Israël en guerre - Jour 373

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Analyse

Les viols en temps de guerre, proscrits par le droit international, mais rarement sanctionnés

Une manifestation aura lieu samedi à Paris à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes et un groupe représentera les Israéliennes, "victimes de féminicides" le 7 octobre

Des Israéliens enlevés et emmenés à Gaza par des terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023, comme le montrent les vidéos floutées des réseaux sociaux diffusées par la télévision israélienne. (Crédit : Capture d'écran de la Douzième chaîne)
Des Israéliens enlevés et emmenés à Gaza par des terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023, comme le montrent les vidéos floutées des réseaux sociaux diffusées par la télévision israélienne. (Crédit : Capture d'écran de la Douzième chaîne)

Viols en Israël, en Ukraine comme sur d’autres terrains de guerre : un crime ancien, proscrit par le droit international, mais rarement sanctionné.

La police israélienne a annoncé le 14 novembre enquêter sur des violences sexuelles, dont des viols et des mutilations, soupçonnées d’avoir été commises par des hommes du groupe terroriste islamiste du Hamas lors de l’attaque sanglante du 7 octobre.

« On les a attaquées en tant que femmes, sur leurs organes génitaux, c’est grave », affirme auprès de l’AFP Maya, une militante ne souhaitant pas donner son nom. Elle participera samedi à une manifestation à Paris à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes avec un groupe qui abordera des pancartes et des slogans « pour honorer la mémoire » des Israéliennes, « victimes de féminicides » et largement ignorées par les ONG féministes.

Une pétition, qui rassemble près de 20 000 signatures dont celles de la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) ou la chanteuse et actrice Charlotte Gainsbourg, demande que l’attaque du 7 octobre soit reconnue comme un « féminicide de masse ». « De nombreux civils sont morts, mais les femmes n’ont pas été tuées de la même façon que les autres », souligne le texte à l’initiative de l’association « Paroles de femmes ».

Des témoins cités par l’AFP ont évoqué notamment des « pelvis brisés » et des tirs dans les parties génitales.

« Détruire une communauté »

Les femmes sont les principales victimes de violences sexuelles en temps de guerre, sur différents continents et à diverses époques. De telles attaques ont eu lieu notamment lors des conquêtes coloniales du XIXe siècle et lors des deux Guerres Mondiales.

« S’attaquer aux femmes en les violant déstabilise tout le tissu social, cela détruit une communauté », explique à l’AFP Richard Matis, président de Gynécologie sans frontières. L’association forme des professionnels de santé à l’étranger à prendre en charge les femmes, notamment en cas de violences sexuelles.

Une victime d’agression sexuelle. Illustration. (Crédit : KatarzynaBialasiewicz via iStock by Getty images)

« Les enfants qui naissent de ces viols représentent aussi un problème de déséquilibre pour la société concernée », ajoute ce gynécologue.

Dans certains cas, des violeurs agissent de leur propre initiative. Dans d’autres, le viol est encouragé voire organisé par les autorités pour en faire une arme de guerre.

Dans le cas de l’attaque du Hamas, des terroristes arrêtés par Israël ont avoué, durant les interrogatoires, que le viol faisait partie du mode opératoire.

« Le viol en temps de guerre est interdit depuis des siècles mais les armées ne font pas forcément respecter cette interdiction », décrypte auprès de l’AFP Fabrice Virgili, historien et directeur de recherches au CNRS. En faisant remarquer que cette interdiction à été instaurée dans l’objectif de maintenir la discipline parmi les soldats, et non de protéger les femmes.

Condamnation difficile

« Depuis le génocide au Rwanda (1994) et la guerre en ex-Yougoslavie (1992-1995), on porte une attention particulière aux faits de violences sexuelles à chaque conflit il y a l’idée qu’il est nécessaire de punir les auteurs et de prendre soin des victimes », explique celui qui a co-dirigé l’ouvrage « Viols en temps de guerre ».

Cette idée a notamment été portée par le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, pour son action en faveur des femmes victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo, où les viols ont été utilisés comme arme de guerre.

Un colloque, organisé vendredi en Pologne par des associations, aborde plus spécifiquement le soutien à apporter aux Ukrainiennes victimes de viols lors de l’invasion russe l’an dernier.

En ce qui concerne la prise en charge des auteurs des violences, « le droit est une réponse essentielle mais n’est pas encore à la hauteur », estime auprès de l’AFP la juriste Céline Bardet.

Le viol est défini comme un « crime de guerre » dans le statut de Rome de 1998 ayant institué la Cour pénale internationale (CPI).

Toutefois, « on peine encore à inclure les violences sexuelles dans les actes d’accusation, souvent pour un problème de preuves car il n’y a que des témoignages », ajoute cette spécialiste. Avec son association « We are not weapons of war » (« Nous ne sommes pas des armes de guerre »), elle a créé un outil en ligne pour collecter et conserver des témoignages de victimes. Une « web-application de signalement et alerte » permettant de stocker photos et vidéos sur « un serveur ultra-sécurisé », pour « documenter la réalité du terrain ».

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