Ben Gvir boycotte le conseil des ministres après qu’Israël a restitué un autre corps
La restitution de la dépouille du terroriste qui avait tenté d'attaquer les troupes en février fait suite à la restitution de dépouilles de tireurs vendredi
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre d’extrême-droite Itamar Ben Gvir a déclaré qu’il boycotterait la réunion hebdomadaire du cabinet du gouvernement dimanche matin, alors qu’Israël a restitué la dépouille d’un Palestinien qui a été abattu après avoir tenté de poignarder des soldats israéliens en Cisjordanie au début de l’année.
La restitution du corps de Sharif Hassan Rabaa, 22 ans, en vue de son inhumation, est survenue après qu’Israël a restitué vendredi les dépouilles de trois tireurs palestiniens, membres du groupe terroriste la « Fosse aux Lions », tués lors d’une fusillade avec des soldats en Cisjordanie en mars, suscitant les protestations de Ben Gvir et amplifiant la spirale de la lutte au sein de la coalition radicale du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le 9 février, Rabaa avait tenté de poignarder des soldats israéliens près du camp de réfugiés d’al-Fawar, à proximité de la ville de Hébron, en Cisjordanie, avant d’être mortellement touché par les soldats. Il a été transporté à l’hôpital Soroka de Beer Sheva, où les médecins avaient prononcé son décès.
Dans une déclaration diffusée par les médias palestiniens, les Affaires civiles de l’Autorité palestinienne (AP) ont indiqué qu’elles avaient reçu la dépouille et qu’elles s’apprêtaient à la remettre à sa famille dans la ville d’ad-Dhahiriya pour qu’elle l’enterre.
La remise de la dépouille de Rabaa a été approuvée par le ministre de la Défense Yoav Gallant.
Les forces israéliennes de sécurité prennent régulièrement en charge les corps des terroristes. Ces derniers sont parfois ultérieurement rendus aux familles pour qu’elles puissent les enterrer. Mais Israël les conserve parfois – pour empêcher l’organisation de funérailles glorifiant les défunts dans leurs villes natales ou avec pour objectif de les utiliser dans le cadre de négociations portant sur la restitution des dépouilles des soldats israéliens qui se trouvent actuellement sous la garde de groupes terroristes.
⭕ لحظة استلام جثمان الشهيد شريف حسن وريدات من الظاهرية جنوب الخليل ليوارى جثمانه الثرى حسب ترتيبات عائلته pic.twitter.com/xwu8bVj7p1
— إذاعة الأقصى – عاجل (@Alaqsavoice_Brk) May 7, 2023
Le ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir, et d’autres ministres de son parti d’extrême-droite, Otzma Yehudit, ont déclaré qu’ils boycotteraient la réunion hebdomadaire du cabinet du gouvernement suite à la restitution des dépouilles, et la libération d’un parlementaire jordanien accusé d’avoir tenté d’introduire clandestinement plus de 200 armes à feu en Israël.
« Ces derniers jours, le Premier ministre et le ministre de la Défense poursuivent leur politique – la libération du terroriste jordanien, la restitution des dépouilles des terroristes, etc. C’est inacceptable pour nous et cela ne peut pas continuer ainsi. La politique doit changer, le gouvernement doit passer à une politique complètement à droite. Nous avons reçu un mandat du public pour changer de direction – et c’est ce qui doit se passer », a déclaré Ben Gvir dans un communiqué dimanche.
Le conflit a éclaté en début de semaine dernière lorsque Ben Gvir, le chef du parti d’extrême-droite, s’est heurté à Netanyahu, furieux d’avoir été exclu des discussions sur la sécurité concernant les combats entre Israël et les groupes terroristes basés à Gaza.
