Jean-Marie Le Pen antisémite? Contrairement à Bardella, une députée RN « pense qu’il l’était »
Marine Le Pen avait rappelé qu'elle avait exclu son père de son parti en après qu'il avait réitéré ses propos sur la Shoah sur "des sujets sur lesquels on ne peut laisser naître aucune ambiguïté"
Une députée Rassemblement national du Loiret, Mathilde Paris, a estimé mercredi « à titre personnel » penser que Jean-Marie Le Pen « était » antisémite, à rebours des propos tenus dimanche par le président du parti, Jordan Bardella.
« Jean-Marie Le Pen, il était antisémite ou pas? », ont demandé à plusieurs reprises les journalistes de BFMTV à Mme Paris.
« J’ai mon avis sur la question », finit par répondre la députée. Invitée à préciser sa pensée, au terme d’un long silence, elle lâche: « Moi, à titre personnel, je pense qu’il l’était, voilà ».
Quelques minutes plus tôt, Mathilde Paris avait pourtant affirmé « Non, il n’était pas antisémite, mais il a eu une ambiguïté », à propos du fondateur du Front national, condamné à plusieurs reprises pour avoir comparé la Shoah à « un détail » de l’Histoire.
Mme Paris, 38 ans, a également indiqué avoir « défilé quand (elle) était lycéenne contre Jean-Marie Le Pen lorsqu’il est arrivé au deuxième tour de l’élection présidentielle » en 2002.
C’est la première fois qu’une élue du Rassemblement national prend publiquement une position contraire à celle de Jordan Bardella tenue dimanche : « Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite », avait lancé le patron du RN.
Depuis, les responsables du RN interrogés bottent en touche, le député Laurent Jacobelli s’agaçant par exemple mercredi qu’on veuille « faire de l’archéologie ».
Mercredi matin, Marine Le Pen avait rappelé sur RTL qu’elle avait exclu son père de son parti en 2015 après qu’il avait réitéré ses propos sur la Shoah, considérant « qu’il y a des sujets sur lesquels on ne peut laisser naître aucune ambiguïté ».
Dans un entretien au JDD mercredi après-midi, Jordan Bardella a affirmé « reconnaître les condamnations de Jean-Marie Le Pen par la justice », « un fait qu’on ne peut pas, par définition, réfuter », sans revenir pour autant sur ses propos initiaux.
Quelques heures plus tôt, Emmanuel Macron s’en était pris sans le citer au RN, qui « prétend soutenir nos compatriotes de confession juive en confondant le rejet des musulmans et le soutien des juifs » et « refuse de condamner clairement (ses) positions passées et tous les mots définitifs d’hier ».