Face à Israël, l’Iran combine menaces et mains tendues dans la région
"L'ennemi sioniste devrait savoir qu'il approche de la fin de sa misérable vie", a proclamé vendredi le chef d'état-major du CGRI

Menaces contre Israël et intenses consultations diplomatiques pour éviter une escalade : l’Iran joue à la fois sur la tension et la détente, au moment où son ennemi juré a promis de lui faire payer son attaque du 1er octobre.
Téhéran a lancé ce jour-là quelque 200 missiles sur l’État d’Israël, disant agir en représailles à des frappes israéliennes au Liban qui ont coûté la vie fin septembre à un général iranien et au chef du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah Hassan Nasrallah.
L’Iran a aussi affirmé vouloir venger l’assassinat sur son territoire, imputé à Israël, de Ismaïl Haniyeh, alors chef du bureau politique du groupe terroriste palestinien du Hamas.
La riposte d’Israël aux frappes iraniennes sera « létale, précise et surprenante », a mis en garde le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant.
« Si vous faites une erreur et attaquez nos cibles, que ce soit dans la région ou en Iran, nous vous frapperons à nouveau douloureusement », a averti jeudi le général Hossein Salami, le chef du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé de l’Iran.
« L’ennemi sioniste [Israël] devrait savoir qu’il approche de la fin de sa misérable vie », a de son côté proclamé vendredi le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, qualifiant Israël de « tumeur cancéreuse. »

L’Iran ne reconnaît pas l’État d’Israël et fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis la Révolution islamique de 1979.
« Aventurisme »
Dans le même temps, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, est engagé dans une intense campagne diplomatique pour affermir les positions de son pays.
Il a visité en deux semaines neuf capitales et s’est entretenu mardi par téléphone avec le chef de l’ONU, Antonio Guterres.
« On ne peut pas dire que ces positions [de l’Iran] soient contradictoires », déclare à l’AFP le politologue iranien Ahmad Zeidabadi, un expert des relations internationales basé à Téhéran.
Et de souligner que le chef de la diplomatie iranienne « lui-même répète les propos des militaires », à savoir que si Israël attaque, « l’Iran donnera une réponse douloureuse. »
L’Iran est « totalement prêt pour la guerre », a notamment assuré le ministre.
La mission d’Araghchi est de « réduire l’escalade », souligne Zeidabadi, la question étant « de savoir par quel mécanisme. »

Une semaine après l’élimination de Nasrallah à Beyrouth, le chef de la diplomatie iranienne était au Liban, son premier déplacement après les frappes de son pays contre Israël.
Il s’est ensuite rendu en Syrie, qui joue un rôle stratégique pour l’approvisionnement en armes du Hezbollah en produisant ses stocks, soutenu militairement et financièrement par l’Iran.
« Créer la paix »
Ces visites début octobre « ont permis en quelque sorte de réitérer l’engagement de l’Iran à soutenir ses alliés de l’axe de la résistance [le mot fait aussi référence à l’idéologie des groupes terroristes islamistes anti-Israël] », dit depuis Berlin à l’AFP le politologue iranien Hamidreza Azizi, de l’institut spécialisé sur le Moyen-Orient Middle East Council.
Signe de ce soutien inébranlable : le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf, venu transmettre un message du guide suprême iranien, s’est mis en scène pilotant l’avion qui le menait au Liban, en dépit de frappes aériennes quotidiennes d’Israël contre ce pays.
« L’axe de la résistance » comprend notamment le Hamas, le Hezbollah libanais, les Houthis du Yémen et des milices en Irak, tous alignés sur l’Iran et en lutte contre Israël.
« Le ministre des Affaires étrangères cherche à rapprocher de toute urgence la politique de l’Iran et des pays arabes » et à « réduire l’aventurisme militaire des dirigeants israéliens », analyse de son côté le très officiel journal Iran, pour qui ces « efforts diplomatiques visent à créer la paix et à mettre fin aux crimes d’Israël ».
Dans le cadre de sa tournée, Araghchi a également fait étape en Arabie saoudite, dont les liens avec l’Iran ont connu un réchauffement spectaculaire l’an dernier, au Qatar, en Irak et dans le sultanat d’Oman, qui sert généralement d’intermédiaire pour des pourparlers indirects avec les États-Unis.
Le ministre a ensuite pris l’avion pour la Jordanie, qui entretient avec Téhéran des relations compliquées, puis l’Égypte, pour le premier déplacement dans ce pays depuis 2013 d’un chef de la diplomatie iranienne. Il était vendredi en Turquie.
« L’Iran souhaite que les pays arabes se détournent de l’axe israélien », selon Ahmad Zeidabadi, après des années de rapprochement entre Israël et plusieurs capitales régionales.
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