Libération des otages du Hamas : ce qu’en pensent les US, la Jordanie et l’UE
Le forum annuel sur la sécurité organisé par l'International Institute for Strategic Studies se tient actuellement au Bahrein

Les Etats-Unis ont souligné samedi à Bahreïn la nécessité d’un accord sur la libération des otages retenus captifs dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre pour parvenir à une pause « significative » dans les combats entre Israël et le groupe terroriste palestinien Hamas.
La guerre a éclaté après le massacre du 7 octobre perpétré par le Hamas. Lors de cette attaque barbare menée contre Israël, près de 3 000 terroristes ont fait irruption en Israël depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime. Ils ont tué plus de 1 200 personnes, dont une majorité de civils, au cours de raids sur plus de 20 communautés frontalières près de la bande de Gaza, massacrant des familles entières dans leurs maisons et au moins 364 festivaliers lors d’une rave en plein air. Les terroristes ont également enlevé au moins 240 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, qu’ils ont entraînées dans la bande de Gaza où elles sont toujours retenues captives.
Israël affirme que son offensive vise à détruire les capacités militaires et de gouvernance du Hamas, et s’est engagé à éliminer l’ensemble du groupe terroriste qui dirige la bande de Gaza. Il affirme viser toutes les zones où le Hamas opère, tout en cherchant à réduire au maximum les pertes civiles.
La situation dans le territoire palestinien est « horrible » et « intolérable », a déclaré le premier conseiller du président américain pour le Moyen-Orient, Brett McGurk.
Mais « l’afflux d’aide humanitaire, l’afflux de carburant (et) une pause dans les combats auront lieu lorsque les otages seront libérés », a-t-il ajouté lors du forum annuel sur la sécurité organisé par l’International Institute for Strategic Studies (IISS).
Des discussions « intenses » sont en cours, sous la médiation du Qatar, pour parvenir à une libération des otages détenus dans la bande de Gaza depuis l’attaque du 7 octobre, a-t-il indiqué.

« La libération d’un grand nombre d’otages entraînerait (…) une pause significative dans les combats et un afflux massif d’aide humanitaire », a promis Brett McGurk alors que plusieurs diplomates arabes intervenant à la conférence ont accusé Israël de violer le droit humanitaire international.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à des « pauses humanitaires urgentes et prolongées » mais Israël refuse tout cessez-le-feu tant que tous les otages ne sont pas relâchés.
« Nous devons œuvrer à la libération des otages et la mise en œuvre des pauses humanitaires », a déclaré un haut responsable européen, sous couvert de l’anonymat.
Palestiniens « en otage »
A l’ouverture de la conférence vendredi soir, le prince héritier de Bahreïn, Salman ben Hamad ben Issa Al Khalifa, dont le pays a normalisé ses relations avec Israël en 2020, avait également appelé à libérer les otages et à mettre fin au conflit qui menace d’embraser la région.

La poursuite de la guerre alimente l’extrémisme et les critiques contre les Etats arabes « modérés » comme l’Egypte, la Jordanie, les Emirats arabes unis qui ont des liens avec Israël, ou l’Arabie saoudite qui s’était engagée dans des discussions dans ce sens, a souligné pour sa part le conseiller diplomatique du président émirati, Anwar Gargash.
Le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, a toutefois jugé « inacceptable » de lier les pauses humanitaires à la question des otages, en estimant qu’Israël avait pris tous les Palestiniens de la bande de Gaza « en otage », alors que la situation humanitaire dans ce territoire est désastreuse selon des ONG.
« Israël affirme vouloir anéantir le Hamas (…) je ne comprends pas comment cet objectif peut être atteint », a-t-il affirmé en réitérant l’appel des pays arabes à un cessez-le-feu immédiat, et la relance des négociations sur une solution politique au conflit israélo-palestinien, basée sur le principe de deux Etats.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a noté pour sa part que « le Hamas ne peut plus contrôler la bande de Gaza », affirmant que l’Autorité palestinienne était « prête à prendre cette responsabilité » avec l’aide de la communauté internationale. Cela nécessitera aussi « une forte participation des pays arabes » tant sur le plan économique que politique, a-t-il ajouté.
Son homologue jordanien a toutefois prévenu qu’il « n’y aura pas de troupes arabes à Gaza », en mettant en garde contre toute tentative de déplacement de la population du territoire palestinien, où plus des deux tiers des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés vers le sud, selon l’ONU.
La Jordanie et l’Egypte, qui partagent des frontières avec Israël, pays avec lequel elles sont liées par un traité de paix, « ne permettront jamais que cela arrive. Cela serait non seulement un crime de guerre, mais aussi une menace directe pour notre sécurité nationale », a dit Ayman Safadi.