Blinken appelle « toutes les parties » au Moyen-Orient à la désescalade
Selon le secrétaire d'État, il faut "que toutes les parties se parlent, qu'elles trouvent des raisons de parvenir à un accord, et non des raisons de le retarder ou de le refuser"
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé jeudi « toutes les parties » au Moyen-Orient à la désescalade et à parvenir « urgemment » à un cessez-le-feu à Gaza, sur fond de craintes d’un embrasement après la mort du chef du groupe terroriste palestinien du Hamas, tué à Téhéran dans une frappe imputée à Israël.
« En ce qui concerne le Moyen-Orient, la région est actuellement sur la voie de la multiplication des conflits, de la violence, de la souffrance et de l’insécurité. Il est essentiel de rompre ce cycle, et cela commence par un cessez-le-feu sur lequel nous travaillons », a déclaré le chef de la diplomatie américaine interrogé lors d’une conférence de presse en Mongolie.
Il a ajouté que cela supposait « d’abord que toutes les parties se parlent, qu’elles s’abstiennent de mesures contribuant à l’escalade, qu’elles trouvent des raisons de parvenir à un accord, et non des raisons de le retarder ou de le refuser ».
En riposte à l’attaque à la roquette du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, qui a tué 12 enfants qui jouaient au football dans la ville druze de Majdal Shams, sur le plateau du Golan, Israël a assassiné le commandant du Hezbollah, Fuad Shukr, à Beyrouth.
Quelques heures plus tard, Ismail Haniyeh, le chef politique du groupe terroriste palestinien du Hamas, était assassiné à Téhéran, où il venait d’assister à l’investiture du nouveau président iranien.
En représailles à ces assassinats, le guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, aurait ordonné une attaque directe contre Israël.
Comme la veille à Singapour, Blinken n’a pas commenté directement la mort du chef terroriste et il s’est refusé à « spéculer » sur l’impact que cela pouvait avoir sur une trêve à Gaza, que les États-Unis, avec le Qatar et l’Égypte, s’efforcent de conclure depuis des semaines.
Mais, a-t-il dit, « je crois qu’il est non seulement réalisable, mais qu’il doit être réalisé ».
« Il est urgent que toutes les parties fassent les bons choix dans les jours à venir, car ces choix feront la différence entre rester sur cette voie de la violence, de l’insécurité, de la souffrance, ou aller vers quelque chose de très différent et de bien meilleur pour toutes les parties concernées », a-t-il répété.
Après l’assassinat, plusieurs diplomates occidentaux ont tenu des réunions d’urgence pour tenter d’éviter une guerre totale et faire pression sur l’Iran pour qu’il évite de provoquer une escalade de la situation, rapportait le Financial Times jeudi.
« Nous ne pensons pas qu’une escalade soit inévitable et il n’y a aucun signe d’escalade imminente », a affirmé mercredi le porte-parole du Conseil national de Sécurité des États-Unis, John Kirby.
Israël n’a pas commenté la mort de Haniyeh, mais on suppose qu’il en est responsable. Le pays est en guerre avec le groupe terroriste depuis le 7 octobre, date à laquelle des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont envahi le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, tuant quelque 1 200 personnes et prenant 251 otages.
111 des 251 otages pris par le Hamas le 7 octobre se trouveraient encore à Gaza, y compris les dépouilles de 39 personnes dont la mort a été confirmée par Tsahal. En novembre, le Hamas a libéré 105 civils en échange d’une trêve d’une semaine et de la libération de centaines de prisonniers sécuritaires palestiniens. Depuis lors, cependant, les négociations en cours pour parvenir à un second accord se sont révélées infructueuses.
Blinken n’a pas réagi directement à la mort de Haniyeh, se contentant de réaffirmer que les États-Unis n’étaient pas impliqués.
En mai, Israël et le Hamas avaient accepté le cadre d’un accord présenté par le Président américain Joe Biden, lequel proposait une libération échelonnée des otages en échange de celle de centaines de prisonniers sécuritaires palestiniens et d’un cessez-le-feu temporaire. Ce dernier deviendrait permanent, à l’issue de négociations, au cours de la deuxième des trois phases de six semaines prévues par l’accord.
En juillet, alors que l’armée israélienne progressait dans la bande de Gaza, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a présenté quatre exigences non négociables qui n’étaient pas mentionnées explicitement dans la proposition précédente. Parmi ces exigences figuraient un mécanisme visant à empêcher le retour des terroristes dans le nord de la bande de Gaza et le maintien du contrôle israélien sur le corridor frontalier entre la bande de Gaza et l’Égypte. Les négociateurs ont exprimé leur inquiétude quant à l’effet que ces nouvelles exigences pourraient avoir sur les négociations.
Le Wall Street Journal a rapporté jeudi, en écho aux remarques de Blinken, que selon certains responsables américains, l’assassinat de Haniyeh risquait de compliquer la conclusion d’un accord, « tout en insistant sur le fait que les négociations n’étaient pas mortes ».
Le Premier ministre qatari, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman al-Thani, a indiqué à Blinken qu’il restait engagé dans les négociations, toujours selon le quotidien, même si dans une publication sur X, le dirigeant qatari a dénoncé l’assassinat.
« Comment un processus de médiation peut-il réussir lorsqu’une partie assassine le négociateur de l’autre partie ? »