L’Ukraine attend un changement de positionnement d’Israël, dit un proche de Zelensky
David Arakhamia, chef de l'équipe chargée des négociations à Kiev, déclare que le président considère l'État juif comme modèle pour la reconstruction de l'Ukraine
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
![Le Premier ministre Naftali Bennett (G), le président ukrainien Volodymyr Zelensky (C) et le président russe Vladimir Poutine. (Crédit : Combo/AFP) Le Premier ministre Naftali Bennett (G), le président ukrainien Volodymyr Zelensky (C) et le président russe Vladimir Poutine. (Crédit : Combo/AFP)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2022/05/05.02-benzelput-640x400.jpg)
Un haut-conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky déclare que l’Ukraine espère qu’Israël changera son positionnement à l’égard de l’Ukraine et de la Russie, alors que les forces du Kremlin continuent leur assaut.
« Bien sûr, nous espérons », déclare au Times of Israel David Arakhamia, le conseiller à la tête de la délégation chargée des négociations.
« La demande numéro un est de cesser de bloquer les ventes d’armes à l’Ukraine », explique Arakhamia lors d’un entretien téléphonique. « Les drones kamikazes israéliens sont parmi les meilleurs au monde et nous avons besoin d’en acquérir ».
Israël a cherché à conserver ses canaux de communication avec la Russie et avec l’Ukraine depuis que le président russe, Vladimir Poutine, a ordonné à ses forces d’envahir le pays, le 24 février. Bennett s’est entretenu au téléphone pendant les premières semaines de la guerre avec Poutine et avec Zelensky, tentant d’exploiter les liens de travail qui unissent l’État juif aux deux pays pour pouvoir servir d’intermédiaire dans la négociation d’un cessez-le-feu.
En même temps, Israël a rejeté les demandes soumises par Kiev et par l’Occident qui réclamaient des équipements miliaires, et notamment des batteries antimissiles, dans le cadre de sa politique visant à préserver les relations de Jérusalem avec Moscou. Israël a fait parvenir à la place cent tonnes d’aide humanitaire, installant aussi pendant six semaines un hôpital de campagne dans l’Ouest du pays en guerre.
« Nous apprécions les tentatives [de médiation] du Premier ministre Bennett mais nous estimons qu’elles n’ont pas réussi », regrette Arakhamia. « Nous sommes prêts à nous rencontrer n’importe où et, bien sûr, à Jérusalem. »
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Arakhamia souligne les propos explosifs tenus par le ministre russe des Affaires étrangères sur le « sang juif » de Hitler et sur la complicité présumée des Juifs dans la Shoah comme raisons potentielles pour Jérusalem de repenser son approche.
« Je sais qu’Israël est le pays de nombreux Juifs, notamment d’anciens russes », note-t-il. « C’est dur pour vous de trouver le juste équilibre. Mais aujourd’hui, après que Lavrov a fait la démonstration de l’attitude de la Russie à l’égard des Juifs, j’espère vraiment qu’Israël va choisir son camp et agir en conséquence ».
Arakhamia, qui fait partie du premier cercle de Zelensky, affirme que le leader ukrainien considère Israël comme un modèle pour l’avenir du pays, après la guerre.
Nous utilisons Israël comme modèle pour imaginer et reconstruire le nouveau pays
« Ses racines juives sont bien en place », dit Arakhamia avec un sourire. « Il parle beaucoup du modèle de vie israélien, du mode de vie du pays, avec ce risque permanent d’être attaqué. Nous utilisons Israël comme modèle pour imaginer et reconstruire le nouveau pays ».
« Nous aurons besoin de son expertise et de son histoire pour éviter les erreurs et pour aller plus rapidement de l’avant », continue-t-il.
Arakhamia souligne le facteur humain – considéré depuis longtemps comme l’un des atouts d’Israël face à ses adversaires – disant qu’il est essentiel à la victoire, sur le champ de bataille, de l’Ukraine aux prises avec l’armée russe, bien plus importante.
