La Banque d’Israël prendra des mesures en 2021 pour freiner la hausse du shekel
La Banque centrale a annoncé des achats de devises pour prouver au marché son engagement à garder le contrôle de l'appréciation du shekel
La commission monétaire de la Banque d’Israël a déclaré jeudi prévoir l’achat de 30 milliards de dollars sur le marché des changes en 2021 dans le but d’endiguer l’appréciation du shekel.
« L’annonce préalable de la portée des achats vise à fournir au marché des certitudes quant à l’engagement de la Banque à faire face à la récente forte appréciation [du shekel], et ainsi soutenir la continuité de la gestion des ramifications économiques de la crise de la COVID-19 », a déclaré la Banque centrale dans un communiqué.
À la suite de cette déclaration, la devise s’est affaiblie du taux représentatif de 3,1160 NIS pour un dollar avant l’annonce à 3,1900 NIS pour un dollar après l’annonce.
Ces derniers mois, les flux de devises étrangères dans l’économie israélienne se sont intensifiés, dans le contexte de la croissance de l’excédent du compte courant, des investissements directs, des ventes de devises à grande échelle par les investisseurs institutionnels par rapport à leurs bénéfices d’investissement sur les marchés de capitaux à l’étranger, et d’une augmentation des investissements d’investisseurs non-résidents en obligations d’État israéliennes.
Ces facteurs ont contribué à une appréciation significative du shekel, qui a également été affecté par l’affaiblissement du dollar dans le monde par rapport à de nombreuses autres devises, indique le communiqué. Le shekel a progressé de 7,5 % par rapport au dollar en 2020 et s’échangeait jeudi à son taux le plus haut contre le dollar depuis 24 ans.
Dans ce contexte, et pour atténuer l’effet négatif de l’appréciation du shekel sur l’activité économique israélienne pendant la crise du coronavirus, la Banque d’Israël a augmenté son champ d’intervention sur le marché des changes et a acheté en 2020 un total d’environ 21 milliards de dollars.
Amir Yaron a également déclaré à plusieurs reprises que la Banque centrale continuerait d’intervenir sur le marché en 2021, toujours dans le but d’endiguer la hausse du shekel, qui pourrait entraver la reprise économique alors que les entreprises luttent contre l’impact des confinements dûs au coronavirus.
« Pour soutenir la réalisation des objectifs de la Banque d’Israël et la reprise de l’économie après la crise du coronavirus, et en particulier pour soutenir l’emploi dans les industries d’exportation et les industries de substitution des importations, une intervention continue sur le marché des changes à grande échelle sera nécessaire en 2021 », a déclaré la Commission monétaire.
Après une série de discussions ces derniers jours, et pour renforcer la certitude quant à l’intervention de la Banque d’Israël sur le marché des changes dans l’année à venir, la Commission monétaire a décidé de modifier sa politique de marché des changes et de signaler à l’avance au marché sa détermination à freiner la hausse du shekel en annonçant l’échelle à laquelle il prévoyait d’intervenir sur le marché, indique le communiqué.
Le montant de 30 millions de dollars « est nettement plus élevé » que l’intervention de la banque dans le passé, selon le communiqué.
« Les achats se poursuivront tant qu’ils n’entraîneront pas de dépréciation », ce qui est conforme aux objectifs de stabilité des prix et d’équilibre financier de la Banque, précise le communiqué.
Vers la fin de l’année 2021, la banque annoncera sa politique d’intervention pour 2022, indique le communiqué.
L’annonce de la Banque d’Israël illustre le fait qu’« elle continue d’être un acteur très important sur le marché des changes », et l’annonce même de son intention d’acheter des dollars, sans qu’aucun achat n’ait encore été effectué, « a poussé le dollar jusqu’à présent à une augmentation de plus de 8 agourot », a déclaré Itai Yosha, responsable du bureau des options étrangères de la Bank Hapoalim Ltd.
Suite à l’achat effectif des 30 milliards de dollars en devises étrangères, « d’ici la fin de l’année, le total des réserves de change de la Banque d’Israël dépassera le seuil de 200 milliards de dollars et représentera désormais plus de la moitié du PIB d’Israël », a déclaré Yosha.