La famille d’une femme abattue à Jérusalem-Est accuse la police des frontières
Selon l’époux de Zahiya Joudeh, 66 ans, originaire du camp de Shuafat, qui jure de ne rien lâcher jusqu'à ce que justice soit faite, elle a été tuée sur son toit ; la police des frontières enquête

Une Palestinienne de Jérusalem-Est a été abattue mardi soir sur le toit de sa maison. Selon sa famille, elle a été tuée par la police des frontières, qui a promis d’enquêter sur ces faits.
Zahiya Joudeh, âgée de 66 ans et originaire du camp de réfugiés de Shuafat, a été tuée alors que les forces de la police des frontières menaient une opération dans ce camp. La police des frontières n’a pas confirmé avoir tiré sur la défunte, déclarant au Times of Israel que « l’incident fait l’objet d’une enquête menée par les autorités compétentes ».
Le Département des enquêtes internes de la police (DIPI) a déclaré au Times of Israel avoir arrêté un officier de l’unité antiterroriste Yamam de la police des frontières pour l’interroger sur son implication présumée dans cette fusillade. Il a été relâché le jour même en s’engageant à ne pas divulguer les détails de son interrogatoire, a indiqué le porte-parole.
Le camp de réfugiés de Shuafat se trouve dans les limites municipales de Jérusalem, et ses habitants ont soit le statut de résident permanent, soit la citoyenneté israélienne. Il est cependant isolé du reste de la capitale par un poste de contrôle et est principalement surveillé par la police des frontières plutôt que par les forces de police israéliennes habituelles.
Selon sa famille, Zahiya a été abattue alors qu’elle se trouvait sur le toit de la maison, au deuxième étage, vers 23 h 30. Kaid Joudeh, son mari, a déclaré au Times of Israel que son épouse « souffrait d’hypertension. Elle montait toujours sur le toit la nuit pour prendre l’air. »
Selon la police des frontières, ses agents ont été attaqués par des jets de pierres, et un policier a été blessé, ce qui a poussé l’unité à ouvrir le feu sur ce qu’elle a qualifié « d’émeutiers » alors qu’elle intervenait dans le camp mardi soir.

Kaid a raconté qu’il dormait lorsque la fusillade a éclaté et qu’il avait été réveillé par les cris des autres membres de sa famille qui avaient entendu les coups de feu.
Il a qualifié la scène où gisait le corps de de sa femme d’horrible en raison de la blessure à la tête infligée par la balle. D’après les témoignages des voisins, un agent de la police des frontières aurait tiré une seule balle sur Zahiya alors qu’elle se tenait debout sur le toit, à une distance d’environ 25 mètres.
Zahiya a été transportée dans un dispensaire local du camp de réfugiés de Shuafat, où son décès a été prononcé. Son corps a ensuite été transféré au checkpoint de Shuafat, puis emmené par la police à l’Institut médico-légal d’Abu Kabir, afin de procéder à une enquête plus approfondie sur les causes du décès.
Selon la famille, des dizaines de policiers sont arrivés à leur domicile vers 3 h 30 du matin pour enquêter sur la fusillade.
« Des agents et des commandants sont arrivés, une cinquantaine au total, de la police des frontières et de la police régulière », a expliqué Kaid.
« Ils ont dit qu’ils venaient enquêter sur la situation. Ils sont montés sur le toit, ont pris des photos, ont photographié les escaliers et ont inspecté le quartier. Elle se trouvait à 25 mètres d’eux. Il n’y avait aucune menace pour la vie des [agents]. »
« Le commandant de l’unité était également présent. Les habitants du quartier ont vu l’un de ses hommes [un agent de la police des frontières] tirer sur ma femme », a-t-il ajouté.
Il a précisé que la balle était restée logée dans la tête de son épouse et que la douille avait été retrouvée dans la rue en contrebas et récupérée par la famille.
« J’ai dit à la police : ‘Nous sommes des gens bien, la famille Joudeh. Je ne fais pas de distinction entre le sang arabe et le sang juif. Mais celui qui a tiré sur ma femme doit être puni’ », a poursuivi Kaid.
« Cet agent de la police des frontières devrait rester chez lui jusqu’à la fin de l’enquête. Je le poursuivrai en justice partout, je ne laisserai pas passer cela, pas tant que je vivrai. Cet homme a détruit ma vie en une seconde. »
Un proche de Zahiya, qui a souhaité garder l’anonymat, a déclaré au Times of Israel : « Nous sommes en Israël, et la loi doit être respectée. Nous ne sommes pas à Gaza ou en Cisjordanie. Les citoyens doivent être protégés. »
« Elle était mère de sept enfants et avait près de 50 petits-enfants. Mes filles pleurent. C’était une femme bonne, pourquoi ? Où était la justice ? Puis-je simplement prendre une arme et tirer sur quelqu’un ? Pourquoi un soldat en uniforme aurait-il tiré sur une femme qui a l’âge de sa grand-mère ? ! », a ajouté Kaid.

Peu après les faits, vers 2 heures du matin, la police a publié un communiqué :
« La police israélienne a ouvert une enquête sur les circonstances de la mort d’une habitante de Jérusalem-Est qui est arrivée au poste de contrôle du camp de réfugiés de Shuafat avec de graves blessures pénétrantes. Son décès a été prononcé par le personnel soignant. Dès réception du signalement, les agents du commissariat de Shuafat ont ouvert une enquête. »
Quelques heures plus tard, la police des frontières a publié un communiqué supplémentaire, qui ne mentionnait pas la mort de Zahiya : « Au cours d’une opération menée hier soir par des agents infiltrés et des membres de la police des frontières dans le camp de réfugiés de Shuafat, ceux-ci ont été attaqués lors d’une violente émeute au cours de laquelle des pierres ont été lancées. Un agent a été blessé à la tête par un projectile et a été évacué pour recevoir des soins. En réponse, les forces de l’ordre, qui se sont senties menacées, ont ouvert le feu sur les émeutiers. L’incident fait actuellement l’objet d’une enquête menée par les autorités compétentes. »