L’ambassade d’Israël critique des propos de Sánchez ; le chargé d’affaires israélien convoqué
Le Premier ministre espagnol a déploré "la situation catastrophique de génocide" à Gaza ; l'ambassade a jugé cette position "indéfendable" et plaçant l'Espagne "du mauvais côté de l'Histoire"

Le gouvernement espagnol a convoqué jeudi le chargé d’affaires de l’ambassade d’Israël pour une déclaration « inacceptable » affirmant que l’Espagne est du « mauvais côté » de l’Histoire après les déclarations du Premier ministre Pedro Sánchez à Bruxelles parlant de « génocide » à Gaza.
« Le ministère des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires d’Israël pour sa déclaration inacceptable sur le gouvernement espagnol », ont indiqué des sources ministérielles à l’AFP.
Le chargé d’affaires est le plus haut représentant de l’ambassade d’Israël en Espagne depuis que le gouvernement de Benjamin Netanyahu a rappelé son ambassadeur pour consultations en novembre 2023, en signe de protestation contre d’autres déclarations du Premier ministre espagnol exprimant des « doutes » quant au respect du droit humanitaire à Gaza.
Jeudi, à Bruxelles, M. Sánchez a déploré « la situation catastrophique de génocide » à Gaza et a appelé à une suspension immédiate de l’accord d’association de l’UE avec Israël.
L’ambassade d’Israël a réagi à ces déclarations par un communiqué en espagnol, publié sur le réseau social X, décrivant la position de M. Sánchez comme « moralement indéfendable » et comme plaçant l’Espagne, « malheureusement, du mauvais côté de l’Histoire ».
« La position adoptée par le gouvernement espagnol place l’Espagne aux marges les plus extrêmes – et de plus en plus isolées – de la position européenne sur le Moyen-Orient. Et elle la place, malheureusement, du mauvais côté de l’Histoire », peut-on lire dans le texte.

Madrid a déjà convoqué le plus haut diplomate israélien en Espagne en novembre 2023, octobre 2024 et mai 2025 pour des incidents survenus depuis le début du conflit.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez est l’une des voix les plus critiques au sein de l’UE contre le gouvernement israélien et sa guerre contre le Hamas à Gaza.
Il a réclamé « un accès immédiat et urgent à l’aide humanitaire » dans le territoire palestinien, piloté par « les Nations unies ».
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’Etat hébreu: Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington.
Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe.