La rhétorique anti-AP signale que Netanyahu est en « mode campagne »- Officiels US
Révélant une frustration croissante à l'égard du Premier ministre, les responsables notent qu'il est le seul ministre du cabinet de guerre à exprimer son aversion à l'égard d'un retour d'Abbas à Gaza
L’administration Biden est de plus en plus convaincue que le Premier ministre Benjamin Netanyahu est entré en « mode campagne » alors qu’il durcit sa rhétorique à l’égard de l’Autorité palestinienne, ont confié deux officiels américains au Times of Israel.
« Ce n’est pas une approche de gouvernement au sens large. C’est principalement celle du Premier ministre, ce qui dit beaucoup de choses », dit l’un des responsables, sous couvert d’anonymat, dans le cadre d’un entretien avec le Times of Israel, ce week-end.
Cette attribution discrète des motivations de Netanyahu à des intérêts politiques plutôt qu’à des intérêts sécuritaires semble révéler la frustration croissante ressentie, à Washington, face au Premier ministre.
Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !
Pendant environ un mois, après l’attaque terroriste qui a été commise en Israël en date du 7 octobre, Netanyahu a pris grand soin de ne pas mentionner l’Autorité palestinienne dans ses propos publics, préférant se focaliser les deux objectifs principaux de la guerre : l’éradication du Hamas et le retour des otages de Gaza.
Des objectifs que les États-Unis soutiennent – tout en poussant Israël à commencer à réfléchir à qui prendra le pouvoir, dans la bande, au lendemain de la guerre et en établissant avec clarté qu’eux-mêmes accordent leur préférence à l’AP – la plus apte, selon les Américains, à remplir ce rôle. Une seule instance de gouvernance pour la Cisjordanie et pour Gaza permettrait de mieux positionner les Palestiniens dans des négociations en vue d’une solution à deux États, a expliqué Washington.
« Il doit y avoir une Autorité palestinienne. Il doit y avoir l’ouverture d’une voie vers un État palestinien », a ainsi déclaré le président Joe Biden, le 15 octobre.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a ensuite établi clairement que l’Autorité palestinienne, à court de liquidités et impopulaire auprès des Palestiniens, devait être d’abord « redynamisée » avant de retourner à Gaza, ou que des forces arabes seraient nécessaires pour prendre en charge la sécurité au sein de l’enclave côtière dans l’intervalle.
Une idée de présence arabe que Netanyahu a rejetée avec force, le 10 novembre, disant à un groupe de maires de communautés du sud du pays que « Israël ne confiera pas Gaza à des forces internationales ».
Le lendemain, il s’en est pris à l’Autorité palestinienne pour la toute première fois : « Je vais vous dire ce qu’il n’y aura pas… Il n’y aura pas d’autorité civile qui éduque ses enfants à haïr Israël, à tuer des Israéliens, à éliminer l’État d’Israël ».
« Il ne peut pas y avoir d’autorité qui rémunère les familles des meurtriers avec des montants définis sur la base du nombre de personnes qu’ils ont assassinées. Il ne peut pas y avoir d’autorité dont le leader n’a toujours pas condamné le massacre terrible du 7 octobre, un mois après les faits », a ajouté le Premier ministre, faisant référence au président de l’AP, Mahmoud Abbas.
Netanyahu a répété ses attaques à l’encontre de Ramallah dans les semaines qui ont suivi – mais un officiel israélien a pris soin de souligner que le Premier ministre n’avait pas explicitement écarté la possibilité d’un retour de l’AP au sein de l’enclave côtière et qu’il avait simplement insisté sur la nécessité de procéder en son sein à des « réformes significatives ».
Le Conseiller à la sécurité nationale adjoint, Jon Finer, a tenté de s’attacher à cette logique, déclarant, la semaine dernière, devant les membres du Forum de sécurité d’Aspen que Netanyahu faisait en réalité référence à l’Autorité palestinienne « très exactement telle qu’elle est constituée actuellement ».
Mais le Premier ministre ne laisse pourtant que peu de place à l’interprétation, écrivant sur Twitter, le 6 décembre, que tant qu’il serait Premier ministre, « l’Autorité palestinienne ne prendra pas le contrôle à Gaza » et ajoutant, deux jours plus tard, que l’AP « n’est pas la solution ».
De tels propos ont également fuité auprès des médias israéliens, au début du mois – ce qui a renforcé la conviction, à Washington, que Netanyahu était « en mode de campagne », dit l’un des responsables américains.
Le deuxième dit partager le même point de vue, notant que Netanyahu a été le seul ministre du cabinet de guerre israélien à ouvertement s’en prendre à l’Autorité palestinienne.
Le Premier ministre a par ailleurs utilisé cet argumentaire pour justifier ce qui est à la base de son troisième objectif dans la guerre contre le Hamas : Garantir que Gaza ne représentera plus une menace à l’égard de l’État juif.
Mais le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre du cabinet de guerre n’ont pas, en ce qui les concerne, revendiqué ce troisième objectif. Ils s’en tiennent, jusqu’à présent, aux deux buts originaux de la campagne militaire à Gaza – le démantèlement du Hamas et la remise en liberté des otages – pendant les conférences de presse organisées aux côtés du Premier ministre qui, lui, insiste sur le fait qu’il y a bien trois objectifs à atteindre.
En réponse aux critiques de ses homologues américains, un responsable du parti du Likud de Netanyahu a affirmé que l’administration Biden était, elle aussi, sous l’influence d’une campagne électorale à la présidence qui pointe à l’horizon.
En Israël, toutefois, aucun scrutin n’est prévu, même si les analystes misent sur un retour aux urnes des Israéliens en 2024 dans un contexte d’insatisfaction profonde face au gouvernement de Netanyahu.
L’officiel israélien a affirmé que les élections à la Maison Blanche de 2024 ont amené Washington à redoubler ses messages publics s’agissant de protéger les civils à Gaza – des messages qui auraient été plus nuancés en privé, dans la mesure où les États-Unis savent que l’armée israélienne fait tout son possible pour éviter de porter atteinte aux non-combattants.
Et alors que les critiques publiques de l’AP ont été proférées par Netanyahu et par ses ministres d’extrême-droite, l’opposition à Ramallah est en réalité bien plus large, a continué le responsable israélien qui a évoqué les propos tenus pendant une réunion du cabinet, dimanche soir, où les ministres ont résisté aux pressions exercées par les Américains qui somment Jérusalem de transférer les revenus fiscaux collectés par le pays pour le compte de Ramallah et de laisser les travailleurs palestiniens de Cisjordanie revenir au sein de l’État juif.
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel
- Israël et Ses Voisins
- Etats-Unis
- Relations États-Unis-Israël
- Administration Biden
- Gouvernement israélien
- Benjamin Netanyahu
- Premier ministre israélien
- Autorité palestinienne
- Relations Israël-Autorité palestinienne
- Bande de Gaza
- Hamas
- Relations Israël-Hamas
- Opération Épées de fer
- Mahmoud Abbas
- Joe Biden
- Antony Blinken