L’Iran et le Hezbollah auraient tenté de pirater la FINUL au Liban, dit Gantz
A la Cyber Week, le ministre de la Défense a mis en garde contre les capacités énormes de Téhéran dans le cyberterrorisme - utilisant des "terroristes du clavier" comme mandataires
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre de la Défense Benny Gantz a déclaré, mercredi, que l’Iran et le Hezbollah, groupe mandataire libanais de la République islamique, avaient tenté de lancer une cyberattaque contre les forces de maintien de la paix des Nations unies dans le sud du Liban, avec pour objectif de voler des informations sur les activités des troupes de l’ONU dans la région.
« Le leader du terrorisme conventionnel global, c’est l’Iran. Mais c’est aussi vrai en matière de cyber-terrorisme », a déclaré Gantz lors d’une conférence organisée à l’occasion de la Cyber Week, à Tel Aviv. « L’Iran mène ses activités par le biais de groupes mandataires tels que le Hezbollah dans tous les domaines – et notamment dans le domaine informatique ».
« Aujourd’hui, il m’est permis de révéler qu’il y a eu des activités malveillantes qui ont récemment été menées par des institutions sécuritaires iraniennes en coopération avec le Hezbollah : des tentatives de perturber les opérations de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) », a ajouté Gantz.
« Ils ont lancé une cyberattaque ayant pour objectif de voler du matériel qui concerne les activités et le déploiement de la FINUL dans la région, des informations qui devaient servir au Hezbollah », a continué le ministre de la Défense. « Il s’agit d’une nouvelle attaque directe à l’encontre des citoyens libanais et de la stabilité du Liban de la part de l’Iran et du Hezbollah0 »
Il est difficile de dire, à l’heure de l’écriture de cet article, si cette cyberattaque conjointe contre les forces de maintien de la paix de l’ONU a réussi ni quand elle a eu lieu exactement.
La FINUL, de son côté, n’a pas fait de commentaire.
Gantz a indiqué qu’Israël connaissait « les systèmes et les modes opératoires de ses adversaires » dans ces activités de cyberterrorisme et que l’État juif est parvenu à constater qu’il y avait des groupes de pirates informatiques iraniens qui étaient à l’origine d’attaques informatiques contre le pays ces dernières années, des pirates dont il s’est avéré qu’ils s’en prenaient aussi à d’autres pays du Moyen-Orient et du monde.
Il a précisé que l’État juif avait connaissance de groupes terroristes iraniens, qui travaillent sous l’autorité du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, qui ont essayé « de mener des opérations contre des cibles internationales, notamment contre des organisations caritatives et contre des réseaux du gouvernement aux États-Unis », notant que certains avaient tenté d’influencer les élections présidentielles américaines.
« Ces nouveaux groupes mandataires sont des ‘terroristes du clavier’ – et pourtant, rien ne les différencie des autres terroristes. Nous savons où ils sont, nous les prenons pour cible comme nous prenons pour cible ceux qui les dirigent. Ils se trouvent dans notre ligne de mire au moment même où je vous parle – et pas seulement dans le cyberespace », a-t-il poursuivi.
« Pas une seule attaque contre des citoyens israéliens ne restera impunie. De telles attaques relèvent de la responsabilité des pays et des groupes terroristes qui les financent et qui les dirigent. Il y a une grande variété de réponses possibles aux cyberattaques – dans le domaine informatique et en dehors aussi », a-t-il déclaré.
Ces propos tenus par Gantz surviennent quarante-huit heures après qu’une cyberattaque majeure a obligé l’entreprise Khuzestan Steel Co., qui appartient à l’État iranien, d’arrêter sa production. Deux autres importants producteurs sidérurgiques auraient également été pris pour cible.
Les correspondants militaires israéliens – qui obtiennent régulièrement des informations officieuses auprès des responsables du pays – ont laissé entendre que l’État juif était directement responsable de cette attaque commise en riposte à une cyberattaque présumée qui avait déclenché les sirènes d’alerte à la roquette à Jérusalem et à Eilat, la semaine dernière.
Israël et l’Iran sont engagés, depuis des années, dans une guerre de l’ombre qui s’expose occasionnellement en pleine lumière. Les officiels israéliens ont accusé l’Iran d’avoir tenté de pirater le système hydraulique dans le pays en 2020.
Au cours de la conférence de mercredi, le bras droit du commandant de l’unité 8200 des renseignements militaires a indiqué que cette dernière était parvenue à déjouer l’attaque. « Nous avons contrecarré la tentative de prise de contrôle du système hydraulique du pays, il y a plusieurs années, et d’empoisonnement de l’eau », a commenté le colonel Aleph, qui ne peut être identifié que par l’initiale de son prénom.
« Dans un autre cas, nous avons aussi constaté qu’un certain adversaire était en train d’attaquer Israël et, tandis que nous étions en train de travailler sur cette attaque, nous avons remarqué que le même pirate s’efforçait, en même temps, de s’en prendre à des centrales électriques aux États-Unis. Nous sommes parvenus à repousser cette menace grâce à notre coopération étroite avec nos partenaires américains », a-t-il dit.
De son côté, l’Iran a accusé les États-Unis et l’État juif de cyberattaques qui ont touché les infrastructures du pays.
Ainsi, l’Iran avait déconnecté la plus grande partie de ses infrastructures gouvernementales d’internet après l’apparition du virus informatique Stuxnet — qui aurait été créé par les États-Unis et par Israël – qui avait perturbé le fonctionnement de milliers de centrifugeuses sur les sites nucléaires de la république islamique, à la fin des années 2000.
Au cours d’un incident majeur, l’année dernière, une attaque informatique contre le système de distribution de carburant en Iran avait paralysé les stations-services de tout le pays, entraînant de longues files d’attente d’automobilistes furieux. Cela avait été le même groupe de pirates anonymes, Gonjeshke Darande, qui avait revendiqué la responsabilité de cette cyberattaque.
Dans un bref message en hébreu prononcé lors de la conférence, Gantz a évoqué une vidéo émise mardi par le Hamas et montrant Hisham al-Sayed, un citoyen israélien emprisonné par le groupe terroriste dans la bande de Gaza. Les images le montrent placé sous oxygène et l’organisation a fait savoir que son état de santé s’était détérioré.
« Hier, une vidéo a été rendue publique et l’objectif de cette diffusion est un chantage exercé sur la base d’un drame humanitaire. Le Hamas détient en captivité ces quatre hommes qui font partie des nôtres, et il les détient en violation de la loi internationale et en violation de la morale », a-t-il expliqué, se référant à al-Sayed et à Avera Mengistu ainsi qu’aux dépouilles de deux soldats tués au combat, Oron Shaul et Hadar Goldin.
« Le Hamas en endosse la totale responsabilité, et nous espérons que la communauté internationale passera à l’acte contre ce comportement. De son côté, Israël continue à agir de manière à permettre leur rapatriement dans le pays qui est le leur », a-t-il dit. « C’est un drame humanitaire, et le chantage et autres ruses susceptibles d’être employés n’auront aucun impact sur la conduite qui est la nôtre. »