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Biden : faute de consensus sur la refonte, la « relation spéciale » pourrait en pâtir

Le président américain a déclaré au NY Times que "la vitalité de la démocratie israélienne" est au cœur des liens entre les deux pays, mais qu'elle est actuellement menacée

Le président américain Joe Biden regardant le président israélien Isaac Herzog lors de leur rencontre dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 18 juillet 2023. (Crédit : Susan Walsh/AP)
Le président américain Joe Biden regardant le président israélien Isaac Herzog lors de leur rencontre dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 18 juillet 2023. (Crédit : Susan Walsh/AP)

Le président américain Joe Biden a déclaré que les dirigeants israéliens devaient ralentir leur réforme du système judiciaire qui sème la discorde et s’efforcer plutôt de parvenir à un large consensus avec les partis d’opposition sur la question, avertissant que la « relation spéciale » entre les deux pays pourrait subir des dommages irréparables.

Biden a fait ces commentaires au chroniqueur du New York Times Thomas L. Friedman, avec qui il s’est entretenu à la Maison Blanche mardi, après avoir rencontré plus tôt dans la journée le président Isaac Herzog, actuellement en visite à Washington.

Le Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et ses alliés d’extrême-droite et ultra-orthodoxes ont mis en œuvre leur projet de refonte, qui suscite, depuis 6 mois consécutifs, des protestations massives de la part des opposants, qui estiment qu’il affaiblira le pouvoir de la Cour de faire contrepoids à la Knesset et qu’il érodera dangereusement les fondements démocratiques d’Israël.

Outre les manifestants qui bloquent les routes et perturbent les transports publics, des groupes de réservistes ont cessé de se porter volontaires pour des rôles clés – notamment le pilotage d’avions de chasse. De même, des chefs d’entreprise et du personnel médical ont appelé à la grève pour protester contre la réforme.

S’adressant à Friedman, Biden a exprimé son soutien public au mouvement de protestation.

« Il s’agit manifestement d’un domaine dans lequel les Israéliens ont des opinions bien arrêtées, y compris dans le cadre d’un mouvement de protestation durable qui démontre la vitalité de la démocratie israélienne, laquelle doit rester au cœur de nos relations bilatérales », a déclaré Biden.

« Pour trouver un consensus sur des questions politiques controversées, il faut prendre le temps nécessaire », a déclaré Biden. « Pour les changements importants, c’est essentiel. Je recommande donc aux dirigeants israéliens de ne pas se précipiter. Je pense que le meilleur choix est de continuer à rechercher le consensus le plus large possible. »

Selon Friedman, l’administration considère la question de la réforme moins comme un débat politique à la Knesset que comme une lutte pour l’essence même de la démocratie israélienne.

Le président américain, a écrit Friedman, « essaie de respecter le droit d’Israël à choisir sa propre voie sans que son allié américain n’intervienne dans une affaire interne », tout en expliquant clairement comment les développements pourraient affecter les relations d’Israël avec les États-Unis.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu assistant à une session de la Knesset, avec les ministres du Likud Yariv Levin, à gauche, et Israel Katz assis de part et d’autre de lui, le 10 juillet. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

« En soi, il supplie Netanyahu et ses partisans de comprendre que ‘si nous ne sommes pas perçus comme partageant cette valeur démocratique, il sera difficile de maintenir la relation spéciale dont Israël et l’Amérique jouissent depuis 75 ans pour les 75 années à venir' », a écrit Friedman.

« Message aux Israéliens de droite, de gauche et du centre : Joe Biden est peut-être le dernier président démocrate pro-Israël. Vous ignorez ses sincères préoccupations à vos risques et périls », a-t-il ajouté.

Après être intervenu à plusieurs reprises au cours des derniers mois pour mettre en garde le gouvernement de Netanyahu de ne pas faire avancer la version originale de sa réforme et de n’adopter les réformes judiciaires que si elles font l’objet d’un consensus, Joe Biden n’a notamment pas mentionné cette question lors de ses commentaires à la presse à l’occasion de sa rencontre avec Herzog.

Le président américain a tenu des propos essentiellement positifs, soulignant son engagement envers l’État juif et les relations entre les États-Unis et Israël, avant de dresser une brève liste de ses réalisations au Moyen-Orient.

Cependant, en privé, Biden a dit à Herzog qu’il était vital pour les leaders de la coalition et de l’opposition de trouver un compromis sur la réforme judiciaire, selon un fonctionnaire israélien qui a donné des détails aux journalistes sous le couvert de l’anonymat, après la réunion.

Herzog a assuré à Biden qu’il s’efforçait de trouver un terrain d’entente entre les parties et qu’il croyait aux négociations qu’il a défendues, mais qui sont actuellement suspendues, a déclaré le responsable israélien.

Ces négociations ont échoué le mois dernier et le gouvernement a depuis repris le processus législatif de la réforme, se préparant à adopter le premier texte de loi du paquet largement controversé la semaine prochaine et réanimant le mouvement de protestation.

