Enseignement de la Shoah : la Lituanie va-t-elle emboîter le pas à la Pologne ?
Un projet de loi lituanien "prévoit d'interdire la vente de contenus 'déformant la vérité historique' " prévient le journal Le Monde

A l’instar de la Pologne, la Lituanie se dirige-t-elle vers un encadrement strict de la manière dont son rôle durant la Shoah est décrit dans les manuels d’histoire ?
Le journal Le Monde rappelle que si « le rôle des Lituaniens dans le génocide des Juifs, nié sous l’ère soviétique, a depuis été étudié par des historiens locaux (…) le sujet reste sensible dans l’opinion ».
A tel point qu’un « projet de loi prévoit d’interdire la vente de contenus « déformant la vérité historique ». Un projet qui rappelle le récent débat en Pologne sur la loi adoptée le 31 janvier 2018, sanctionnant la mise en cause de l’état polonais ou de sa population dans les crimes de guerre des nazis, notamment au cours de la Shoah.
Une polémique qui aura atteint son acmé quand le Premier ministre Mateusz Morawiecki a accusé les victimes de la Shoah d’être responsables de leurs propres meurtres en tant « qu’auteurs juifs ».
Dans les faits, le gouvernement polonais a aussi voulu rappeler que ce que certains ont coutume d’appeler les camps de nazis polonais sont en réalité des camps de concentration nazis, que la Pologne a payé un lourd tribut à la guerre (3 millions de morts) et que son gouvernement en exil à Londres a mis en place des filières de sauvetages des juifs. Les détracteurs rappellent que si le comportement du gouvernement fut exemplaire, la population, notamment celle des campagne a prêté main forte aux soldats allemands dans la chasse et l’extermination des juifs.
En Lituanie, l’invasion nazie a causé l’extermination de 95 % à 97 % de la communauté juive comptant alors près de 210 000 âmes.
Mais les manuels d’histoire pointent du doigt la responsabilité de nombreux auxiliaires lituaniens, notamment la milice dirigée par Algirdas Klimaitis, et « la police de sécurité lituanienne ». Une parmi d’autres qui puisèrent leurs effectifs dans l’organisation fasciste des Loups de fer, et qui ne rencontrèrent pas de résistance de la part de l’administration lituanienne. Au premier janvier, 891 Lituaniens étaient reconnus Justes parmi les Nations pour leur action de sauvetage.