Des Népalais pleurent leurs jeunes tués en Israël et leurs rêves détruits
10 étudiants en agriculture népalais sont morts le 7 octobre ; Ashish Chaudhary, 25 ans, prévoyait d'utiliser l'argent économisé en travaillant en Israël pour investir dans son pays
Dans une petite ferme du Népal, un père pleure la mort et les « rêves » détruits de son fils de 25 ans, au nombre des dix étudiants en agriculture népalais massacrés lors de l’attaque du groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Le mois dernier encore, la famille d’Ashish Chaudhary s’imaginait un avenir meilleur, grâce au programme d’études et de travail israélien (Learn and Earn) de onze mois que le jeune homme avait rejoint.
« Je pensais que ce serait bon pour lui et lui offrirait un avenir brillant », dit à l’AFP son père Bejhulal Dangaura, les larmes aux yeux, dans son village du district de Kailali dans l’ouest du pays.
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« Si j’avais eu connaissance du danger, je l’aurais empêché d’y aller. »
Ashish Chaudhary avait été affecté au kibboutz Aloumim, près de la frontière avec Gaza, en première ligne lors de l’attaque du groupe terroriste.
Au total, plus de 1 400 personnes en Israël ont été tuées par balle, à l’arme blanche ou brûlées vives lors de cette attaque, la pire de l’Histoire du pays.
Comme Ashish Chaudhary, neuf autres étudiants népalais ont été massacrés, quatre ont été blessés et un est porté disparu.
À plus de 4 500 kilomètres des lieux du drame, dans le pays himalayen à majorité hindoue, les proches désemparés sont sous le choc.
Ashish Chaudhary participait à un programme qui, comme à 3 000 compatriotes avant lui depuis 2013, lui aurait permis de gagner en un an ce qu’il pouvait espérer en une décennie dans son pays.
Il avait prévu de rentrer chez lui l’année prochaine. Son rêve était d’investir ses économies et les nouvelles compétences acquises dans l’agriculture de pointe israélienne pour lancer une entreprise dans son village natal.
« Rivière de sang »
Outre la douleur d’avoir perdu un proche, les familles qui avaient consenti de lourds sacrifices pour l’éducation de leurs enfants voient leur avenir même menacé.
Bejhulal Dangaura avait contracté des emprunts pour envoyer son fils à l’université, mettant sa maison et son petit magasin en gage.
« Il n’avait manqué de rien depuis son enfance », relève-t-il. « Sa mort est survenue au moment où il voulait gagner de l’argent et prendre soin de nous à son tour. »
« Il était heureux. Il avait beaucoup de rêves (…) Il me disait : ‘Ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout.' », raconte sa sœur, Amrita Devi Dangaura, qui fond en larmes tout en tentant de consoler ses parents.
Durga Neupane, tante d’un autre étudiant tué en Israël, Narayan Prasad Neupane, se désespère. « Nous n’avons plus ni entreprise, ni terres agricoles, ni le fils de notre famille. »
« J’ai l’impression que ce n’est pas réel », dit-elle, ajoutant qu’elle aura du mal à croire à la mort de son neveu avant de voir sa dépouille. « Il disait qu’il rentrerait chez lui et construirait une maison en béton. Aujourd’hui, même son corps n’est plus là. »
Avant l’attaque, on estimait à 4 500 environ le nombre de Népalais travaillant en Israël, dont beaucoup comme aide-soignants. Quelque 200 étudiants participaient au programme « Earn and Learn », qui leur permet d’acquérir de nouvelles compétences tout en travaillant dans des fermes en Israël.
Le Népal est très dépendant de ses travailleurs migrants, dont les transferts de fonds ont représenté près d’un quart du PIB l’année dernière, selon la Banque mondiale.
Katmandou a organisé un vol la semaine dernière pour rapatrier 254 citoyens, tandis que 200 autres attendent de rentrer.
Dhan Bahadur Chaudhary, 26 ans, blessé par l’explosion d’une grenade, fait partie de ceux qui sont revenus. Mais il ne peut oublier ce qu’il a vu : des amis abattus et d’autres se vider de leur sang.
« Je n’arrive plus à bien dormir la nuit », a-t-il dit à des journalistes à son arrivée à l’aéroport de la capitale népalaise. « Je rêve de mes amis. Je ne vois que du sang, je vois une rivière de sang. »
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