Hanegbi : Biden n’a pas invité Netanyahu à cause de la réforme judiciaire
Le conseiller à la Sécurité nationale prévient que les ennemis d’Israël ne devraient pas prendre les divisions internes pour de la faiblesse
Le conseiller à la Sécurité nationale, Tzahi Hanegbi, a concédé vendredi que la réforme du système judiciaire était la raison pour laquelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’avait pas été invité à la Maison Blanche par le président américain Joe Biden.
« Il est clair pour moi que s’il n’y avait pas de réforme judiciaire, Netanyahu se serait déjà rendu à la Maison Blanche », a déclaré Hanegbi à la Douzième chaîne, avant de noter que malgré l’absence d’invitation, les relations entre les deux nations restaient « extrêmement étroites ».
« Aujourd’hui, nous assistons, plus que jamais, à des relations étroites entre Israël et les États-Unis, dans le domaine du renseignement, dans le domaine opérationnel et dans le domaine de la sécurité », a déclaré Hanegbi.
« Biden envoie régulièrement de hauts fonctionnaires ici », a ajouté Hanegbi, avant qu’un analyste du plateau télévisé ne souligne que toutes les personnes en visite avaient mis en garde le gouvernement Netanyahu contre la mise en œuvre de son plan largement controversé visant à considérablement remanier le système judiciaire s’il souhaitait pouvoir continuer à prétendre partager les mêmes valeurs démocratiques.
Un fonctionnaire israélien a déclaré la semaine dernière que les discussions de fond concernant la visite de Netanyahu à la Maison Blanche, attendue depuis longtemps, n’ont pas encore eu lieu, ce qui laisse supposer que les États-Unis cherchent encore à clarifier l’avenir du projet de réforme judiciaire du gouvernement avant d’aller de l’avant.
Le mois dernier, Biden a exhorté Netanyahu à « renoncer » à son projet de loi sur la réforme du système judiciaire, se disant « très inquiet » par la santé de la démocratie israélienne et avertissant qu’Israël « ne peut pas continuer sur cette voie ».
Biden a également répondu par un « non » catégorique à la question de savoir s’il inviterait Netanyahu à la Maison Blanche, ajoutant : « Pas à court terme ».
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Le mois dernier, Netanyahu a accepté de suspendre le blitz législatif visant à réduire radicalement le pouvoir du système judiciaire afin de permettre des négociations de compromis avec l’opposition.
Ces négociations ont eu lieu à plusieurs reprises à la résidence du président Isaac Herzog au cours des dernières semaines, mais elles n’ont pas encore abouti et la coalition pourrait bien décider d’aller de l’avant avec certaines parties de la réforme le mois prochain ou en juin, après l’adoption du budget de l’État.
L’annonce faite mardi dernier par Joe Biden qu’il briguerait un nouveau mandat compliquera probablement davantage les efforts visant à programmer une visite de Netanyahu aux États-Unis, les considérations de politique intérieure jouant un rôle encore plus important dans les décisions de politique étrangère à l’approche du mois de novembre 2024.
Hanegbi a également semblé se faire l’écho des avertissements de l’establishment de la sécurité selon lesquels les plans de refonte pourraient avoir aggravé la position stratégique de la nation – de nombreux responsables ont souligné le danger que des ennemis identifient les divisions internes comme une faiblesse.
« Il y a de plus en plus d’audace et de défi dans toutes les arènes qui nous entourent, enhardis du sentiment que l’État d’Israël est en train de s’effondrer », a déclaré Hanegbi, tout en notant qu’il n’a pas été envisagé qu’une nation ennemie ne déclenche une guerre sur la base de la crise interne d’Israël.
« La division d’Israël est interprétée par nos ennemis comme une faiblesse – nous leur ferons comprendre que cette faiblesse n’existe pas », a-t-il ajouté.
« Nous estimons que la crise peut conduire à des actions qui n’avaient pas été envisagées auparavant, comme l’attentat manqué de Megiddo », a déclaré Hanegbi, faisant référence à l’attentat à la bombe de mars qui a grièvement blessé un homme et que l’on soupçonne d’avoir été perpétré par un terroriste du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah ayant franchi la frontière depuis le Liban.
Hanegbi a également déclaré que Netanyahu restait déterminé à contrecarrer une nucléarisation de l’Iran et à poursuivre les relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite, ce qui, selon lui, est dans l’intérêt à la fois de Ryad et de Jérusalem.
Le conseiller à la Sécurité nationale a déclaré que Washington avait compris l’importance de son rôle dans la région, dans un contexte où Pékin cherche à accroître son influence. « Les Américains ont vu que les Chinois ont servi de médiateurs entre l’Iran et l’Arabie saoudite, et ils comprennent que la Chine veut entrer au Moyen-Orient. »
Netanyahu a ouvertement déclaré qu’il souhaitait conclure un accord de paix avec l’Arabie saoudite, bien que ces derniers mois, depuis la formation de son gouvernement – le plus radical d’Israël à ce jour – Ryad semble avoir renforcé ses relations avec l’Autorité palestinienne (AP) tout en accueillant une délégation du groupe terroriste palestinien du Hamas et en se rapprochant de Téhéran.
Depuis la formation de son gouvernement, la coalition Netanyahu a mis en avant un projet controversé visant à remanier le système judiciaire du pays.
Les tensions ont atteint leur paroxysme lorsque Netanyahu a annoncé qu’il limogeait le ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour avoir publiquement demandé l’arrêt du processus législatif, craignant qu’elle ne constitue une menace pour la sécurité nationale. Cette annonce a déclenché des manifestations de masse spontanées, qui se sont amplifiées avec l’annonce d’une grève par les chefs d’entreprise et l’organisation syndicale de la Histadrout, et l’immobilisation des vols en partance de l’aéroport Ben Gurion.
Netanyahu a ensuite annoncé une pause temporaire dans le processus législatif, déclarant qu’il allait donner une chance aux négociations de compromis, et a ensuite déclaré que Gallant resterait à son poste.
Les opposants affirment que la réforme, qui transférera une grande partie du pouvoir judiciaire entre les mains du gouvernement, affaiblira radicalement le caractère démocratique d’Israël, supprimera un élément clé de l’équilibre des pouvoirs et laissera les minorités sans protection. Ses partisans assurent qu’il s’agit d’une réforme indispensable pour mettre un frein à l’activisme de la Cour.
Jacob Magid a contribué à cet article.