Les premières grues de l’automne sont arrivées dans la réserve naturelle du lac Hula
A l'instar des flamants roses, cormorans, pélicans, rapaces et autres espèces, quelque 90 000 grues devraient faire une halte dans ce célèbre lac, voire y hiverner
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Les 22 premières grues des migrations d’automne sont arrivées mardi au parc naturel du lac Hula, dans le nord d’Israël, donnant le coup d’envoi de la venue de quelque 80 000 à 90 000 de ces volatiles.
On estime de 30 000 à 40 000 le nombre de grues qui devraient passer l’hiver en Israël pour repartir au début ou à la mi-mars. Les autres s’arrêteront pour se reposer avant de s’envoler pour l’Afrique.
En raison de leur grand nombre, les grues du parc Hula sont très appréciées des visiteurs.
« Tout le monde est très heureux », confie Inbar Shlomit Rubin, qui gère le parc pour le Fonds national juif du KKL-FNJ.
« C’est tellement bon de les retrouver, avec une nouvelle génération. La vallée de Hula est magnifique en cette saison, et les grues s’ajoutent aux milliers d’oiseaux déjà arrivés, comme par exemple les flamants roses, les cormorans, les pélicans, les rapaces…la liste est longue. »
Le personnel du parc commencera à nourrir les grues en janvier, après le départ de celles désireuses de rallier l’Afrique.
Il s’agit une fois encore de les tenir à l’écart des cultures au moment où les jeunes pousses sortent de terre. Dans l’intervalle, les agriculteurs sont bien contents que les oiseaux fassent le ménage de ce qui reste des cultures d’été, car cela n’occasionne aucun dégât.
En 2021, les grues avaient été les principales victimes d’une épidémie de grippe aviaire, qui s’était propagée des poulaillers aux oiseaux sauvages.
Selon les estimations, une grue sur cinq était morte de la maladie, principalement dans les environs du lac Hula, où les oiseaux se trouvaient en grand nombre parce qu’ils y étaient nourris. Une densité qui avait, semble-t-il, facilité la transmission de cette maladie mortelle.
Flanqué de vastes déserts à l’Est et de la mer Méditerranée à l’Ouest, Israël est un couloir de migration essentiel – et un lieu de passage obligé très fréquenté – pour des centaines de millions d’oiseaux en transit entre l’Europe et l’Asie ou l’Afrique, chaque printemps et chaque automne. Oiseaux percheurs (passereaux), échassiers et oiseaux de proie sont nombreux à l’emprunter.
Plus d’un million de rapaces passent chaque année, parmi lesquels la plupart des éperviers du Levant et des aigles des steppes en voie de disparition, ainsi que des centaines de milliers de buses à miel et buses des steppes.
Selon la Société pour la protection de la nature en Israël, quelque 50 000 aigles tachetés – la moitié de la population mondiale – devaient survoler Israël entre mercredi et jeudi.
Les ornithologues de l’organisation expliquent que les conditions climatiques plutôt fraîches, ces derniers temps, ont occasionné un embouteillage – qui tend à se résorber – sur les autoroutes de migration des oiseaux dans le nord d’Israël.
Le Dr Yoav Perelman, directeur du Centre d’ornithologie de la Société pour la protection de la nature en Israël, explique en effet que les oiseaux de proie, comme l’aigle nain tacheté, interrompent leurs déplacements par temps nuageux ou instable.
« Lorsque le ciel se dégage, la migration reprend. Des convois de milliers d’aigles entrent en Israël depuis le Liban et traversent notre ciel, en mettant le cap au Sud-Ouest ».
Les trajectoires de vol se concentrent sur la région métropolitaine de Tel Aviv dans le centre d’Israël, ajoute Perelman, puis les oiseaux volent vers le sud en passant à l’aplomb de la plaine côtière, jusqu’aux déserts du Neguev et du Sinaï, en Égypte.
L’aigle tacheté a une envergure d’un peu moins de deux mètres. Il se nourrit de petits mammifères qu’il repère dans les champs. Il vit dans les vieilles forêts d’Europe centrale et orientale et passe l’hiver dans les forêts d’Afrique, au sud du Sahara, parfois même en Afrique du Sud.
Il fait l’objet d’une chasse intensive et illégale dans les pays voisins d’Israël, en particulier au Liban, ce qui explique que de nombreux oiseaux survolent Israël avec des blessures par balle.