Des dirigeants yazidis exigent du « Schindler juif » de prouver qu’il a sauvé des gens
Steve Maman affirme avoir libéré près de 130 esclaves sexuelles des mains de l’Etat islamique
Un groupe de leaders spirituels, d’hommes politiques, de militants et de travailleurs humanitaires yazidis exigent que l’homme d’affaires juif de Montréal qui prétend avoir sauvé 128 femmes et enfants chrétiens et yazidis des mains de l’État islamique (EI) en fournisse la preuve.
Steve Maman a été surnommé le « Schindler juif » pour avoir financé la libération d’enfants chrétiens et yazidis du projet irakien, qui aurait sauvé 128 femmes et enfants de l’esclavage et d’abus sexuels perpétrés par l’EI.
Dans une lettre publiée mercredi par Vice News, 20 défenseurs des Yazidis contestent les méthodes de Maman et exigent qu’il informe les dirigeants yazidis des personnes spécifiques sauvées par son groupe.
« Tous les signataires de cette lettre saluent toute assistance légitime fournie à la communauté yazidie et tout projet légitime au service de la santé et du bien-être [sic] des Yazidis recevra notre soutien », déclare la lettre.
« Toutefois, il est impératif que toute organisation prétendant mener un tel projet d’envergure, en particulier qui traite si visiblement de sujets sensibles, reconnaisse la nécessité d’un examen et soit ouverte à un contrôle des dirigeants de la communauté yazidie. »
Cependant, la lettre – dont les signataires comprennent le chef spirituel suprême des Yazidis, Babasheikh Kherto Ismael ; un membre yazidi du Parlement irakien, Vian dhakil ; et les chefs de Yazda, un groupe de défense des droits yazidis – soulève plusieurs problèmes sur les actions de Maman.
Tout d’abord, la lettre affirme que, bien que Maman se soit attribué le sauvetage de chrétiens, il n’y a aucune preuve que l’EI a abusé de femmes chrétiennes. Les signataires affirment également que lorsque le projet de Maman a affirmé avoir secouru 102 personnes il y a quelques semaines, il n’avait soulevé qu’environ 80 000 dollars – une somme qui semble incroyablement faible, selon les signataires de la lettre.
La lettre fait aussi valoir que Maman a « mis sous les feux des projecteurs un effort de sauvetage délicat et sensible qui aurait dû être maintenu dans la discrétion ».
« Nous craignons que cela soit téméraire, » dit la lettre.
Maman a affirmé à Vice News qu’il n’a pas révélé les noms des 128 personnes sauvées afin de protéger leur identité et de préserver l’intégrité de l’œuvre de son groupe. Il a affirmé que certaines personnes, recevant les noms et des informations sur les sauvés, pourraient s’attribuer les sauvetages.
Maman a ajouté à Vice News mardi que des journalistes accompagneraient les futurs voyages de sauvetage pour témoigner de l’œuvre de son groupe. Vendredi, Maman a partagé le témoignage d’un homme du nom de Sean Moore, qui a affirmé avoir « des accréditations de presse canadiennes internationales [sic] » sur Facebook.
« Je peux vous dire que M. Steve Maman est aimé ici pour le travail qu’il fait », a écrit Moore. « Le rapport de Vice n’est pas du tout exact. »
JTA n’a pas pu vérifier les accréditations de presse de Moore.
Vendredi, la campagne de Maman GoFundMe a été arrêtée, mais le projet rassemble encore des dons sur son site Internet.
Pour lire une interview de Steve Maman du Times of Israel, cliquez ici.