Des fidèles de Netanyahu cherchent à faire annuler les primaires du Likud
David Bitan dit avoir assez de signatures pour convoquer la commission centrale du Likud à un vote à bulletin secret, et ce, peu après l’annonce de la date des primaires
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
L’homme fort du Likud David Bitan a annoncé mercredi soir peu après minuit qu’il avait assez de signatures pour organiser un vote à bulletin secret pour annuler les élections primaires du parti, un revers de taille pour le député Gideon Saar, qui avait l’intention de se placer en rival du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le premier en 14 ans, et de briguer la direction du parti.
L’annonce de Bitan est survenue quelques minutes après la dissolution officielle de la Knesset, qui a donné le coup d’envoi à une troisième élection en moins d’un an, et quelques heures après que Netanyahu et le député Haim Katz, président de la commission centrale du Likud ont fixé au 26 décembre les élections primaires pour le parti.
« J’ai obtenu le nombre de signatures nécessaires pour convoquer la commission centrale (du Likud) à organiser un vote à bulletin secret pour annuler les primaires », a tweeté Bitan, un fidèle de Netanyahu.
Quelques heures plus tôt, Bitan avait déclaré à la Douzième chaîne que les prochaines élections seraient « la dernière chance de Netanyahu » pour former une coalition.
Interrogé sur la possibilité que le bloc de droite emmené par Netanyahu ne parvienne pas à remporter les 61 sièges nécessaires pour former une coalition majoritaire, Bitan a déclaré qu’il « ne veut pas rentrer là-dedans » mais estime que la troisième tentative du Premier ministre sera la bonne.
Cette démarche semble destinée à écarter Saar, qui brigue la direction du parti et à éviter un vote plus large auprès des membres du Likud.
En avril 2019, la police a recommandé que le député du Likud et ancien président de la coalition David Bitan soit inculpé pour de multiples charges dont la corruption, la fraude et le blanchiment d’argent.
Dans un communiqué, la police avait indiqué qu’une enquête de deux ans avait permis de réunir assez de preuves contre Bitan, un allié clef de Netanyahu, pour avoir accepté de l’argent en échange de services politiques alors qu’il était député, et auparavant assistant du maire de Rishon Lezion.
Bitan, âgé de 58 ans, a démissionné de son rôle de chef de la coalition en 2017 après que la police a annoncé qu’elle menait une enquête sur lui pour corruption. Il est resté à la Knesset en tant que membre du Likud.
Il est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin de son associé en affaire Moshe Yosef et de l’homme d’affaires Dror Glazer, alors que les deux étaient adjoints du maire de Rishon Lezion, la quatrième plus grande ville d’Israël, et, ensuite, comme membre de la Knesset. Les deux hommes ont témoigné contre lui.
Arnon Giladi, l’adjoint du maire de Tel Aviv, et Dov Zur,l’ancien maire de Rishon Lezion, sont aussi suspects dans une affaire de pots-de-vin qui s’est déroulé entre 2011 et 2017. L’enquête, surnommée l’Affaire 1803, a vu l’arrestation de nombreux suspects, y compris des officiels municipaux de Rishon Lezion, des hommes d’affaires locaux et des figures du crime organisé.
La police a dit que Bitan avait défendu les intérêts de l’entreprise de construction Danya Cabus en approuvant des projets immobiliers à Rishon Lezion en échange de 430 000 shekels (84 000 euros) en liquide. La somme payée à Bitan était pour s’assurer que Danya Cebus remporte bien l’appel d’offre visant à construire une station service autour de la ville, mais aussi pour l’approbation d’un autre projet de construction autour de Jérusalem sur la route 38.
Les enquêteurs de la brigade anti-corruption Lahav 443 ont déclaré qu’il avait découvert des preuves que Bitan et Giladi avaient accepté un pot-de-vin de 95 000 euros pour assurer la délivrance de permis de construire pour trois projets immobiliers à Tel Aviv. La police a précisé que l’argent du pot-de-vin avait été transféré à Bitan par l’intermédiaire de fausses factures.
Bitan a nié toute malversation.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.