Israël en guerre - Jour 466

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Avant le 7 octobre, le Shin Bet et Tsahal avaient averti Netanyahu de l’imminence d’une attaque – média

Ronen Bar et Herzl Halevi avaient dit au Premier ministre, alors hospitalisé, que les ennemis d'Israël allaient frapper ; le cabinet de Netanyahu évoque "calomnies et mensonges"

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, deuxième à partir de la droite, à gauche, le chef d'état-major de Tsahal Herzi Halevi, à côté de lui le ministre de la Défense Yoav Gallant et Ronen Bar, chef du Shin Bet, au centre assistant à un briefing sur la sécurité lors d'une opération de Tsahal à Jénine le 3 juillet 2023. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, deuxième à partir de la droite, à gauche, le chef d'état-major de Tsahal Herzi Halevi, à côté de lui le ministre de la Défense Yoav Gallant et Ronen Bar, chef du Shin Bet, au centre assistant à un briefing sur la sécurité lors d'une opération de Tsahal à Jénine le 3 juillet 2023. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Selon un reportage d’investigation diffusé ce jeudi, alors qu’il se trouvait à l’hôpital suite à la pose d’un stimulateur cardiaque, à l’été 2023, le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait été informé par les chefs de Tsahal et du Shin Bet de la vulnérabilité d’Israël et des risques que ses ennemis ne profitent des profondes tensions déchainées par la refonte judiciaire pour frapper.

La nouvelle que le chef du Shin Bet, Ronen Bar, et celui de Tsahal, Herzi Halevi, ont tous deux fait passer en juillet 2023 des avertissements en ce sens à Netanyahu, alors hospitalisé, juste avant le vote final de la Knesset sur le premier projet de loi limitant l’indépendance du pouvoir judiciaire, est l’une des révélations apportées par l’émission « Uvda » de la chaîne N12 au sujet de la terrible attaque terroriste du Hamas qui, en octobre 2023, a déclenché la guerre à Gaza et les hostilités qui s’en sont suivies depuis dans toute la région.

Le reportage fait par ailleurs état de transcriptions de conversations entre Netanyahu et son secrétaire militaire, quelques minutes après le lancement par le Hamas de son attaque dans le sud d’Israël, le matin du 7 octobre 2023, au moment où ils tentaient de prendre la mesure de l’ampleur de ce qui allait bientôt se révéler comme le pire massacre de Juifs en une seule journée depuis la Shoah.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, aurait dit à ses collègues ministres, lors d’une réunion plus tard dans la journée, que le peuple pourrait exiger leur démission, ajoute le reportage qui évoque une falsification des transcriptions par un haut conseiller de Netanyahu.

Le cabinet du Premier ministre a réagi vivement au reportage de « Uvda » et s’est plaint de sa présentatrice, Ilana Dayan, parlant de « calomnies et de mensonges contre le Premier ministre Netanyahu destinées à porter tort au gouvernement de droite ».

« La machinerie d’Uvda peut bien continuer sa propagande et ses mensonges, le Premier ministre Netanyahu continue lui d’emmener Israël vers une victoire historique », peut-on lire dans le communiqué du cabinet du Premier ministre, qui par ailleurs s’inscrit en faux avec nombre d’affirmations avancées dans le reportage.

« Avis stratégique de guerre »

Selon le reportage en question, Netanyahu aurait été contacté par Bar et Halevi dans la soirée du 23 juillet 2023, alors que le Premier ministre se trouvait au centre hospitalier Sheba de Ramat Gan, suite à une intervention chirurgicale subie une semaine plus tôt pour ce que les médecins qualifieraient plus tard de « problème cardiaque transitoire » engageant le pronostic vital.

A l’époque, la tension politique était à son comble en raison du projet de refonte judiciaire de la coalition, qui avait provoqué des manifestations de grande ampleur contre le gouvernement et conduit des réservistes de Tsahal à ne plus répondre à l’appel en guise de protestation et d’autres à menacer de ne plus effectuer leur périodes de réserve obligatoires si la loi de refonte était adoptée.

