Les agriculteurs continuent leur travail dans l’île de la Paix en Jordanie
Un porte-parole régional a déclaré que les ouvriers agricoles étaient entrés dans la zone qui jouxte Tzofar comme d'habitude
Les agriculteurs israéliens sont entrés, dimanche matin, dans une enclave agricole au sein de la Jordanie, malgré la fin imminente d’un accord leur ouvrant l’accès à ces terres.
Les agriculteurs de la communauté de Tzofar, dans le sud de la région d’Arava, se préparent à devoir abandonner ce secteur après l’annonce par la Jordanie qu’elle ne renouvellerait pas un accord de bail de 25 ans portant sur l’exploitation des terres.
Samedi, les soldats ont fermé « l’île de la paix » à Naharayim, à proximité du lac de Tibériade, marquant la fin de l’arrangement défini dans le traité de paix historique de 1994 qui avait été conclu entre les nations. La fin de ce bail est considérée comme un autre signe de refroidissement des relations entre Jérusalem et Amman.
Tandis que les exploitants israéliens semblent apparemment avoir été totalement coupés de l’enclave de Naharayim, 31 agriculteurs de l’Etat juif ont été autorisés à continuer à travailler à Tzofar jusqu’au mois de mai 2020 dans le cadre d’un accord tacite entre la Jordanie et les Israéliens, a rapporté le site Ynet.
« Les fermiers sont entrés dans l’enclave pour travailler aujourd’hui normalement », a déclaré un porte-parole du conseil régional d’Arava au Times of Israel.
Le porte-parole a déclaré que les ordonnances décrétant les lieux comme zone militaire fermée, ouverte simplement aux agriculteurs, restaient en place comme d’habitude.
Il n’y a pas eu de réaction immédiate de la part de la Jordanie qui, le mois dernier, a nié qu’un accord avait été conclu pour prolonger le bail des agriculteurs.
Les exploitants travaillent environ 370 acres de terres dans l’enclave située près de Tzofar, à environ 4 kilomètres à l’intérieur de la Jordanie. Ils disent que les produits issus de cette exploitation sont leur principale source de revenu.
L’accord de paix de 1994 autorisait l’Etat juif à continuer d’exploiter les enclaves pendant une période de 25 ans – avec l’idée communément admise que son renouvellement s’effectuerait de manière automatique. Toutefois, au mois d’octobre de l’année dernière, le roi Abdallah de Jordanie avait expliqué que son pays avait notifié à Israël que les terrains seraient récupérés.
Le mois dernier, des sources du ministère des Affaires étrangères avaient indiqué que la Jordanie avait accepté une extension du bail portant sur une saison agricole à Tzofar – elle dure entre cinq et sept mois. Amman avait néanmoins rapidement démenti l’information, disant que le bail n’avait été prolongé sur aucun des sites.
Le conseiller national à la sécurité du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Meir Ben-Shabbat, avait rencontré lundi dernier le ministre des Affaires étrangères jordanien, Ayman Safadi, pour discuter des ressortissants jordaniens détenus en Israël et d’autres questions bilatérales.
Au cours de la réunion, Safadi avait expliqué que les baux de Naharayim et de Tzofar ne seraient pas prolongés, a fait savoir jeudi la Treizième chaîne israélienne.
Citant des « sources importantes » en Jordanie, la chaîne a expliqué que Safadi avait plutôt suggéré le versement d’une indemnisation aux agriculteurs israéliens pour les récoltes subsistant sur le site après leur restitution.
Dans le nord de l’Etat juif, les soldats ont fermé, samedi, la porte du parc de la paix de Naharayim. Des centaines de visiteurs ont fait une « visite d’adieu » dans la zone qui a été fermée dès dimanche aux Israéliens. Suite à la dernière visite guidée de la journée, à 16h30 environ, les troupes ont fermé la porte de l’enclave, marquant son retour effectif aux mains des Jordaniens.
« Ce n’est pas un jour heureux pour qui que ce soit – c’est un jour triste. C’est un jour que nous regrettons », a commenté Idan Greenbaum, chef du conseil régional où se trouve Naharayim, avant la fermeture de la porte.
החזרת צופר ונהריים לירדן: בפעם האחרונה, חיילי צה"ל סגרו את השער לאי השלום@rubih67 pic.twitter.com/8adOtFIJNP
— כאן חדשות (@kann_news) November 9, 2019
Dans une vidéo filmée aux abords de l’ancienne centrale électrique de Naharayim, Greenbaum a estimé que c’était un « moment douloureux » pour les résidents d’un kibboutz avoisinant qui avaient travaillé ces terres pendant plus de 70 ans et qui ont fortement critiqué le gouvernement pour ses initiatives vaines de retenir le site.
« Cet adieu est entièrement le résultat d’une conduite mauvaise et inappropriée de la part du gouvernement israélien au cours de l’année passée », a-t-il dit. « Nous sommes tristes de quitter cet endroit que nous avons mouillé de notre sang et de notre sueur pendant si longtemps », a-t-il ajouté.
Interrogé par l’AFP, le ministère des Affaires étrangères a déclaré que « l’accord arrivera à expiration le 10 novembre », sans donner de détails.
Depuis la période enivrante du traité de paix de 1994, qui avait fait de la Jordanie le deuxième pays à faire la paix avec l’Etat juif, les relations avec Amman sont dans l’impasse.
Les sondages d’opinion ont fait savoir, de manière répétée, que les Jordaniens s’opposaient à une majorité écrasante au traité de paix avec Israël. Plus de la moitié des Jordaniens sont d’origine palestinienne.
Naharayim, qui est également connu sous le nom d’île de la paix, est aussi le site où s’était produite une attaque meurtrière arrivée au mois de mars 1997.
Un groupe d’élèves originaires de Beit Shemesh avait fait l’objet d’une fusillade au cours d’une sortie dans la zone. Les adolescentes et leurs enseignants désarmés se tenaient sur une colline surplombant un lac abandonné de l’enclave quand un soldat jordanien avait ouvert le feu et tué sept fillettes.
Suite à ces meurtres, feu le roi Hussein de Jordanie avait fait un voyage sans précédent au domicile des familles des victimes israéliennes pour exprimer son chagrin personnel et celui de sa nation.
Les responsables en Israël se sont inquiétés de ce que la fin du bail signalait le désir, de la part de la Jordanie, de rétrograder les liens diplomatiques avec Israël et un grand nombre considère cette initiative comme le reflet de la pression nationale intense du public, dans le pays, qui voit encore très largement Israël comme un ennemi.
Mais la Jordanie a indiqué qu’elle ne faisait qu’exercer son droit à décider de ne pas renouveler l’accord, démentant le fait que cette décision affecterait le traité de paix vieux de plusieurs décennies et tentant d’apaiser les craintes portant sur la détérioration des relations bilatérales.
L’AFP a contribué à cet article.