Erdogan annonce que la Turquie coopérera avec l’Égypte pour reconstruire Gaza
Une délégation du Hamas est attendue au Caire, un jour après la tenue de discussions avec une équipe israélienne portant sur une éventuelle libération d'otages

Le président turc Recep Tayyip Erdogan est arrivé mercredi dans la capitale égyptienne, sa première visite depuis 2012, marquant ainsi le réchauffement des relations entre les deux poids lourds de la région.
Erdogan a été accueilli à l’aéroport du Caire par son homologue égyptien Abdel Fattah el-Sissi. Les deux hommes se sont serré la main sur le tarmac à son arrivée, des images filmées et diffusées en direct.
L’Égypte a organisé des initiatives conjointes avec le Qatar et les États-Unis pour tenter de négocier une nouvelle trêve et un accord sur les otages entre Israël et le Hamas.
Une délégation israélienne s’est rendue au Caire mardi pour des discussions impliquant les États-Unis, l’Égypte et le Qatar, tandis qu’une délégation du Hamas était attendue dans la journée de mercredi.
Erdogan, qui critique ouvertement la conduite d’Israël dans sa guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à la suite de l’attaque du 7 octobre, a indiqué lundi qu’il discuterait avec Sissi des efforts à déployer pour faire cesser les combats.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que son pays était prêt à coopérer avec l’Égypte pour la reconstruction de Gaza. Il s’est engagé à porter les échanges commerciaux avec l’Égypte à 15 milliards de dollars à court terme.
Lors d’une conférence de presse conjointe à l’issue de ses entretiens avec le président Abdel Fattah el-Sissi au Caire, Erdogan a affirmé que la tragédie humanitaire à Gaza avait été au centre de leurs discussions, ajoutant que les deux pays envisageaient actuellement de coopérer dans les domaines de l’énergie et de la défense.

Cette visite marque une étape importante dans la reconstruction des relations entre les deux puissances régionales, dont les relations se sont détériorées à la suite du coup d’État militaire de 2013 en Égypte et de ses conséquences pour les Frères musulmans.
L’Égypte et la Turquie ont rompu leurs liens en 2013 après que le ministre égyptien de la Défense de l’époque, Sissi, a pris le pouvoir en renversant le président islamiste Mohamed Morsi, allié de la Turquie et membre des Frères musulmans.

À l’époque, Erdogan avait déclaré qu’il ne parlerait jamais à « quelqu’un » comme Sissi, qui est devenu en 2014, président de la nation la plus peuplée du monde arabe.
Depuis 2021, cependant, les relations se sont réchauffées et une délégation turque s’est rendue en Égypte pour discuter de la normalisation des relations.
En juillet dernier, Le Caire et Ankara ont nommé des ambassadeurs dans leurs capitales respectives pour la première fois en dix ans.

En novembre 2022, Erdogan et Sissi se sont serré la main au Qatar, un événement que la présidence égyptienne a qualifié de nouveau départ pour leurs relations. Depuis, les deux dirigeants se sont rencontrés à plusieurs reprises, notamment en Arabie saoudite en novembre et lors du sommet du G20 qui s’est tenu en Inde en septembre.
Malgré le long gel des relations diplomatiques entre les deux nations, les échanges commerciaux se sont poursuivis. Selon les chiffres de la banque centrale égyptienne, la Turquie est le cinquième partenaire commercial de l’Égypte.
Au début du mois, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a annoncé qu’un accord avait été finalisé pour fournir des drones à l’Égypte.
Si les deux puissances régionales ont souvent été en conflit, notamment lorsqu’elles ont soutenu des gouvernements rivaux en Libye, leurs intérêts sont alignés sur deux conflits majeurs : le Soudan et Gaza.
Erdogan a indiqué que ses rencontres en Égypte, ainsi qu’aux Émirats arabes unis, permettraient « d’examiner ce qui peut être fait de plus pour nos frères de Gaza ».

« Représentant la Turquie, nous poursuivons tous nos efforts pour mettre fin à l’effusion de sang », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Erdogan est devenu l’un des critiques les plus virulents du monde musulman à l’égard d’Israël et de son offensive, lancée après l’assaut meurtrier du sud d’Israël par des terroristes dirigés par le Hamas, durant lequel ils ont tué près de 1 200 personnes et pris en otage 253 personnes.
Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, affirme que plus de 28 500 personnes ont été tuées dans les combats jusqu’à présent, un chiffre qui ne peut être vérifié de manière indépendante et qui inclut quelque 10 000 terroristes du Hamas qu’Israël dit avoir tués au cours des combats. Israël affirme également avoir tué un millier d’hommes armés à l’intérieur du pays le 7 octobre.

Avant l’attentat meurtrier du 7 octobre, Istanbul servait de base aux dirigeants politiques du Hamas. Mais après la diffusion d’images montrant certains d’entre eux en train de célébrer cette attaque sans précédent, le pays, membre de l’OTAN, a demandé aux dirigeants du Hamas de quitter le territoire.
Ankara a néanmoins maintenu des contacts intermittents avec les dirigeants du Hamas, qui considèrent la Turquie comme un allié potentiel dans leurs négociations en vue d’un éventuel cessez-le-feu et d’un accord sur les otages.
En décembre, Erdogan a affirmé que le Premier ministre Benjamin Netanyahu était pire que le dirigeant nazi Adolf Hitler.
À la suite du déclenchement de la guerre, Israël a rappelé ses diplomates de Turquie en réaction aux propos d’Erdogan qui accusait Israël d’avoir commis des crimes de guerre. La Turquie a fait de même par la suite.