Le chef d’État-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi (à gauche) et le directeur du Shin Bet, Ronen Bar, supervisent une mission de libération des otages dans la bande de Gaza, le 8 juin 2024. (Services du Shin Bet)

Selon le reportage télévisé, une fois en ligne avec le Premier ministre par le biais d’une communication sécurisée, Bar aurait dit à Netanyahu : « Ceci est un avis stratégique de guerre ».

« Je ne peux pas dire quand ni comment », aurait poursuivi le chef du Shin Bet, mais les ennemis d’Israël suivent de près ce qui se passe en Israël en proie au chaos sur la question de le refonte judiciaire, « et ils analysent où sont nos faiblesses ».

Bar aurait demandé à Netanyahu d’interrompre le mouvement de refonte du système judiciaire. Le reportage ne dit rien de la réaction du Premier ministre.

Lors de son hospitalisation, Netanyahu aurait par ailleurs reçu un courrier de la part de Halevi : une rencontre entre les deux hommes était en effet prévue, qui n’a pas pu avoir lieu en raison de l’hospitalisation du Premier ministre.

« Le niveau de préparation de Tsahal, mis à mal en peu de temps, se rétablit lentement. C’est une situation dangereuse. Ce qui se passe en ce moment-même en Israël augmente le risque d’attaque », aurait écrit Halevi, selon le reportage qui ajoute que le chef d’État-major de Tsahal avait clairement dit que l’ennemi ne laisserait pas passer une pareille occasion.

Le cabinet de Netanyahu a réagi au reportage en assurant que « le Premier ministre n’avait reçu aucun avvis et que personne n’a pris la peine de l’informer de quoi que ce soit, ni avant le massacre ni la nuit de celui-ci. Si tel avait été le cas, le 7 octobre aurait été radicalement différent. »

« Un faux »

Toujours dans le reportage diffusé jeudi, « Uvda » explique qu’en février de cette année, le major général Avi Gil, alors le secrétaire militaire de Netanyahu, aurait rapidement écrit un mot pour la procureure générale après avoir été informé par une sténographe que le chef de cabinet du Premier ministre, Tzachi Braverman, lui avait demandé de modifier l’horodatage d’une transcription faite le matin du 7 octobre.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’entretient avec son chef de Cabinet Tzachi Braverman (à droite) lors d’une réunion du Conseil des ministres au siège des services du Premier ministre à Jérusalem, le 30 avril 2023. (ABIR SULTAN / POOL / AFP)

Braverman a été interrogé par la police, soupçonné d’avoir falsifié l’heure du premier appel de Netanyahu avec Gil au sujet des atrocités du Hamas – en la faisant passer de 6h29 à 6h40 du matin – alors qu’il s’agissait là de leur deuxième conversation sur le sujet – suite au refus de la sténographe de modifier la transcription.

Le reportage télévisé évoque le témoignage de Gil à la police et explique qu’après que la sténographe lui ait dit que Braverman avait demandé à voir la transcription et lui avait demandé de la changer, le secrétaire militaire était entré dans la salle de réunion du Premier ministre pour écrire un mot à l’intention de la procureure générale Gali Baharav-Miara au sujet de la conduite de Braverman.

« Il s’agit d’un faux. C’est totalement criminel », écrit Gil dans sa lettre.

Le secrétaire général Avi Gil arrivant au bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 3 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La déclaration publiée par le cabinet de Netanyahu nie que Braverman ait falsifié la transcription et assure que « toute la lumière sera faite sur la question lors de l’enquête ».

« Malheureusement, il lui est interdit de s’exprimer sur la question jusqu’à la fin de l’enquête », poursuit la déclaration.

« Pourquoi tirent-ils ? »

Le reportage télévisé dit également un mot des communications entre Netanyahu et Gil dans la matinée du 7 octobre, ce dernier ayant passé un premier appel au Premier ministre dès 6h29 en utilisant l’application de messagerie WhatsApp.

Netanyahu, qui se trouvait alors chez lui à Césarée, aurait demandé : « Pourquoi tirent-ils [des roquettes] ? »

Gil lui aurait expliqué être dans l’attente d’informations précises pour appréhender la situation dans sa globalité et dit qu’ils se reparleraient très vite, ce que confirmerait leur appel suivant, à 6h40, cette fois sur une ligne sécurisée.

