Israël en guerre - Jour 476

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Les rebondissements de l’interdiction faite aux députés de se rendre au mont du Temple

Mardi, deux députés juifs se sont rendus sur le lieu controversé, point culminant de deux ans de promesses, de revirements de situation, de contrepropositions et de compromis

Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Vue aérienne du mont du Temple. (Crédit : Nati Shoahat/Flash90)
Vue aérienne du mont du Temple. (Crédit : Nati Shoahat/Flash90)

Deux députés juifs se sont rendus mardi sur le mont du Temple, à Jérusalem, pour la première fois depuis octobre 2015, date à laquelle le gouvernement a interdit aux députés de s’y rendre, afin de tenter de réduire les tensions, en pleine vague d’attaques terroristes contre les Israéliens.

Après avoir mis fin à cette interdiction, pendant un jour d’essai au moins, le gouvernement et la police réévalueront cette décision et permettront éventuellement aux députés de se rendre régulièrement sur le lieu saint dans le futur.

L’esplanade du mont du Temple, le lieu le plus saint du judaïsme qui abritait les Temples bibliques, le troisième lieu saint de l’islam, a été hors d’atteinte pour les députés juifs et les musulmans pendant près de deux ans.

Depuis que l’injonction de 2015 a été instaurée, le Premier ministre, la police et les membres de la Knesset naviguent entre annonces, revirements de situation, contre-propositions, et compromis sur le droit des députés à se rendre sur le lieu saint.

Voici les étapes charnières du débat de ces deux dernières années :

7 octobre 2015 – Le Premier ministre interdit aux députés de se rendre sur le mont du Temple

Afin de réduire la recrudescence d’attentats terroristes contre des Israéliens et les violents affrontements entre les forces de sécurité et les émeutiers, le Premier ministre Benjamin Netanyahu ordonne à la police d’empêcher les ministres et les membres de la Knesset d’entrer au mont du Temple, lieu au cœur des tensions.

Le ministre Uri Ariel sur le mont du Temple, le 16 mars 2014. (Crédit : bureau du porte-parole d'Uri Ariel)
Le ministre Uri Ariel sur le mont du Temple, le 16 mars 2014. (Crédit : bureau du porte-parole d’Uri Ariel)

L’injonction initiale ne s’appliquait pas aux députés musulmans, qui avaient toujours le droit de se rendre à la mosquée d’Al-Aqsa.

Cette décision a été prise après que plusieurs politiciens juifs ont effectué des visites publiques sur le site, notamment le ministre de l’Agriculture Uri Ariel (HaBayit HaYehudi) et le député Moti Regev (HaBayit HaYehudi), qui avait été filmé en train d’insulter et de maudire une femme palestinienne sur le lieu saint.

8 octobre 2015 – L’interdiction s’applique également aux députés musulmans

Face aux critiques virulentes des ministres et des députés de sa coalition, Netanyahu s’empresse d’ajouter les députés musulmans à son injonction dès le lendemain.

Ariel affirme qu’interdire uniquement aux députés juifs d’aller sur le mont du Temple est « comparable à tenir les victimes de viols pour responsables de leur viol, parce qu’elles portaient des manches courtes ». Le député Zeev Elkin déclare que la mesure initiale revient à changer le statu quo en vigueur sur le site, qui interdit la prière aux Juifs mais leur permet de venir, du moins pour certains.

Les députés de la Liste arabe unie s’engagent à remettre en question cette injonction et préviennent qu’ils ne s’y plieront pas.

28 octobre 2015 – Un député arabe viole l’interdiction

Basel Ghattas, alors député de la Liste arabe unie, accède au mont du Temple, violant l’interdiction faite aux députés.

Basel Ghattas de la Liste arabe unie sur le mont du Temple le 28 octobre 2015 (Photo: Autorisation Liste arabe unie)
Basel Ghattas de la Liste arabe unie sur le mont du Temple le 28 octobre 2015 (Photo: Autorisation Liste arabe unie)

« Netanyahu et Israël ne peuvent pas nous empêcher de nous rendre à la mosquée, et cela continue de modifier le statu quo, et de renforcer la souveraineté israélienne et l’occupation sur le site », avait écrit Ghattas, Arabe chrétien, sur Facebook.