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« Nous protégeons notre terre alors que des étrangers sont entrés dans notre pays », explique-t-il. « Notre motivation est au moins cinq fois plus forte que la leur. De plus, la majorité des combattants ont un ou deux diplômes universitaires et ils apprennent donc plus vite, ils ont l’esprit critique, ils peuvent faire des recherches sur Google pour résoudre un problème et trouver par eux-mêmes la solution ».
Les civils ukrainiens sont enrôlés dans l’effort de guerre, formant des groupes de bénévoles pour effectuer diverses tâches – communication sur les réseaux sociaux, exploitation de drones civils, divers approvisionnements ou suivi des réfugiés.
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L’ambassadeur israélien en Ukraine, Michael Brodsky, se trouve à Kiev cette semaine, évoquait avec les responsables ukrainiens le rôle que pourra tenir l’État juif dans la reconstruction du pays.
« Israël veut prendre part à ces efforts », a déclaré Brodsky. « Nous avons identifié les principaux secteurs dans lesquels nous pourrons apporter une contribution – la santé, la sécurité nationale, l’agriculture, la gestion de l’eau et même les infrastructures ».
Arakhamia, qui dirige aussi le parti Serviteur du peuple de Zelensky au parlement, déclare qu’il a remarqué que le leader du pays a changé – il était acteur et comédien avant d’entrer en politique – dans les trois mois qui se sont écoulés depuis le début de la guerre.
« Il est devenu plus fort, plus dur, il a gagné en gravité », dit Arakhamia.
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Arakhamia explique au Times of Israel que des dizaines de soldats juifs se sont battus dans l’usine Azovstal assiégée, à Marioupol.
« Il y a environ 40 héros juifs qui ont protégé Azovstal », dit-il.
L’une des unités qui se trouvait encore ce week-end dans l’usine est le régiment Azov, une formation accusée, depuis sa mise en place en 2014, d’être proche de l’idéologie néo-nazie. Ces accusations ont été au centre des justifications apportées par Vladimir Poutine à son invasion de l’Ukraine et le président russe avait indiqué, au tout début de la guerre, que l’objectif poursuivi par son armée était de « démilitariser » et de « dénazifier » le pays.
L’unité s’était intégrée en 2014 dans la Garde nationale et les responsables ukrainiens insistent sur le fait que le régiment s’est entièrement professionnalisé depuis.
Arakhamia nie avec force les accusations de néo-nazisme visant le régiment Azov. « Ces accusations sont absurdes » déclare-t-il. « Nombreux sont ceux qui connaissent ces soldats et qui trouvent ces accusations offensantes ».
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Le complexe de l’usine Azovstal a été le dernier bastion de résistance des Ukrainiens à Marioupol. L’usine, avec son réseau de tunnels et de bunkers, a abrité des centaines de soldats et de civils pendant un siège qui a duré une semaine. Des dizaines de civils ont été récemment évacués.
Lundi, ce sont des centaines de combattants qui ont été évacués vers des secteurs contrôlés par les séparatistes soutenus par les Russes alors que les responsables œuvraient à faire partir les personnes qui restaient, signalant le début de la fin d’un siège devenu le symbole de la résistance ukrainienne.
La Russie a évoqué, de son côté, « une reddition de masse », tandis que les Ukrainiens ont évité d’utiliser cette formule – disant que la garnison avait terminé sa mission.
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La capture complète de l’usine marquerait un tournant significatif. Elle offrirait à la Russie sa plus grande victoire dans cette guerre et elle pourrait aider à libérer des forces pour des actions offensives dans le cœur industriel de l’Est de l’Ukraine, qui est actuellement attaqué par les soldats russes.
L’un des soldats juifs évoqués par le conseiller de Zelensky avait diffusé une vidéo, la semaine dernière, appelant Israël à venir au secours de la garnison assiégée à Azovstal.