Le démantèlement du Hamas laisse présager une deuxième guerre
Les chefs terroristes de Gaza utilisent les otages pour attiser les divisions en Israël * Les progrès de Tsahal se payent au prix fort * Hanegbi énonce la menace du Hezbollah
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Dimanche, le Hamas a réitéré sa menace qu’aucun des otages détenus par le groupe terroriste ne sortirait vivant de Gaza tant que toutes ses exigences n’auraient pas été satisfaites.
Elles comprennent la fin des hostilités, le retrait israélien de la bande de Gaza et la libération de tous les prisonniers sécuritaires palestiniens, y compris ceux qui ont été capturés le 7 octobre et depuis cette date. En d’autres termes, le prix demandé par le Hamas pour la libération des otages est de pouvoir continuer à perpétrer des massacres encore plus nombreux et plus violents que ceux du 7 octobre – ainsi qu’il l’a lui-même proclamé – avec l’aide de tous ses assassins actuellement en prison.
Ce prix inacceptable se heurte à la situation intolérable des otages. Nous savons que certains d’entre eux risquent de mourir très prochainement et leurs familles demandent à juste titre au gouvernement de donner la priorité à la libération des otages plutôt qu’à son autre objectif de guerre déclaré, à savoir l’anéantissement du Hamas. Telle est la brèche ouverte en Israël par le Hamas qui, pleinement conscient du manque de confiance généralisé des Israéliens dans leurs dirigeants politiques, tente, de manière prévisible et nauséabonde, de s’y engouffrer.
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Face à cela, la progression apparemment inexorable de l’offensive terrestre de Tsahal, qui prend progressivement le contrôle des positions du Hamas au nord de la bande de Gaza et intensifie ses opérations dans le sud, à Khan Younès, fief du Hamas.
Le bilan des soldats morts depuis le début de l’incursion terrestre est très lourd. La vie des soldats est aussi menacée en raison de leurs efforts acharnés et à haut risque pour libérer les otages des griffes du Hamas, comme l’a souligné le conseiller à la Sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, lors d’une interview accordée à la douzième chaîne samedi soir.
Il n’existe pas de solution simple pour atteindre l’un ou l’autre des principaux objectifs déclarés de la guerre : ramener tous les otages à la maison et démanteler le Hamas. Depuis 16 ans, le régime terroriste consacre toutes ses ressources à la création d’une « armée » capable d’envahir Israël et de perpétrer les horreurs du 7 octobre, mais aussi de faire payer un lourd tribut à toute tentative israélienne de l’attaquer à l’intérieur de la bande de Gaza.
Yahya Sinwar, le chef du Hamas à Gaza, qui aurait parlé à certains des otages, libérés depuis, et qui est également soupçonné d’en garder d’autres à proximité pour assurer sa propre protection, aurait, selon des sources invérifiables, fui la ville de Gaza en direction du sud, dans un convoi humanitaire, en direction de Khan Younès. Hanegbi pense que Sinwar se battra jusqu’au bout. S’il peut être tué, « et c’est ce qui est prévu », explique Hanegbi, ses successeurs seront sans doute moins enclins à subir le même sort, ce qui facilitera à la fois la fin de la guerre et le retour des otages.
Tsahal maintient avec conviction qu’elle a « le dessus » dans la guerre en général et dans la majorité des confrontations directes, mais elle souligne également le degré de sophistication pernicieuse de la machine de guerre du Hamas, la complexité diabolique de sa toile d’araignée souterraine sous Gaza et la difficulté de combattre des hommes armés qui se fondent dans la population civile du territoire. Certains hauts responsables militaires estiment qu’il faudrait encore au moins deux mois de combats intensifs pour démanteler le Hamas ; pour d’autres, ça prendra beaucoup plus de temps.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a réaffirmé dimanche que seul Israël serait en mesure de déterminer quand la menace posée par le Hamas aura été éliminée. Les États-Unis se sont d’ailleurs rangés aux côtés d’Israël vendredi soir en opposant leur veto à la proposition du Conseil de sécurité de l’ONU de répondre à la demande du Hamas visant à un arrêt immédiat des hostilités. Ils ont réitéré leur soutien lors de l’Assemblée générale de l’ONU mardi soir. Blinken et l’administration Biden estiment néanmoins qu’il devrait être possible de désarçonner le Hamas en limitant le nombre de morts et les ravages subis par les Gazaouis. Plus les combats seront longs, plus les frictions entre Israël et son allié vital seront inéluctables.
L’armée estime aujourd’hui avoir éliminé environ 7 000 terroristes du Hamas. Le bilan de Tsahal s’élevait mardi à 115 morts et ne cesse de s’alourdir. Il est inutile de tenter d’établir des comparaisons entre ces statistiques de guerre, de calculer ce qui constitue une victoire ou une défaite sur la base de ces chiffres. Car d’un côté, il y a une nation qui se bat pour sa survie, et de l’autre, une secte islamiste rapace qui a perdu toute once d’humanité et qui incite ses adeptes à exulter dans le meurtre, la mort et la barbarie.