2 novembre 2015 – La police annonce qu’elle fera appliquer l’injonction

Le chef de la police en exercice, Bentzi Sau, envoie une lettre au président de la Knesset, Yuli Edelstein, pour l’informer que la police interdira aux députés d’entrer sur le mont du Temple, « jusqu’à nouvel ordre. »

« Étant donné les responsabilités incombant à la police, quant à la sécurité des personnes et des biens, étant donné de mon autorité telle qu’elle est stipulée sur l’Ordonnance de Police (Nouvelle Version), 1971 […] et étant donné l’opinion du procureur général, je décide que, jusqu’à nouvel ordre, l’entrée sur le mont du Temple sera interdite aux députés », écrit Sau.

Il ajoute être « conscient de la liberté de mouvement accordée par la loi aux membres de la Knesset, et ne manquera pas de vous faire savoir quand la situation sécuritaire permet d’annuler cette injonction. »

25 mai 2016 – Des députés arabes annoncent qu’ils violeront l’interdiction

Trois députés musulmans font part de leur intention de transgresser l’interdiction afin de prier sur le site à l’occasion du Ramadan.

Des milliers de musulmans priant devant le Dôme du Rocher sur le mont du Temple durant le mois sacré du Ramadan dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 26 juin 2016 (Crédit : Suleiman Khader / Flash90)
Des milliers de musulmans priant devant le Dôme du Rocher sur le mont du Temple durant le mois sacré du Ramadan dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 26 juin 2016 (Crédit : Suleiman Khader / Flash90)

Dans une lettre adressée à Netanyahu, à Yuli Edelstein, président de la Knesset, et à Roni Alsheich, chef de la police, les députés Masud Ganaim, Abd al-Hakim Hajj Yahya et Taleb Abu Arar (Liste arabe unie) déclarent qu’il est de leur devoir religieux de se rendre sur le lieu saint et annoncent qu’ils iront sur le lieu, même contre les directives en vigueur.

« Au nom des membres de la Knesset du mouvement islamique (Raam), nous annonçons notre intention d’aller à la mosquée d’Al-Aqsa durant le mois de Ramadan et d’y prier, pouvait-on lire. Observer cette obligation religieuse est un droit fondamental, et fait partie de notre mode de vie de musulmans religieux. »

25 mai 2016 – Glick, militant du mont du Temple, entre à la Knesset

Yehuda Glick prête serment à la Knesset, après que l’ancien ministre de la Défense Moshé Yaalon a démissionné du parlement, permettant ainsi au prochain membre du Likud sur la liste – en l’occurrence Glick – de devenir député.

Le député du Likud Yehuda Glick pendant son investiture à la Knesset, le 25 mai 2016. (Crédit : porte-parole de la Knesset)
Le député du Likud Yehuda Glick pendant son investiture à la Knesset, le 25 mai 2016. (Crédit : porte-parole de la Knesset)

Militant du mont du Temple connu, ancien directeur d’Haliba, une organisation qui fait visiter le mont du Temple à des groupes de visiteurs juifs, Glick avait reçu une balle et a été grièvement blessé en 2014 par un tireur palestinien qui l’avait traité d’ « ennemi d’Al-Aqsa ».

Durant son discours inaugural, Glick s’engage à faire changer l’interdiction « absurde et ignoble » faite aux députés, et à lutter pour une augmentation des prières juives sur le site.

13 juin 2016 – La police annonce à la Knesset qu’elle est en faveur de la fin de l’interdiction

Gilad Erdan, ministre de la Sécurité intérieure, et Roni Alsheich, à gauche, à la Knesset, le 12 décembre 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Gilad Erdan, ministre de la Sécurité intérieure, et Roni Alsheich, à gauche, à la Knesset, le 12 décembre 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Alscheich et le chef de la police du district de Jérusalem annoncent à Edelstein durant une réunion à la Knesset que les forces de l’ordre ne s’opposent plus aux visites des députés sur le lieu saint.

Ils citent une évaluation du renseignement mise à jour, qui indiquait que les visites des politiciens ne sont plus susceptibles de déclencher des violences.

Dans un compromis proposé par la police, les députés musulmans auraient le droit de se rendre sur le site la dernière semaine du Ramadan (qui correspondait à la première semaine de juillet cette année-là), et les députés juifs y seraient autorisés la semaine suivante.

28 juin 2016 – Netanyahu prolonge l’interdiction, après une recrudescence des violences

Netanyahu et le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan décident de passer outre les recommandations de la police et de prolonger l’injonction, en raison des émeutes et des manifestations sur le lieu saint, qui ont fait un blessé. Une femme de 73 ans a été touchée par une pierre lancée par un manifestant palestinien sur l’esplanade du mont du Temple.