Thomas L. Friedman, chroniqueur du New York Times. (Crédit : Rebecca Zeffert/Flash90)

Herzog a déclaré à des journalistes à l’extérieur de la Maison Blanche après la réunion que la décision de Biden de poser des questions sur le remaniement au cours de leur réunion n’avait pas été prise pour « ennuyer » Israël, mais résultait plutôt de sa « profonde inquiétude » pour la démocratie du pays. L’affirmation de Herzog est apparue comme une riposte à certains alliés de Netanyahu, qui se sont emportés ou ont rejeté les critiques des États-Unis et d’autres alliés concernant la réforme en les qualifiant d’interventions inappropriées dans les affaires internes d’Israël.

Ce n’est que lundi que Biden a accepté de rencontrer Netanyahu dans le courant de l’année, après avoir refusé de l’inviter à la Maison Blanche et s’être prononcé à plusieurs reprises contre le remaniement du gouvernement et ses membres « extrémistes » qui soutiennent l’expansion illimitée des implantations en Cisjordanie.

Toutefois, aucune précision officielle n’a été apportée quant à la date et au lieu de la rencontre, ce qui a donné lieu à des spéculations dans les médias selon lesquelles il ne s’agirait pas d’une visite d’État à la Maison Blanche, mais plutôt de discussions en marge de l’assemblée générale annuelle des Nations unies à New York.

Après que Biden et Herzog se sont exprimés publiquement à la Maison Blanche, le corps de presse rassemblé s’est mis à leur poser une pluie de questions. La correspondante américaine de la Treizième chaîne, Neria Kraus, a affirmé qu’un transcripteur de la Maison Blanche lui avait confirmé que Biden avait répondu « oui » à sa question de savoir si Netanyahu avait été invité à la Maison Blanche.

Toutefois, d’autres personnes présentes à ce moment-là ont indiqué qu’il n’était pas clair à qui Biden s’adressait dans sa réponse.

Le président israélien Isaac Herzog s’adressant aux médias à l’extérieur de l’aile ouest de la Maison Blanche après avoir rencontré le président Joe Biden, à Washington, le 18 juillet 2023. (Crédit : AP Photo/Jacquelyn Martin)

Le conseiller à la sécurité nationale Tzahi Hanegbi, cherchant à dissiper les suggestions d’une rencontre à l’ONU, a déclaré mardi à la Douzième chaîne que Biden avait invité Netanyahu à la Maison Blanche et que la rencontre aurait lieu en septembre.

À LIRE : L’invitation de Biden, sur fond de réforme et de nouvelles implantations, intrigue

Hanegbi a également donné de nouveaux détails sur l’appel téléphonique de lundi entre Netanyahu et Biden qui comprenait l’invitation, en disant que le Premier ministre avait assuré au dirigeant américain que la seule partie de la réforme judiciaire qui serait discutée après les congés d’été de la Knesset était la composition de la commission de sélection des juges. La coalition cherche à modifier la représentation au sein de la commission qui choisit les juges de la Cour, en donnant au gouvernement la majorité des voix.

Selon Hanegbi, Netanyahu a déclaré à Biden que, pendant les congés parlementaires, il s’efforcerait de parvenir à un « large consensus public » sur la manière dont les juges seront sélectionnés.

Mercredi, Hanegbi a répondu à l’éditorial de Friedman en déclarant que les remarques attribuées à Biden « n’ont pas du tout été mentionnées dans la conversation » entre le président et Netanyahu, – la tribune n’avait pas laissé entendre qu’elles l’avaient été.

L’appel téléphonique, « tel qu’il a été décrit par les deux parties, a été positif, chaleureux et constructif », a-t-il déclaré dans un communiqué, ajoutant que le gouvernement irait jusqu’au bout de son projet législatif actuel visant à réduire considérablement le contrôle judiciaire la semaine prochaine, avant de « rechercher un large consensus public concernant le reste du processus » pendant les vacances d’été de la Knesset.

La semaine dernière, Friedman a rédigé un éditorial avertissant que l’Administration Biden était en train de réévaluer ses liens avec le gouvernement Netanyahu, dans un contexte d’inquiétude croissante des Américains face aux actions de la coalition israélienne de droite radicale.

Selon Friedman, Biden pense que le gouvernement se sert de son projet de réforme judiciaire comme d’un écran de fumée pour s’engager « dans un comportement radical sans précédent […] qui sape nos intérêts communs avec Israël, nos valeurs communes et la croyance partagée d’une importance vitale sur le statut de la Cisjordanie qui maintient les espoirs de paix là-bas à peine vivants ».

Cette tribune, intitulée « La réévaluation par les États-Unis du gouvernement de Netanyahu a commencé », est la dernière en date de plusieurs autres publiées depuis la victoire du bloc de Netanyahu (droite, religieux et extrême-droite) aux élections législatives de novembre.

Le gouvernement Netanyahu et les partisans du remaniement affirment que la législation est nécessaire pour contrôler ce qu’ils considèrent comme un système judiciaire trop intrusif et orienté à gauche.

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