« Nous essayons de comprendre ce qui se passe », aurait expliqué Gil lors de ce deuxième appel, ajoutant que des commandos d’élite se dirigeaient vers la zone frontalière de Gaza et que la division militaire régionale se préparait aux situations d’urgence, toujours selon la transcription reprise par le reportage.

« Il ne fait aucun doute que la situation est très différente », aurait indiqué Gil.

Des terroristes du Hamas sous un poste d’observation de Tsahal à la barrière frontalière entre Israël et Gaza, le 7 octobre 2023 (Crédit : capture d’écran de Kan TV ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Netanyahu aurait demandé s’il était possible d’éliminer les dirigeants du Hamas et Gil lui aurait dit qu’il s’assurerait que les terroristes n’en profitent pas pour pénétrer en territoire israélien sous couvert des tirs de roquettes, avant d’ajouter : « Nous sommes en guerre ».

Selon « Uvda », à ce stade de la conversation, Netanyahu aurait, pour la première fois, dit n’avoir reçu aucune information des services de sécurité au sujet d’un risque d’attaque majeure depuis la bande de Gaza.

« Il n’y a eu aucune information, je ne vois rien au niveau des renseignements », aurait dit le Premier ministre.

Gil aurait lui-même déclaré qu’il faudrait « poser plus tard la question du comment ils nous ont surpris ».

Toujours selon le reportage, Netanyahu aurait insisté pour continuer à évaluer l’ampleur réelle de l’offensive du Hamas et aurait demandé si le gouvernement devait ordonner le rappel des réservistes.

« L’état-major doit se réunir le plus rapidement possible », aurait ajouté le Premier ministre, avant de s’interroger sur le risque que cette attaque donne par ailleurs lieu à une prise d’otages.

« C’est bien ce que nous pensons », lui aurait répondu Gil.

Netanyahu aurait mis un terme à l’appel en donnant l’ordre à Gil de voir s’il était possible de tuer les chefs du Hamas : « S’il y a une possibilité, alors éliminez-les, à commencer par [Yahya] Sinwar. »

« Quelques jours de légitimité »

Quelques heures plus tard, des ministres de tout premier plan se réunissaient : selon « Uvda », c’est lors de cette réunion que Smotrich aurait dit à ses collègues que les Israéliens exigeraient sous peu leur démission.

« Nous avons quelques jours de légitimité devant nous jusqu’à ce que l’ampleur [de la catastrophe causée par le Hamas] ne se répande. Dans 48 heures, ils nous demanderont de démissionner suite à cet échec, et ils auront bien raison », aurait déclaré Smotrich, le chef du parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit.

Le cabinet de Smotrich a réagi au reportage en disant tout ignorer des propos rapportés par le reportage et tenir pour « directement » responsables les chefs des services de sécurité, le gouvernement ayant toute « légitimité » pour les limoger.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich dirigeant une réunion de de son parti HaTzionout HaDatit, à la Knesset, à Jérusalem, le 28 octobre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Smotrich a déclaré jeudi qu’avant le 7 octobre, il ignorait tout de l’existence de la force Nukhba, l’unité d’élite qui a mené les massacres.

Le ministre d’extrême droite a porté sa critique sur ce qu’il a qualifié des mauvaises relations entre les échelons politique et militaire, ce qui a eu pour effet de laisser le premier totalement « isolé » et mal informé des problèmes sécuritaires du pays.

L’unité Nukhba du Hamas fait l’objet d’articles de presse depuis maintenant des années, les commandos terroristes ayant par exemple affronté l’armée israélienne lors de la guerre de Gaza, en 2014.

« Je ne savais pas qu’il existait une unité Nukhba avant le 7 octobre, et je prends pourtant très au sérieux mes fonctions au sein du cabinet de sécurité : je lis très régulièrement et attentivement les documents qui me sont remis. J’ignorais qu’un quart des infrastructures au Liban étaient destinées à la force Radwan du Hezbollah. Cela n’a jamais été porté à notre attention. Il y a d’énormes lacunes en matière d’information », a assuré Smotrich lors d’une conférence de Yesha, mouvement favorable aux implantations, en ajoutant que les plus hauts niveaux de l’échelon militaire désobéissaient régulièrement aux dirigeants politiques.

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