Climat : Les ministres retardent encore le débat et le vote sur le projet de loi
Les ministères de l'Énergie et des Finances veulent des objectifs de réduction des émissions non contraignants, contrairement au ministère de l'Environnement
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
La commission des Lois de la Knesset a de nouveau retardé un débat et un vote sur un projet de loi sur le climat dimanche. Les ministères des Finances et de l’Énergie ont insisté pour que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne soient pas contraignants, alors que le ministère de l’Environnement a insisté sur le fait qu’ils devaient l’être pour avoir une quelconque valeur.
Dans son accord de coalition, le gouvernement s’est engagé à adopter une loi sur le climat qui l’obligerait à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici à 2030. La barre est donc plus haute que les 27 % codifiés dans un projet de loi sur le climat qui avait été adopté en première lecture par la Knesset en juillet de l’année dernière, sous l’égide de Tamar Zandberg, ministre de l’Environnement du gouvernement précédent.
La volonté d’améliorer l’objectif a été invoquée pour ne pas voter en faveur de la poursuite du projet de loi Zandberg, mais pour en soumettre un nouveau en partant de zéro.
Mais les querelles interministérielles les ont empêchés d’avancer.
Ces derniers jours, des informations ont fait état d’un compromis entre les ministres sur un objectif de réduction des émissions de 30 % plutôt que de 50 %.
Tammy Ganot, directrice-générale adjointe de l’organisation de défense de l’environnement Adam Teva V’Din, a déclaré au Times of Israel que la discussion sur les pourcentages ressemblait davantage à une tactique de retardement.
Adam Teva V’Din a aidé les ministres successifs de l’Environnement à rédiger un projet de loi sur le climat qui obligera le gouvernement à atteindre des objectifs en matière d’émissions.
En 2020, le cabinet avait approuvé l‘objectif du ministère de l’Énergie visant à ce que 30 % de l’énergie israélienne provienne de sources renouvelables d’ici à 2030.
L’État aurait dû produire 10 % de l’énergie à partir de sources renouvelables à la fin de 2020, mais n’a atteint que 9,2 % à la fin de l’année dernière.
Les ministères de l’Énergie et de l’Environnement sont constamment en désaccord sur le rythme du passage aux énergies renouvelables, le premier étant déterminé à exploiter au maximum les réserves de gaz fossile d’Israël.
La semaine dernière, elle a repoussé au 16 juillet la date limite de la quatrième procédure de mise en concurrence pour l’octroi de nouvelles licences de prospection de gaz fossile et de pétrole en mer.
La question de savoir s’il faut créer des champs solaires massifs dans des espaces ouverts, ce que soutient le ministère de l’Énergie, ou préserver les espaces ouverts en se concentrant sur des sites à double usage – en érigeant des panneaux sur tous les éléments, des toits aux parkings et bâtiments agricoles, en passant par les carrefours et les cimetières – fait également l’objet d’un litige.
L’installation de panneaux solaires dans les zones urbaines permet de rapprocher la production d’énergie des lieux de consommation. La création de champs solaires dans les zones périphériques où il y a de la place nécessite la construction d’infrastructures pour acheminer l’énergie vers le centre du pays où vivent la plupart des Israéliens.
La semaine dernière, le ministère de l’Énergie a demandé au Conseil national pour la planification et la Construction, d’étendre les 2 000 hectares qu’il avait zonés pour les champs solaires à 6 900 hectares arguant que les obstacles bureaucratiques et autres limitaient considérablement le potentiel des installations à double usage.
Le Conseil a accepté de zoner 4 000 hectares supplémentaires, malgré l’opposition du ministère de l’Environnement.
Il y a quelques semaines, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui compte 38 membres, avait critiqué Israël pour avoir pris du retard dans la réalisation de ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et pour avoir augmenté les subventions accordées aux combustibles fossiles au cours des dix dernières années.
En octobre 2021, le contrôleur de l’État Matanyahu Englman avait publié un rapport cinglant sur l’absence de mesures prises par les gouvernements israéliens successifs au cours de la dernière décennie pour préparer le pays à la crise climatique imminente.
Un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies, publié en mars, indique que le monde doit réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035, par rapport à une base de référence de 2019, pour empêcher les températures de dépasser le maximum de 1,5°C.