D’importants responsables israéliens étaient des espions du KGB (média)
Un dossier soviétique cite plusieurs agents hauts placés, dont des députés, des ingénieurs militaires et un général
Des dossiers du KGB qui révèleraient l’existence d’un important réseau d’espionnage soviétique en Israël, qui aurait compris des députés, des hauts-gradés et des ingénieurs de l’armée israélienne, des membres des renseignements israéliens et d’autres personnes qui travaillaient sur des projets classifiés.
Les documents top secrets du KGB qui ont été cités mercredi par le quotidien Yedioth Ahronoth détaillent l’étendue du réseau d’agents dirigés par les services secrets soviétiques.
Les documents ont été copiés pendant 20 ans par Vasili Mitrokhin, un responsable des archives du KGB qui a fui au Royaume-Uni en 1992. Ses notes éditées sur différentes opérations du KGB ont été rendues publiques en 2014 et se trouvent au Churchill College de Cambridge. Ses notes manuscrites sont toujours classifiées par le MI5, le service britannique de renseignements intérieurs.
Les notes de l’archiviste sur le KGB comprenaient certaines des informations les plus complètes disponibles sur les opérations de renseignement soviétiques. Une équipe de Yedioth a eu accès aux documents liés aux travaux du KGB en Israël et a découvert l’étendue du réseau de l’agence au sein de l’Etat juif.
L’un des objectifs principaux des Soviétiques était de pénétrer le système politique israélien. Dans les années 1950, le KGB a ciblé le Mapai, parti de gauche, et selon les dossiers, a recruté au moins trois députés. L’un de ceux-ci est cité dans le dossier par son nom de code du KGB, « Grant », qui vivait « au kibboutz Shoval, près de Beer Sheva ».
Mitrokhin a noté que l’agent était le député Elazar Granot, qui a été président du parti et membre de la commission des Affaires étrangères et de la Défense dans les années 1980. Granot aurait été recruté avant la guerre des Six Jours de 1967 par Yuri Kotov, agent du KGB, mais la connexion entre eux s’est terminée quand les Russes ont fermé leur ambassade en 1967.
Le fils de Granot, Dan, a déclaré à Yedioth qu’il se souvenait des visites nocturnes de Kotov quand il était enfant. L’agent soviétique arrivait dans une voiture diplomatique « avec une excellente vodka et de très bonnes saucisses hongroises ».
Pourtant, Dan Granot a déclaré que son père « n’avait pas accès à des informations classifiées, donc même s’il l’avait voulu, il n’aurait pas eu la possibilité d’être un espion. »
Un deuxième agent cité dans les documents de Mitrokhin portait le nom de code « Boker » et était un ingénieur important sur un projet national classifié.
Un troisième était « Jimmy », qui avait accès à des informations classifiées de l’industrie aérospatiale israélienne, et était impliqué dans la construction du malheureux avion Lavi. Un autre espion soviétique faisait partie de l’équipe responsable du tank israélien Merkava.
Mais la plus grande réussite des Soviétiques a été le recrutement d’un général de l’armée israélienne. En 1993, quand les archives sont arrivées à Londres, le MI6, le service britannique de renseignements extérieurs, a donné le nom d’un général et les informations pertinentes au Shin Bet israélien.
Un ancien du service de renseignement a déclaré à Yedioth que le Shin Bet n’avait pas révélé son nom « mais j’ai compris que c’était un choc énorme de recevoir cette information des Britanniques. Etant donné l’état de santé du général et, à mon avis, aussi à cause de la honte que cela aurait causé à l’armée israélienne et à l’Etat d’Israël, il a été décidé de ne pas agir contre lui et de ne pas le juger. »
« A ma connaissance, il est décédé peu après », a-t-il ajouté.
Yedioth a annoncé qu’il publierait davantage d’informations dans son édition de vendredi.
Le mois dernier, les archives de Mitrokhin avaient révélé que Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, était un espion soviétique à Damas dans les années 1980.