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Hanegbi « le franc » a également indiqué samedi soir que la guerre ne s’arrêterait pas avec la destruction du Hamas. Israël devrait, à son avis, s’attaquer ensuite au Hezbollah, qui se trouve au-delà de la frontière nord, au Liban, où une mini-guerre meurtrière fait rage depuis deux mois.
Comme l’ont reconnu les dirigeants politiques et militaires israéliens, tant que la menace d’un nouveau 7 octobre n’aura pas été complètement écartée, les communautés endeuillées de l’ouest du Néguev ne pourront pas rentrer chez elles et commencer le processus de reconstruction qui les attend. Pas plus que les dizaines de milliers d’Israéliens évacués des villes et communautés frontalières du nord ne pourront rentrer chez eux tant que le risque de voir le Hezbollah franchir la frontière pour perpétrer des massacres n’aura pas été éliminé.
Alors que le Hamas a réussi à tromper un establishment politique et sécuritaire israélien délibérément aveugle en lui faisant croire que son cœur n’était pas implacablement obsédé par l’assassinat de Juifs, le Hezbollah n’a jamais caché, au cours des dernières années, son intention de franchir la frontière nord et de s’emparer de la Galilée.
Mais, tout comme Israël a permis au Hamas de forer au vu et au su de tous et même de poser des explosifs à la frontière en prévision du 7 octobre, Israël a également permis au Hezbollah de faire fi de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette résolution, qui a mis fin à la guerre de 2006 déclenchée par une attaque transfrontalière meurtrière du Hezbollah, interdit à l’armée terroriste de Hassan Nasrallah d’avoir une quelconque présence militaire au sud du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres au nord de la frontière. Toutefois, le Hezbollah a installé un camp tout près de la frontière, et son commando Radwan est prêt, à l’instar des terroristes de la Nukhba du Hamas, à percer les défenses israéliennes.
La guerre actuelle d’Israël pour éliminer le Hamas arrive « 17 ans trop tard », a affirmé Hanegbi samedi soir, confirmant une fois de plus qu’il a lui aussi été parmi ce troupeau qui a obstinément ignoré ce qui était écrit en majuscules et en rouge sang sur les murs. « Israël comprend aujourd’hui la nécessité et le prix à payer, car l’alternative sera beaucoup plus coûteuse », a-t-il ajouté.
Il en va de même, a-t-il poursuivi, pour le Hezbollah : « Nous ne pouvons plus accepter que la force Radwan [du Hezbollah] soit installée à la frontière… Nous ne pouvons plus accepter que la résolution 1701 ne soit pas appliquée… Si le Hezbollah accepte de changer les choses par la voie diplomatique, c’est très bien. Mais je doute qu’il accepte ».
C’est pourquoi, a expliqué Hanegbi, une fois la question du Hamas réglée, Israël devra faire le nécessaire pour que les habitants du nord ne soient plus « déplacés sur leurs terres et pour leur assurer que la situation au nord a changé ».
La menace que représente le Hezbollah, qui n’a été reconnue que bien tardivement, serait si importante que le ministre de la Défense Yoav Gallant envisageait des combats dans le nord avant même de s’attaquer au Hamas au lendemain du 7 octobre. Pour lui, cette priorité était si évidente qu’il était prêt à remettre à plus tard la mission essentielle d’éliminer le gouvernement terroriste de Gaza qui, le jour même, venait de massacrer
1 200 personnes dans le sud d’Israël, commettant les atrocités les plus insoutenables au cours de l’attaque contre les Juifs la plus meurtrière depuis la Shoah.
Dans son interview, Hanegbi a précisé que la menace d’une guerre contre le Hezbollah n’était pas le résultat d’une prise de conscience tardive de l’impératif de neutraliser la menace des missiles du Hezbollah, dont les capacités éclipsent celles du Hamas et qui pourraient causer des dommages colossaux à l’ensemble d’Israël en cas de guerre. Plusieurs pays ont des missiles dirigés vers Israël, dont l’Iran, la Syrie et l’Irak, a-t-il noté sèchement, « et Israël n’envahit pas pour autant l’Iran, la Syrie et l’Irak ».
La crainte provient de la possibilité que la force Radwan du Hezbollah franchisse la frontière « en quelques minutes » et commette un massacre sanglant dans les communautés du nord, comme le Hamas l’a fait dans le sud le 7 octobre dernier.
Depuis le 7 octobre, a-t-il déclaré, « Israël ne peut plus tolérer ce genre de menace ».
Tout a en effet changé pour Israël, depuis le 7 octobre, à l’intérieur, à l’extérieur et sur tous les fronts.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel