Les États-Unis fustigent la légalisation de trois avant-postes en Cisjordanie
Le département d'État, qui note que les avant-postes "étaient illégaux auparavant, selon le droit israélien", déplore que l'initiative sape davantage la solution à deux États
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le département d’État américain a condamné Israël, jeudi, pour avoir fait avancer la légalisation de trois avant-postes illégaux situés dans les profondeurs de la Cisjordanie.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich – qui est ministre délégué au sein du ministère de la Défense, en charge des affaires liées aux implantations – a annoncé cette initiative mercredi, annonçant que le chef du Commandement central de l’armée israélienne, le général Yehuda Fox, avait signé des ordonnances désignant les frontières municipales d’Avigayil, d’Asahel et de Beit Hoglah.
Cela semble être la première fois depuis plus d’une décennie que l’État juif légalise des avant-postes qui deviendront des implantations indépendantes et non des quartiers d’implantations déjà établies.
Tandis que la communauté internationale considère comme illégales toutes les implantations, Israël fait une différence entre les constructions, dans les implantations, qui ont été autorisées par le ministère de la Défense sur des terres appartenant à l’État et les avant-postes construits sans les permis nécessaires, souvent sur des terrains privés palestiniens.
Les trois avant-postes figurent sur une liste qui en compte neuf. Le gouvernement avait fait savoir, au mois de février, qu’il procéderait à leur légalisation en réponse à un attentat terroriste meurtrier et suite aux fortes pressions exercées par les nombreux membres d’extrême-droite et pro-implantations de la coalition.
L’administration civile – instance du ministère de la Défense placée sous l’autorité de Smotrich – a dessiné les frontières des avant-postes, qui ont ensuite été ratifiées par Fox. Un plan directeur désignant la zone accueillant les constructions résidentielles doit être autorisé par le Conseil national pour la planification et la Construction de l’Administration civile, afin que les structures existantes construites illégalement puissent être approuvées rétroactivement et que de nouveaux bâtiments puissent être édifiés – un processus qui pourrait durer plusieurs mois.
Cette initiative prise par Smotrich survient alors que l’administration Biden tente de négocier un accord de normalisation des relations diplomatiques entre Israël et l’Arabie saoudite – un accord qui, selon Washington, nécessitera des gestes significatifs de la part de Jérusalem en faveur de la solution à deux États. Parmi les gestes qui ont pu être évoqués lors des pourparlers, le transfert des territoires placés sous contrôle israélien aux mains de l’Autorité palestinienne, une démarche à laquelle s’opposeront probablement Smotrich et les autres membres de l’extrême-droite.
En réponse à une demande de commentaire sur la légalisation des trois avant-postes, un porte-parole a indiqué au Times of Israel que « notre positionnement est clair et il reste le même : l’expansion des implantations ou des avant-postes sape la viabilité géographique de la solution à deux états, elle exacerbe les tensions et elle porte encore davantage atteinte à la confiance entre Israéliens et Palestiniens ».
« Nous nous opposons avec force à l’avancée des implantations et à la légalisation rétroactive d’avant-postes qui étaient illégaux auparavant, selon le droit israélien lui-même – et nous recommandons à Israël de s’abstenir de le faire », a continué le communiqué du porte-parole. « Les États-Unis sont engagés en faveur de la mise en place d’une paix authentique et durable entre Israéliens et Palestiniens. Nous continuons à croire que toutes les parties doivent se concentrer sur des actions qui les rapprochent de la paix et de négociations sur la base de la solution à deux États ».
Un communiqué qui semble largement identique aux précédents communiqués qui avaient été émis par l’administration Biden en réponse aux approbations, en Israël, de nouvelles constructions dans les implantations de Cisjordanie. Pendant ses six premiers mois à la barre du pays, le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a approuvé un plus grand nombre de constructions que n’importe quel autre gouvernement israélien antérieur en un an, ce qui a provoqué la colère de Washington.
Jeremy Sharon a contribué à cet article.