En Israël, Lammy appelle au cessez-le-feu immédiat et à la libération de tous les otages
Le diplomate britannique a réitéré son engagement en faveur de la solution à deux États ; il dénonce les implantations de Cisjordanie et s'entretiendra avec des familles d'otages
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Dans son premier déplacement en Israël depuis qu’il est devenu ministre des Affaires étrangères britannique, David Lammy a appelé de ses vœux à un cessez-le-feu immédiat à Gaza qui comprendra obligatoirement la remise en liberté de tous les otages actuellement retenus en captivité dans la bande.
« Les morts et les destructions à Gaza sont intolérables », a indiqué Lammy dans une déclaration, dimanche. « Cette guerre doit se terminer dès maintenant avec un cessez-le-feu immédiat qui devra être respecté par les deux parties. Les combats doivent s’arrêter, les otages qui sont actuellement encore cruellement détenus par les terroristes du Hamas doivent être relâchés immédiatement et l’aide humanitaire doit être autorisée à parvenir à la population de Gaza et ce, sans aucune restriction ».
Le Foreign Office britannique a indiqué que le cessez-le-feu réclamé par Lammy devait « obligatoirement inclure la remise en liberté de tous les otages ».
Un responsable britannique a par ailleurs confié au Times of Israel que Lammy avait l’intention d’émettre une recommandation : un cessez-le-feu intégral sera ainsi conditionné à la libération de tous les captifs.
En amont de ses entretiens avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le bureau du secrétaire d’État a indiqué que ce dernier allait mettre l’accent « sur son engagement en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien, ce qui est un droit indéniable du peuple palestinien, pour contribuer à la reprise d’un processus de paix qui aboutira à une solution à deux États avec un Israël vivant dans la sécurité aux côtés d’un État palestinien viable et souverain ».
Le Foreign Office a aussi ajouté que Lammy allait « dénoncer l’illégalité des implantations, qui nuisent également à la solution à deux États, lors d’une visite au sein de la communauté palestinienne ».

Il a aussi prévu d’annoncer que Londres fournirait 5,5 millions de livres, cette année, à l’organisation humanitaire et caritative britannique UK-Med pour financer ses opérations à Gaza.
Au programme du déplacement du haut-responsable britannique, une rencontre avec le président Isaac Herzog, lundi, et avec les familles d’otages actuellement retenus en captivité à Gaza qui entretiennent des liens avec le Royaume-Uni.
Le parti du Labour, auquel Lammy appartient, et l’ancien gouvernement conservateur britannique s’étaient initialement abstenus d’appeler à un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la guerre, privilégiant des formules telles que « pause humanitaire » à la place. Mais le langage utilisé par le Royaume-Uni s’est depuis durci et le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré à Netanyahu, la semaine dernière, qu’un cessez-le-feu était devenu « clairement nécessaire et urgent ».
Le positionnement adopté par le parti Travailliste sur la guerre à Gaza lui a coûté des votes lors des élections générales qui viennent d’avoir lieu au Royaume-Uni. Même si la formation historique a remporté une victoire sous forme de raz-de-marée, des candidats indépendants pro-palestiniens ont battu des candidats du Labour dans plusieurs circonscriptions comptant une forte population musulmane.
Les propos de Lammy ont été tenus au lendemain de l’annonce, par Israël, d’une frappe militaire qui aurait pris pour cible un commandant du Hamas dans la journée de samedi, dans le sud de Gaza. L’attaque aurait fait au moins 90 morts, notamment des enfants. Des sources de Tsahal ont indiqué que le bombardement avait visé un complexe du Hamas où des dizaines de terroristes étaient réunis.

De hauts-responsables du Hamas ont dit, dimanche, que les négociations portant sur un accord de cessez-le-feu – accord qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des otages – n’avaient pas été interrompues suite à l’attaque. Le groupe terroriste a aussi démenti la mort de Mohammad Deif, le chef de son aile militaire, et il a ajouté que « les fausses affirmations » d’Israël « servent uniquement à couvrir l’ampleur d’un massacre horrible ».
De leur côté, les responsables de la sécurité israéliens ont fait savoir, dimanche, que le bras droit de Deif, Rafaa Salameh, avait perdu la vie dans le cadre de cette frappe. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a, pour sa part, fait preuve de prudence, disant samedi soir qu’il n’était « pas absolument certain » que Deif ait été tué.
Deif et le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, sont considérés comme les cerveaux du pogrom du 7 octobre – en cette matinée de Shabbat, des milliers de terroristes avaient massacré près de 1 200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient enlevé 251 personnes qui avaient été prises en otage à Gaza. Ils avaient commis des atrocités et il s’étaient livrés à des violences sexuelles à grande échelle, semant la dévastation dans tout le sud d’Israël.
116 otages qui avaient été kidnappés, le 7 octobre, sont encore encore détenus par le Hamas à Gaza. L’armée israélienne a confirmé la mort de 42 d’entre eux. 105 captifs, femmes et enfants, avaient été remis en liberté pendant une trêve d’une semaine, à la fin du mois de novembre. Sept otages ont été sauvés vivants par Tsahal, et les corps de 19 otages ont également été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée.
Le groupe terroriste détiendrait aussi les corps sans vie de deux soldats qui avaient été tués en 2014 ainsi que deux civils, qui seraient vivants. Ces derniers, qui souffraient d’une maladie psychiatrique, étaient entrés de leur plein gré dans la bande en 2014 et en 2015 respectivement.