Erdan déclare, après s’être entretenu avec le Premier ministre, que la police mènerait une « évaluation situationnelle » et prendra une décision quant aux prochaines visites, « en fonction de la situation et de l’évolution de la situation au mont du Temple ».

25 octobre 2016 – La police recommande à nouveau la levée de l’interdiction

La police propose que les ministres et les députés soient autorisés à se rendre sur le mont du Temple tant qu’ils se plient à certaines conditions, notamment prévenir de leur visite, accepter de venir sans leur escorte de sécurité et sans journaliste durant des plages horaires limitées, tout en interdisant les discours sur place.

Netanyahu répond qu’il rencontrera les chefs de la police pour « entendre leurs positions avant de prendre une décision », mais que « pour le moment, la politique ne change pas. »

28 mars 2017 – Glick fait appel de l’interdiction devant la Cour suprême

Glick fait appel à la Cour suprême pour contraindre le gouvernement à autoriser les députés à se rendre sur le mont du Temple. Dans sa requête, Glick et la Fondation pour le patrimoine du mont du Temple, qu’il préside, demandent à la Cour d’ordonner au procureur général d’établir des lois limitant la marge de manœuvre du Premier ministre et du ministre de la Sécurité intérieure dans les décisions opérationnelles de la police.

Yehuda Glick, député du Likud, devant la Cour suprême à Jérusalem, le 28 mars 2017. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Yehuda Glick, député du Likud, devant la Cour suprême à Jérusalem, le 28 mars 2017. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

20 mai 2017 – Un député arabe se rend au mont du Temple malgré l’interdiction

Le député Masud Ghnaim (Liste arabe unie) se rend sur le mont du Temple, transgressant l’interdiction faite aux députés, et est escorté vers la sortie par la police. Ghanim déclare qu’il y était allé pour « bénir les dizaines de bénévoles arabes qui sont venus à Al-Aqsa pour rénover et nettoyer à l’approche du mois saint du Ramadan, un évènement qui a lieu tous les ans depuis longtemps, et pour accomplir mon droit de prier dans la mosquée. » Il est repéré par la police israélienne, qui l’escortait en dehors du site.

7 juillet 2017 – Netanyahu annonce son intention de lever l’interdiction pour une période d’essai

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant un rassemblement du Likud pour le soutenir, à Tel Aviv, le 9 août 2017. (Crédit : Jack Guez/AFP)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant un rassemblement du Likud pour le soutenir, à Tel Aviv, le 9 août 2017. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Netanyahu annonce que l’interdiction faite aux députés de se rendre sur le mont du Temple sera levée pour une période d’essai, afin de déterminer si la présence des députés causerait une instabilité sur le lieu saint.

Après des discussions avec le procureur général Avichai Mandelblit, le Premier ministre décide qu’à compter du 23 juillet, et pour une durée d’une semaine, l’interdiction sera levée, pour évaluer les retombées de cette mesure.

20 juillet 2017 – Le projet annulé après l’attentat et les émeutes au mont du Temple

Le projet pour autoriser les députés à se rendre sur le mont du Temple est annulé après l’intensification des manifestations palestiniennes, suite aux mesures de sécurité instaurées par Israël. Ces mesures étaient liées à un attentat meurtrier, au cours duquel trois Arabes israéliens musulmans ont tué deux policiers israéliens druzes avec des armes acheminées clandestinement sur le mont du Temple.

24 août 2017 – La police annonce un jour d’essai pour les visites des députés

La police annonce que les membres de la Knesset seront autorisés à se rendre sur le mont du Temple pour une journée, dans le cadre d’un essai, coordonné avec le bureau du Premier ministre.

« Cette décision a été prise à la lumière de l’amélioration de la situation de sécurité sur l’esplanade », déclare le bureau du Premier ministre dans un communiqué.

Le législateur Yehuda Glick, au centre, marche pieds nus, escorté par la police israélienne et des partisans, à l'intérieur du complexe sensible de la mosquée Al-Aqsa, connue également sous le nom du complexe du mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 29 août 2017 (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)
Le législateur Yehuda Glick, au centre, marche pieds nus, escorté par la police israélienne et des partisans, à l’intérieur du complexe sensible de la mosquée Al-Aqsa, connue également sous le nom du complexe du mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 29 août 2017 (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

Quelques heures plus tôt, les députés juifs Glick et Shuli Moalem-Refaeli (HaBayit Hayehudi) avaient été interrompus par la police, alors qu’ils tentaient de pénétrer sur le mont du temple par le pont Mughrabi.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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