Mercredi dernier, Otzma Yehudit avait annoncé qu’il ne participerait pas aux votes à la Knesset tout au long de la journée, citant la « faible » réponse du gouvernement à la salve de roquettes en provenance de Gaza. Le parti au pouvoir, le Likud, avait réagi en disant à Ben Gvir qu’il pouvait quitter le gouvernement s’il n’aimait pas la façon dont Netanyahu le dirigeait.
En 2020, le cabinet israélien avait décidé que le pays était autorisé à conserver les dépouilles des Palestiniens accusés de meurtre, ayant blessé des Israéliens ou trouvés en possession d’armes, même s’ils n’étaient pas affiliés au groupe terroriste palestinien du Hamas. La mesure est appliquée irrégulièrement et les dépouilles des Palestiniens ayant commis des attentats ont été restituées à l’AP dans de nombreux cas.
L’ancienne politique israélienne consistait à conserver les dépouilles des terroristes du Hamas uniquement en vue d’un échange potentiel de prisonniers avec le groupe terroriste, qui conserve deux captifs palestiniens et les dépouilles de deux soldats israéliens. D’autres avaient pu être rendus aux familles qui avaient ainsi été en mesure d’organiser des funérailles, même si les transferts avaient parfois été retardés alors que l’État juif cherchait à s’assurer que le public autorisé à assister à l’enterrement resterait limité.
La conservation des dépouilles des terroristes en tant que politique efficace reste un sujet de débat au sein de l’establishment sécuritaire. Certains pensent que cette rétention offre un poids supplémentaire en faveur d’Israël dans des négociations et que la pratique est un réel outil de dissuasion contre d’autres attaques. D’autres estiment que cette mesure est inefficace, qu’elle est difficilement défendable au niveau juridique et ils craignent qu’elle ne nuise à la réputation d’Israël sur la scène internationale.
Des troupes affrontent des hommes armés lors de raids en Cisjordanie, les restrictions à Jéricho sont maintenues
Les tensions entre Israël et les Palestiniens ont été intenses ces douze derniers mois, l’armée israélienne menant des opérations antiterroristes quasi-quotidiennes en Cisjordanie suite à plusieurs attentats terroristes palestiniens particulièrement meurtriers.
Lors d’opérations menées tôt dimanche, les troupes ont essuyé des tirs d’hommes armés palestiniens dans la ville de Naplouse, au nord de la Cisjordanie, et dans la ville de Bayt Sahur, près de Bethléem, a indiqué Tsahal, ajoutant que les soldats avaient riposté.
À Kafr Qaddum, les troupes israéliennes ont utilisé des moyens de dispersion des émeutes contre des Palestiniens qui lançaient des pierres, a déclaré l’armée. Les médias palestiniens ont rapporté qu’un garçon de 12 ans avait été touché par une balle en caoutchouc. Son état de santé restait indéterminé.
Aucun soldat n’a été blessé dans les affrontements.
Six Palestiniens recherchés ont été arrêtés lors des raids, et un fusil d’assaut ainsi que d’autres équipements militaires ont été saisis dans la ville d’al-Yamun, dans le nord de la Cisjordanie, a ajouté Tsahal.
Pendant ce temps, les lourdes restrictions sur les mouvements dans et hors de la ville de Jéricho en Cisjordanie, imposées par Tsahal à la suite d’une augmentation des alertes des services de renseignement sur des attaques terroristes potentielles, se sont poursuivies dimanche pour le 16e jour d’affilée.
Ces derniers mois, plusieurs Palestiniens sont partis de Jéricho et de ses environs pour mener des attaques contre des civils israéliens et les forces de sécurité.
Une série d’attaques à Jérusalem et en Cisjordanie, depuis le début de l’année, a fait 19 morts et plusieurs blessés graves du côté israélien.
Au moins 101 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’année, la majorité d’entre eux alors qu’ils commettaient des attaques ou pendant des affrontements avant les services de sécurité. Certains étaient toutefois des civils non-impliqués et d’autres ont perdu la vie dans des circonstances qui font actuellement l’objet d’une enquête.