le cadre d’un accord qui avait ouvert la porte à la libération d’un soldat pris en otage – un accord similaire à celui qui est actuellement en cours de négociations dans le contexte de la guerre qui oppose le Hamas à Israël à Gaza, qui prévoit un cessez-le-feu et la libération des captifs qui avaient été kidnappés lors du pogrom du 7 octobre.

La mise en examen de Sinwar, qui vit dans la clandestinité, et des responsables du groupe permet dorénavant au gouvernement fédéral de consacrer davantage de ressources à la traque de l’organisation, facilitant l’émission d’assignations à comparaître à l’encontre de ses soutiens. La présence de Meshaal parmi les nouveaux inculpés laisse penser que l’administration Biden pourrait faire pression sur le Qatar, l’un des rares pays à entretenir des relations avec le Hamas, pour qu’il livre ses dirigeants qui vivent dans le pays.

Khaled Meshaal, membre du bureau politique du groupe terroriste palestinien du Hamas, s’adressant au podcasteur koweïtien Ammar Taqi, le 16 janvier 2024. (Crédit : Capture d’écran vidéo)

« Depuis 2019, l’aile militaire du Hamas a utilisé les réseaux sociaux et d’autres plateformes pour appeler ses partisans vivant à l’étranger et notamment aux États-Unis à verser des contributions en cryptomonnaie sur des portefeuilles virtuels contrôlés par le groupe, en reconnaissant explicitement que ces paiements seraient utilisés pour financer la campagne violente du Hamas », a précisé le département de la Justice. « Grâce à ces mécanismes, le Hamas a reçu des dizaines de millions de dollars en cryptomonnaies pour financer ses activités ».

Les mises en examen ont notamment été déposées dans le district sud de New York, là où travaillent des procureurs fédéraux qui mènent des poursuites contre le terrorisme depuis des décennies.

Marwan Issa, chef adjoint de la branche armée du Hamas, encerclé sur une photo diffusée sur les réseaux sociaux en 2015. La photo et sa source n’ont pas pu être vérifiées.

« Notre engagement est clair : si vous portez atteinte à un membre de notre communauté, vous nous portez atteinte à tous – et nous sommes aux côtés de toutes les victimes du règne de terreur du Hamas », a déclaré le procureur du district, Damian Williams. « Nous ferons assumer ses responsabilités à cette organisation terroriste, du sommet de sa hiérarchie à sa base, pour les atrocités qu’elle a commises ».

Lors du pogrom du 7 octobre, les terroristes du Hamas avaient massacré près de 1 200 personnes – dont 40 citoyens américains – et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande. Approximativement cent personnes se trouvent encore aujourd’hui dans les geôles du Hamas. La mort d’au moins un tiers d’entre eux a été confirmée par l’armée israélienne.

La plainte qui a été déposée au pénal établit que le massacre a été « l’attaque terroriste à grande échelle la plus violente » de toute l’Histoire du Hamas. Elle rappelle comment les hommes armés sont arrivés dans le sud d’Israël avec « des camions, des motos, des bulldozers, des hors-bord et des parapentes » et qu’ils se sont livrés à une campagne de violences brutales, commettant des viols, des mutilations génitales, des exécutions sommaires, avec des familles entières qui ont été brûlées vives à leur domicile.

Ali Baraka, du Hamas. (Capture d’écran)

Le ministère de la Santé de Gaza, qui est placé sous l’autorité du Hamas, affirme que plus de 40 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent – un bilan qui est invérifiable et qui ne fait pas de distinction entre civils et hommes armés. Pour sa part, Israël déclare avoir tué quelque 17 000 terroristes pendant le conflit sur le terrain, à Gaza, en plus d’un millier d’hommes qui avaient été abattus sur le territoire israélien, le 7 octobre.

Israël souligne que l’armée cherche à minimiser le nombre de victimes civiles, précisant que le Hamas utilise les civils de Gaza comme autant de boucliers humains, lançant ses attaques depuis des zones civiles – maisons, hôpitaux, écoles ou mosquées.

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