Des élus exigent que Gil Limon sévisse après que Netanyahu a été comparé à Hitler
Lors d'une réunion animée du cabinet, David Amsalem a dit que la procureure générale "aurait dû être renvoyée dès le premier jour du gouvernement"
Des ministres du gouvernement ont exhorté dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu à limoger la procureure générale Gali Baharav-Miara, se sont plaints amèrement de l’incitation à la haine contre le Premier ministre et ont fait valoir qu’Israël n’avait pas réagi « assez fermement » à la mort des six otages aux mains du groupe terroriste palestinien du Hamas au cours de la réunion hebdomadaire du cabinet.
Selon des fuites rapportées par des médias israéliens, le ministre des Communications Shlomo Karhi (Likud) s’est insurgé contre « l’incitation [à la haine] contre le Premier ministre et le gouvernement », dénonçant un message sur le réseau social X, depuis supprimé, d’Ilan Shiloah, fervent critique du gouvernement, qui comparait Netanyahu et le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (Otzma Yehudit) à Adolf Hitler et au chef de la SS Heinrich Himmler.
« Hitler a nommé Himmler pour commander les SS et la police et Himmler a fait le ‘travail’ pour la machine nazie », avait écrit Shiloah sur X, affirmant que des « processus similaires » étaient à l’œuvre en Israël aujourd’hui.
Après que le procureur général adjoint Gil Limon a déclaré dimanche aux ministres qu’il n’était pas au courant du tweet, Netanyahu a exprimé sa consternation, déclarant que des « centaines » de personnes l’avaient contacté à ce sujet.
Bien que Limon ait affirmé que le message ne constituait pas une infraction pénale, Ben Gvir et la ministre des Implantations et des Missions nationales, Orit Strouk (HaTzionout HaDatit), ont insisté sur le fait qu’il y avait deux poids, deux mesures. Le secrétaire du cabinet, Yossi Fuchs, a ordonné à Limon de faire le point dans la semaine sur l’ouverture ou non d’une enquête sur cette affaire, précisent les médias.
Ben Gvir a déjà été condamné pour incitation à la violence et soutien à un groupe terroriste pour avoir distribué des autocollants sur lesquels on pouvait lire « Expulser l’ennemi arabe » et « Kahane avait raison ».
La discussion de dimanche est intervenue un peu plus de deux mois après que Fuchs a projeté une compilation de séquences vidéo montrant des critiques du gouvernement se livrant à une « incitation [à la haine] contre le Premier ministre » lors d’une précédente réunion du cabinet tenue à la suite d’une tentative d’assassinat de l’ancien président américain Donald Trump.
Dans la courte vidéo diffusée par Fuchs, on pouvait entendre diverses personnes, y compris des manifestants anti-gouvernement, tourner en dérision Netanyahu en le qualifiant de « traître », de « Satan » et « d’ennemi du peuple ».
La projection a été suivie d’un débat de deux heures sur la question, au cours duquel les ministres ont pointé du doigt le système judiciaire, les forces de l’ordre et la procureure générale pour ce qu’ils ont qualifié de discours violent non contrôlé de la part de citoyens à l’encontre de Netanyahu et de sa famille.
Le Premier ministre lui-même a protesté, dans des déclarations faites lors de cette réunion, contre le fait que « les hauts responsables » des forces de l’ordre et du système judiciaire « ne disent pas un mot. Ils ne condamnent pas [l’incitation à la haine]. Ce que vous avez ici, c’est la légitimation d’un assaut contre la démocratie, et vous avez ici la normalisation du meurtre politique ».
Des ministres en Israël se sont empressés de comparer l’incitation contre Netanyahu aux menaces contre Trump, affirmant que le Premier ministre israélien pourrait lui aussi faire face à une tentative d’assassinat si le niveau actuel du discours n’est pas contrôlé.
Renvoi de la procureure générale
Lors de la réunion du cabinet de dimanche, Strouk a également demandé pourquoi le gouvernement devait écouter le récent ordre de la procureure générale Gali Baharav-Miara de réduire les subventions pour les crèches destinées aux enfants des ultra-orthodoxes étudiant en yeshiva, ce qui a provoqué une nouvelle levée de boucliers, comme le montrent les transcriptions.
« La procureure générale et Gil Limon auraient dû être limogés dès le premier jour du gouvernement, et si ce n’était pas le cas, dès le deuxième jour », a déclaré le ministre de la Coopération régionale, David Amsalem (Likud).
« S’il s’agissait d’Arabes ou de Bédouins et non de Haredim, nous savons exactement quelle serait votre position », a déclaré Ben Gvir à Limon.
« Lorsque des Arabes ou des Bédouins construisent des avant-postes illégaux dans le Néguev, ils disent qu’ils doivent être reliés à l’eau parce qu’il y a des enfants. S’il s’agit d’enfants arabes ou bédouins, c’est très bien et vous prenez leur défense, mais s’il s’agit d’enfants haredim, alors non. »
La procureure générale « veut faire tomber le gouvernement », a renchéri le ministre du Travail Yoav Ben-Tzur (Shas), qui a reçu le mois dernier une lettre de Baharav-Miara lui demandant de supprimer les subventions parce qu’il n’y avait plus de base légale pour que l’État finance des garderies pour ceux qui ne s’engagent pas dans l’armée.
Le gouvernement Netanyahu s’est fréquemment heurté à Baharav-Miara sur des questions allant de la sélection d’un président de la Cour suprême à l’enrôlement des Haredim dans l’armée.
Ces derniers mois, les ministres ont attaqué à maintes reprises le bureau de la procureure générale et ont demandé l’éviction de Baharav-Miara et de Limon. Lors d’une réunion en juin, le ministre des Affaires de la Diaspora, Amichaï Chikli (Likud), a accusé Baharav-Miara de soutenir la « violence politique institutionnalisée », tandis qu’Amsalem avait qualifié Limon « d’homme le plus dangereux du pays ».
Soutenant que le limogeage de Baharav-Miara constituerait un retour aux efforts du gouvernement pour entraver le système judiciaire, le chef de l’opposition Yaïr Lapid avait averti cet été que « l’opposition ne permettra pas que cela passe en silence ou avec des protestations polies depuis les coulisses » et « n’exclura aucune mesure ou action, des grèves de masse et une escalade de la lutte dans les rues à une démission collective de la Knesset ».
La réunion du cabinet de dimanche a également vu Ben Gvir, entre autres, presser Netanyahu sur l’absence de réponse militaire à l’assassinat de six otages israéliens à Gaza, selon les médias.
« Ben Gvir a raison. Chaque jour qui passe sans que nous réagissions signifie que nous sommes en train d’accepter l’horreur », a déclaré le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch (Likud).
« On a l’impression que nous parlons beaucoup et que nous ne réagissons pas assez fortement », a ajouté Chikli.
Les corps des six otages enlevés vivants par le Hamas le 7 octobre – Hersh Goldberg-Polin, 23 ans, Eden Yerushalmi, 24 ans, Ori Danino, 25 ans, Almog Sarusi, 25 ans, Alex Lubnov, 32 ans et Carmel Gat, 40 ans – ont été retrouvés dans un tunnel à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, au début du mois, peu de temps après avoir été exécutés à bout portant par leurs geôliers terroristes.