L’ADL constate une prolifération des caricatures antisémites au Moyen-Orient
Les illustrations publiées par la presse arabophone depuis le 7 octobre s'inspirent des théories du complot afin de diffamer la guerre en cours à Gaza visant à éradiquer le Hamas
Les caricaturistes politiques de la presse arabophone ont considérablement augmenté leur utilisation de tropes antisémites et de théories du complot à la suite de l’assaut sanglant du groupe terroriste palestinien du Hamas sur Israël le 7 octobre et de la guerre qui s’en est suivie à Gaza, a indiqué l’Anti-Defamation League (ADL) dans un rapport publié jeudi.
Le rapport, intitulé « Antisemitism in Arab Cartoons During the Israel-Hamas War » (« L’antisémitisme dans les dessins arabes pendant la guerre entre Israël et le Hamas »), détaille de nombreux exemples de tropes antisémites publiés dans des journaux et sur des sites web du Moyen-Orient et de langue arabe depuis le début de la guerre.
Les caricatures sont apparues dans des publications palestiniennes ainsi que dans des publications du Bahreïn, de l’Égypte, de la Jordanie, du Koweït, de la Libye, du Maroc, d’Oman, du Qatar et de l’Arabie saoudite. Ces caricatures ont également été publiées dans des organes de presse de langue arabe basés au Royaume-Uni, précise l’ADL.
Selon l’organisation juive américaine, les caricatures publiées par les organes de presse comprenaient des références aux Juifs contrôlant la politique américaine et les médias occidentaux, avec de nombreux dessins représentant l’étoile de David juive collée sur la Statue de la Liberté, ce qui laisserait entendre qu’Israël contrôle les États-Unis.
L’une des caricatures, intitulée « Le mensonge des médias sionistes », représente un Juif vêtu d’un habit religieux traditionnel, mais avec un micro à la place du nez, s’inspirant ainsi des caricatures antisémites de l’époque nazie représentant des Juifs avec un gros nez.
Une grande partie des caricatures établissent des comparaisons entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et Adolf Hitler ou entre la bande de Gaza et les camps de la mort nazis. Plusieurs de ces dessins représentent des symboles religieux juifs utilisés comme des armes, comme l’illustration d’une menorah avec des barils de TNT en guise de bougies.
Les caricatures comportaient également des « références fréquentes » à l’accusation de meurtre rituel un vieux mensonge antisémite selon lequel les Juifs utilisent le sang d’enfants chrétiens dans des rituels a été utilisé pour justifier la torture, l’emprisonnement et le meurtre de Juifs pendant des siècles, jouant même un rôle dans la propagande nazie, avant d’être adopté par QAnon, une mouvance conspirationniste d’extrême-droite aux Etats-Unis.
Plusieurs illustrations montrent Netanyahu en train de boire du sang ou de manger des os, et dans l’une d’elles, publiée en Libye, lui est attribué le titre de « Boucher de Gaza ».
En outre, l’ADL constate qu’Israël est « déshumanisé et diabolisé de manière répétée en tant que tueur bestial de civils », puisque dans plusieurs caricatures, Israël est dépeint comme un rat, un serpent, un crocodile, un requin, une chenille et un loup.
De nombreuses illustrations dépeignent également Israël comme « la Faucheuse » ou comme « Satan ».
« L’antisémitisme que nous constatons dans ces caricatures politiques de toute la région est complètement déséquilibré et absurde », a affirmé le directeur-général de l’ADL, Jonathan Greenblatt.
« C’est comme si les dessinateurs essayaient de se surpasser les uns les autres en matière d’offense pure et simple. Et il n’y a strictement aucune prise de responsabilité dans ces pays, dont les dirigeants ignorent délibérément ou encouragent implicitement, par leur silence, ces représentations haineuses. Depuis le 7 octobre, nous savons jusqu’où peut mener ce niveau élevé d’incitation à l’antisémitisme dans la rue arabe. »
L’ADL a ajouté qu’elle transmettrait des copies du rapport aux membres du Congrès américain, à l’administration du président Joe Biden et aux fonctionnaires du Département d’État.
« L’ADL suit les caricatures antisémites dans la presse arabe depuis plus de vingt ans et, bien que nous ayons soulevé la question à maintes reprises avec les dirigeants de bon nombre de ces pays, il y a eu très peu de progrès dans la résolution du problème », a affirmé Marina Rosenberg, première vice-présidente de l’ADL chargée des affaires internationales.
« Il est tout à fait possible de critiquer légitimement les politiques et les actions du gouvernement israélien sans avoir recours aux stéréotypes antisémites classiques. »
L’antisémitisme a fortement augmenté dans le monde entier depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, au cours desquels 1 200 personnes ont été assassinées et plus de 240 autres enlevées à Gaza, et depuis la guerre qu’Israël a menée contre le groupe terroriste palestinien.
Le 12 décembre, l’ADL avait indiqué avoir recensé 2 031 incidents entre le 7 octobre et le 7 décembre, soit le chiffre le plus élevé jamais atteint sur deux mois depuis que l’ADL a commencé à documenter l’antisémitisme dans le pays en 1979. Cela représente également une augmentation de 337 % par rapport à la même période en 2022.
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