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Coronavirus: Bruxelles lève 7,4 mds d’euros pour un vaccin, Washington joue solo

La Commission européenne a promis de verser un milliard d'euros ; la France 500 millions ; Israël 55 millions ; les Etats-Unis, la Russie et l'Inde absents à la réunion

Le président français Emmanuel Macron et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian lors d’une vidéoconférence internationale concernant la vaccination, à l'Elysée, à Paris, le 4 mai 2020. (Gonzalo Fuentes / Pool via AP)
Le président français Emmanuel Macron et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian lors d’une vidéoconférence internationale concernant la vaccination, à l'Elysée, à Paris, le 4 mai 2020. (Gonzalo Fuentes / Pool via AP)

La chanteuse Madonna, Bill et Melinda Gates, des princes, un roi, des présidents et des chefs d’Etat ont participé lundi à un téléthon mondial organisé à Bruxelles pour financer la recherche et le développement d’un vaccin contre le nouveau coronavirus qui a permis de rassembler 7,4 milliards d’euros de contributions.

Les Etats-Unis ont été les grands absents de ce marathon en ligne de trois heures, avec la Russie et l’Inde.

« Nous l’avons fait. Nous avons obtenu 7,4 milliards d’euros », a annoncé avec un grand sourire la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à l’issue de cet appel de fonds. Madonna a été la dernière donatrice avec un million de dollars.

L’objectif visé était de 7,5 milliards d’euros, soit 8 milliards de dollars. Il devrait être atteint dans les prochains jours car la Turquie, la principauté de Monaco et la Banque européenne d’investissement (BEI) n’ont pas précisé le montant de leurs contributions.

La Chine, d’où est parti le virus, s’est engagée pour 45,6 millions d’euros. L’Afrique du Sud, représentante du continent, a promis 1,1 milliard et l’Amérique latine a fait des promesses sans les chiffrer par la voix du représentant du Mexique.

La Commission européenne avait donné le coup d’envoi de ce marathon en promettant un milliard d’euros, suivie par la France et l’Allemagne, ce qui a permis de passer la barre des 2 milliards avec des contributions de 500 et 525 millions d’euros respectivement.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui promis 55 millions d’euros (210 millions de shekels).

« Comme tous les pays, Israël essaie maintenant de trouver le bon équilibre entre la protection de la santé de nos citoyens en empêchant un nouveau pic d’infections et en permettant la réouverture de notre économie, mais, en fin de compte, pour assurer à la fois la santé publique et la prospérité nationale, nous devons tous travailler ensemble afin d’améliorer les diagnostics, accélérer les thérapies et finalement développer un vaccin », a-t-il déclaré dans un message pré-enregistré.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d’une conférence internationale de donateurs afin de trouver un vaccin contre le coronavirus, le 4 mai 2020. (Capture d’écran)

« Vaincre le virus »

Un vaccin est « notre meilleure chance collective de vaincre le virus », a souligné Ursula von der Leyen.

La pandémie a déjà frappé plus de 3,5 millions de personnes, dont 1,5 million en Europe, et tué près de 250 000 malades, dont 143 000 en Europe, selon les décomptes réalisés par l’AFP à partir de sources officielles.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse après une vidéoconférence avec les dirigeants de l’UE au bâtiment du Conseil européen, à Bruxelles, le 23 avril 2020. (Olivier Hoslet, Pool via AP)

« Nous devons développer un vaccin, le produire et le déployer dans tous les coins du monde. Et nous devons le rendre disponible à des prix abordables », a plaidé la responsable allemande.

Mais cette initiative a été contrariée par le cavalier seul des Etats-Unis. Le président Donald Trump est en conflit ouvert avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et affiche sa volonté de voir les Etats-Unis se doter d’un vaccin pour la fin de l’année.

« Le chacun pour soi est une erreur majeure », a déploré le chef de l’Etat français Emmanuel Macron. « Nous devons coopérer et non nous faire concurrence », a renchéri le roi Abdallah II de Jordanie.

L’absence de l’administration américaine, qui a minimisé lundi une conférence « parmi tant d’autres », a suscité des regrets.

« L’Union européenne a répondu favorablement à une demande d’action globale. Les Etats-Unis ont refusé. Ce sont eux qui s’isolent », a déploré un responsable européen.

« Mais nous travaillons de manière très étroite avec des entités américaines très puissantes, comme la fondation de Bill et Melinda Gates qui ont une énorme puissance financière et beaucoup d’influence », a-t-il souligné. La Fondation Gates s’est engagée pour 125 millions d’euros.

La levée de fonds de la Commission est un premier pas. « Il faudra cinq fois ce montant » pour développer et distribuer le vaccin, a averti le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, sur un écran au ministère de l’Environnement lors de son discours au Petersberg Climate Dialogue, à Berlin, en Allemagne, le 28 avril 2020. (Michael Kappeler / Pool via AP)

Le chacun pour soi, une erreur

La première conséquence du cavalier seul américain pourrait être une accélération des rivalités dans la course au vaccin, ce que redoutent les Européens.

« Les États-Unis espèrent gagner la guerre du vaccin et sont prêts à mettre toutes leurs forces dans la bataille », souligne Isabelle Marchais dans une note lundi de l’Institut Jacques Delors.

Plus de cent projets de recherche sont actuellement menés dans le monde, dont huit sont déjà au stade des essais cliniques aux Etats-Unis, en Chine et en Europe, précise Isabelle Marchais.

« S’ils perdent la bataille, les Européens pourraient alors se retrouver en situation de faiblesse face aux Américains ou aux Chinois », met-elle en garde.

« A contrario, si un vaccin est produit par l’Europe et en Europe on peut imaginer que cette dernière sera prioritaire tout en étant en mesure de planifier une distribution dans les pays tiers », explique-t-elle.

Ce vaccin devra être « un bien public mondial », a insisté Emmanuel Macron.

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