Herzog appelle les politiciens à cesser l’incitation à la haine à l’approche du vote
Préoccupé par la violence et les abus, le président a appelé les chefs de partis à modérer leur ton ; "nous devrons tous continuer à vivre ensemble", leur a-t-il rappelé

Le président Isaac Herzog a adressé jeudi une lettre aux chefs de partis, leur demandant d’éviter toute incitation à la haine à l’approche des élections législatives du 1er novembre et d’accepter les résultats, quels qu’ils soient.
Constatant une « augmentation perceptible de la violence physique et verbale dans les rues et sur les réseaux sociaux », Herzog a appelé les dirigeants politiques à « montrer l’exemple » et à s’abstenir d’utiliser une terminologie incitative pendant leurs campagnes.
« Je vous conjure de condamner avec force et de réprimander toute incitation et toute violence qui surviendraient, surtout si elles proviennent des rangs de vos partisans », a écrit Herzog.
« N’oublions pas un instant que ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise, et que le lendemain des élections, nous devrons tous continuer à vivre ensemble », a-t-il ajouté.
En juin 2021, un mois avant la prestation de serment de l’actuel gouvernement de coalition, le chef du Shin Bet de l’époque, Nadav Argaman, avait lancé un rare avertissement selon lequel la montée des incitations et des discours de haine sur les réseaux sociaux pourrait déclencher des violences politiques.
Ces dernières années, des personnalités politiques de tous bords ont été de plus en plus souvent visées par des menaces de mort, tout en s’accusant mutuellement d’utiliser un langage incitatif.
Les anciens Premiers ministres Naftali Bennett et Benjamin Netanyahu, ainsi que l’actuel Premier ministre Yair Lapid, ont tous reçu des menaces de mort l’année dernière. Dans le même temps, il est arrivé que des militants politiques soient attaqués verbalement, ou même physiquement, dans la rue.

Les politiciens de droite, dont Netanyahu, sont depuis longtemps accusés d’être impliqués dans l’incitation à la violence qui a conduit à l’assassinat du leader Yitzhak Rabin, en 1995.
Rabin a été assassiné le 4 novembre 1995 par Yigal Amir, un Juif extrémiste, qui était opposé aux accords d’Oslo et à la remise du contrôle de certaines parties de la Cisjordanie aux Palestiniens dans le cadre de cet accord de paix historique.
Dans les semaines qui ont précédé l’assassinat, Netanyahu, alors chef de l’opposition, et d’autres membres importants du Likud ont assisté à un rassemblement politique de droite à Jérusalem, où des manifestants avaient qualifié Rabin de « traître », « assassin » et « nazi » pour avoir signé un accord de paix avec les Palestiniens plus tôt dans l’année.
Netanyahu a régulièrement réfuté les allégations selon lesquelles il aurait ignoré la rhétorique incendiaire qui a incité au meurtre de Rabin et a décrit ces accusations comme un « assassinat politique ».
Herzog a notamment exhorté les politiciens à « tenir compte de la douleur des familles endeuillées » et à ne pas utiliser leurs proches assassinés comme « outils de propagande », alors que la campagne électorale se déroule sur fond de vague de violence en Cisjordanie.
Enfin, le président a exhorté les chefs de parti à faire en sorte que leurs partisans aient confiance dans le processus démocratique et à respecter les résultats de l’élection « quels qu’ils soient », et a appelé tous les citoyens à participer au vote.
L’appel d’Herzog semblait être un plaidoyer pour que le scénario américain, où le refus infondé de l’ancien président Donald Trump d’accepter les résultats de l’élection avait porté atteinte au système politique américain.
Dans moins de deux semaines, les Israéliens se rendront aux urnes pour la cinquième fois depuis 2019.