Blanchiment/financement du terrorisme: le Gafi accorde un dernier délai à l’Iran
"Nous attendons de l'Iran qu'il mette en oeuvre rapidement des mesures qui ont été acceptées il y a plus de deux ans", a affirmé Marshall Billingslea

Le Groupe d’action financière (Gafi), sous présidence américaine, a accordé vendredi à l’Iran un dernier délai pour se conformer d’ici juin aux critères internationaux contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, brandissant la menace de contre-mesures.
« Nous attendons de l’Iran qu’il mette en oeuvre rapidement des mesures qui ont été acceptées il y a plus de deux ans », a affirmé Marshall Billingslea, secrétaire adjoint au Trésor américain, qui assume actuellement la présidence du Gafi, lors d’une conférence de presse à Paris au terme d’une réunion plénière.
Le responsable américain, dont le pays s’est retiré unilatéralement de l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015, a exprimé à la fois sa « déception » et son impatience à l’égard de Téhéran, alors que le Gafi a suspendu les contre-mesures depuis juin 2016.
« Pour la première fois, le Gafi a clairement annoncé que si le programme n’est pas appliqué d’ici juin, la première contre-mesure serait appliquée automatiquement », a-t-il assuré, soulignant que cette mesure concernerait les banques qui auraient des liens avec des institutions financières iraniennes.
En juin 2016, après la volonté exprimée par Téhéran de le rejoindre, le Gafi avait suspendu les « contre-mesures » prises par ses membres contre l’Iran, le seul pays qui figure sur sa liste noire avec la Corée du Nord.
La prochaine réunion du Gafi se tiendra à Orlando, en Floride, du 16 au 21 juin, et non au siège de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) à Paris.
Le Conseil de discernement, une institution iranienne clé, a approuvé début janvier un projet de loi luttant contre le blanchiment d’argent, jugée essentielle pour permettre au pays de maintenir des liens commerciaux et financiers avec le reste du monde.
Le Parlement avait déjà approuvé en 2018 ce projet de loi, qui porte sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement de groupes « terroristes », mais le Conseil des gardiens de la Constitution, dominé par les conservateurs, l’avait rejeté.
Le gouvernement du président Hassan RoUhani, lui, estime que cette loi permettrait de répondre aux demandes du Gafi, qui coordonne depuis 1989 les efforts internationaux pour lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.