La Cour suprême approuve la candidature de la députée de la Liste arabe unie
Pour la Haute-cour, si les posts partagés par Heba Yazbak semblant saluer les terroristes, étaient inappropriés, il n'y a pas assez de preuves pour justifier une disqualification
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La Haute-cour de justice a maintenu, dimanche, la candidature de la députée Heba Yazbak, membre de la ligne dure de la Liste arabe unie, renversant en cela une décision prise au mois de janvier par la Commission centrale électorale lui interdisant de se présenter aux élections du 2 mars en raison de son soutien présumé au terrorisme.
Les efforts livrés pour écarter Yazbak, membre du parti nationaliste Balad au sein de la Liste arabe unie, des rangs de la Knesset s’étaient basés sur deux posts parus sur Facebook : Un qu’elle avait partagé en 2015 et qui faisait l’éloge du terroriste Samir Kuntar, un homme qui avait pris part, en 1979, au meurtre brutal des membres d’une famille israélienne dans la ville de Nahariya, au nord du pays ; et un autre qui saluait le terme de la peine de prison de neuf ans d’Amir Makhoul, qui avait plaidé coupable dans une affaire de transmission d’informations sensibles au groupe terroriste libanais du Hezbollah.
Elle avait également été critiquée pour des déclarations qu’elle avait faites et qui, selon certains, approuvaient tacitement les violences commises à l’encontre des soldats israéliens.
Le Likud avait clamé dans la plainte réclamant la disqualification de la candidature de Yazbak que la législatrice « a systématiquement et pendant des années apporté son soutien aux terroristes et aux espions ayant commis des crimes horribles contre l’Etat d’Israël et ses résidents ».
La loi électorale israélienne interdit à tout individu soutenant ouvertement le conflit armé contre l’Etat juif ou incitant au racisme de se présenter au Parlement.
Dans un jugement rendu à cinq voix contre quatre, la haute instance judiciaire a estimé que si les posts partagés par Yazbak étaient inappropriés, il n’y avait pas suffisamment, par ailleurs, de déclarations justifiant une mise à l’écart. De plus, la Cour a estimé qu’une période significative s’était déroulée depuis la publication la plus controversée de Yazbak.
La présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, a figuré parmi les magistrats ayant appuyé l’idée de l’interdiction de la candidature de la législatrice.
« Il n’y a pas eu un nombre suffisamment critique de preuves claires, sans ambiguïté et convaincantes pour justifier le rejet [de sa candidature], ont écrit les juges majoritaires, se plaçant sur la même ligne que l’avis juridique qui avait été rédigé au même sujet au mois de janvier par le procureur-général Avichai Mandelblit, qui avait lui aussi établi que Yazbak devait être autorisée à se présenter malgré certaines déclarations « très graves et répugnantes ».
La Cour a déterminé qu’aucune preuve ne venait soutenir l’idée que les posts étaient une caractéristique essentielle des activités politiques de la députée ou qu’elle-même aspirait à commettre des violences lorsqu’elle saluait les attentats terroristes.
La décision prise par la Haute-cour a entraîné de nombreuses réactions de colère parmi les députés de droite.
« Heba Yazbak et ses amis devraient siéger au parlement de Ramallah, pas à la Knesset », a déclaré le chef d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman. « Le fait que la cour ait réfuté la décision de la commission centrale électorale en autorisant Yazbak à se présenter au cours du prochain scrutin est une remise de prix aux soutiens du terrorisme », a-t-il continué.
La formation nationaliste-religieuse Yamina, pour sa part, a indiqué dans un communiqué que « les juges de la Cour suprême ont prouvé une fois encore ce soir que cela fait longtemps maintenant qu’ils ne se préoccupent plus de rendre la justice, mais bien de poursuivre un agenda et une politique gauchistes ».
« L’autorisation de se porter candidate qui a été octroyée à Yazbak, une femme qui a soutenu des assassins et qui n’a jamais présenté ses excuses pour cela, qui n’est jamais revenue sur son positionnement, montre que la Haute cour est tombée bien bas – et c’est également le cas de la confiance placée par le public dans cette institution », a ajouté le parti.
Le leader du parti centriste Kakhol lavan, Benny Gantz, a expliqué penser que « les déclarations faites par Heba Yazback en soutien aux terroristes auraient dû entraîner sa mise à l’écart ». Il a néanmoins ajouté que « nous respecterons le jugement de la cour ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a utilisé le jugement pour attaquer Gantz.
« A partir de ce jour, Benny Gantz devra compter sur le soutien de Heba Yazbak qui fait l’éloge des terroristes parce que sans la Liste arabe unie, Gantz n’a aucun moyen de former un gouvernement », a-t-il dit.
La députée de Kakhol lavan Orna Barbivai a estimé que si la décision était une victoire pour Yazbak, elle était une défaite pour la Liste arabe unie.
« 20 % des citoyens du pays », a-t-elle dit en se référant aux Arabes israéliens, « se demanderont si une représentante qui a soutenu des assassins abominables sera en mesure de porter leurs besoins devant la Knesset et s’ils peuvent apporter leur vote à la Liste arabe unie ».
Plus à gauche, les législateurs ont appuyé la décision prise par le tribunal.
La députée Tamar Zandberg de l’alliance Travailliste-Gesher-Meretz a déclaré que ce jugement « émane de considérations juridiques et non-politiques ».
« J’appelle les législateurs de droite à accepter le verdict et, pour changer, de ne pas continuer leurs incitations à l’encontre des Arabes et des tribunaux », a-t-elle clamé.
Yazbak a fait savoir dans un communiqué que le jugement apportait la preuve que les « plaintes déposées pour ma mise à l’écart ont intégré une campagne d’incitations à mon encontre et à l’encontre de toute la société arabe et de ses représentants ».
« Nous continuerons à oeuvrer à mettre un terme à l’occupation, à lever le siège, pour une paix juste, pour l’égalité et pour la justice », a-t-elle poursuivi.
Le mois dernier, la commission centrale électorale avait voté la disqualification de la candidature de Yazbak à 27 voix « pour » contre 7 voix « contre » – mais les décisions prises par ces représentants des factions politiques de la Knesset sortante peuvent faire l’objet d’un appel devant la Haute-cour.
S’exprimant devant la commission, Yazbak avait qualifié ces affirmations « d’absurdes » et a déclaré que les attaques portées contre elle « sont motivées par le racisme ».
« Je n’ai jamais appelé à la violence. Je n’ai pas non plus salué le recours à la violence », avait-elle dit, en référence aux posts Facebook qu’elle avait partagés. « Lutter contre la violence, c’est la seule chose relative à la violence que j’ai pu faire au cours de toute ma vie ».
Lors d’un récent entretien accordé à la Treizième chaîne, elle avait expliqué que « le droit international permet aux peuples sous occupation de passer à l’action pour se libérer ».
Alors que le journaliste lui demandait avec insistance si elle considérait que les attaques contre les soldats représentaient des actions légitimes de résistance, elle avait lancé une objection en disant que « ce qui n’est pas légitime, c’est la perpétuation de l’occupation ».
Quasiment la totalité des députés juifs du Parlement israélien s’étaient unis dans cette initiative de mise à l’écart de Yazbak lors du scrutin, y compris Kakhol lavan et certains membres de l’alliance Travailliste-Gesher-Meretz de gauche.
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