Israël en guerre - Jour 435

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L’un des rabbins de la ‘liste noire’ est ravi de se retrouver en bonne compagnie

Le rabbin moderne orthodoxe Adam Scheier a expliqué que le problème n'était pas de faire partie de la liste du Grand-Rabbinat, mais de l’existence même de cette liste

Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

Le rabbin Adam Scheier, grand rabbin de la plus ancienne synagogue de tradition ashkénaze du Canada, la communauté Shaar HaShomayim, et membre de la 'liste noire' du Grand-Rabbinat. (Autorisation)
Le rabbin Adam Scheier, grand rabbin de la plus ancienne synagogue de tradition ashkénaze du Canada, la communauté Shaar HaShomayim, et membre de la 'liste noire' du Grand-Rabbinat. (Autorisation)

Le rabbin de la synagogue orthodoxe de Leonard Cohen à Montréal est l’un des 16 rabbins dont le nom figure sur la ‘liste noire’ compilée par un bureaucrate au Grand-Rabbinat d’Israël. Désormais, le rabbin Adam Scheier, grand rabbin de la plus ancienne synagogue de tradition ashkénaze du Canada, la communauté Shaar HaShomayim, n’est plus considéré apte à attester de la judéité d’une personne.

Cette liste a été obtenue du rabbinat après une longue bataille juridique menée par Itim, une organisation à but non-lucratif qui guide les Israéliens à travers la bureaucratie religieuse israélienne. Le rabbin Seth Farber, directeur d’Itim, a déclaré dans un éditorial qu’elle a « déclenché un tollé en Israël et dans le monde ».

Faisant suite à la récente crise sur le gel d’un compromis qui aurait facilité la création d’un espace de prière égalitaire au mur Occidental, et un projet de loi très strict sur la reconnaissance des conversions, il en fallait peu pour excéder une Diaspora déjà en rogne.

Dans une conversation avec le Times of Israël lundi, Scheier a indiqué qu’il n’était pas surpris de se retrouver sur cette liste.

« Chacun sait que le Grand-Rabbinat d’Israël accepte et rejette capricieusement les rabbins pour plusieurs domaines, notamment celui de la judéité et des conversions », a déclaré Scheier.

« « Chacun sait que le Grand-Rabbinat d’Israël accepte et rejette capricieusement les rabbins pour plusieurs domaines. »

Scheier a déclaré qu’il ne connaît pas ni ne cherche les raisons pour lesquelles il figure sur cette liste, et n’a pas connaissance d’un cas d’un immigrant n’ayant pas été approuvé par le Rabbinat suite à son « inacceptabilité ».

Depuis qu’il a pris ses fonctions en 2004, Scheier a rédigé « des dizaines et des dizaines » de certificats de judéité pour ses fidèles désireux d’immigrer en Israël.

« Je n’ai été ni surpris ni déçu d’avoir été inclu dans cette liste avec d’autres rabbins pour lesquels j’ai un grand respect. Je choisirais de rester sur cette liste avec mes collègues et amis, des rabbins véritables honorables. Je préfère figurer sur cette liste que figurer sur n’importe quelle liste acceptable aux yeux du rabbinat », a déclaré Scheier.

Scheier est diplômé de la yeshiva libérale orthodoxe Chovevei Torah (YCT) fondée en 1999 par le rabbin Avi Weiss, créateur d’une « Orthodoxie ouverte », qui a déjà eu des disputes avec le rabbinat israélien.

Maharat Rachel Kohl Finegold, de Montréal. (Autorisation)
Maharat Rachel Kohl Finegold, de Montréal. (Autorisation)

Scheier est également relié à Weiss par sa femme, Rabba Abby Scheier, diplômée du séminaire des rabbins pour femmes Yeshivat Maharat. Selon le site de Shaar HaShomayi, Scheier est « fier d’être le rabbin de la première synagogue à employer une diplômée de la Yeshivat Maharat », la Maharat Rachel Kohl Finegold.

Cependant, Scheier doute que ce sont ses liens avec Weiss, la YCT et la Yeshivat Maharat qui l’ont envoyé sur la liste noire. « Je ne sais pas ce qui aurait pu me placer sur cette liste, que ce soit en tant que dirigeant ou que ce soient mes centres d’intérêts. »

« Je ne pense pas que quiconque soit puisse deviner quel est le critère du Grand-Rabbinat », a-t-il déclaré sèchement. « Le minimum que le gouvernement israélien et ses citoyens devraient exiger, c’est de la transparence. La transparence est la marque de fabrique d’un bon dirigeant. L’opacité dont fait preuve le Grand-Rabbinat ne devrait pas être autorisée et il devrait immédiatement révéler ses critères. »

En tant qu’éducateur juif, Scheier est un fervent défenseur de l’étude de la Torah. Avant de diriger la communauté de Montréal, Scheier a contribué à la création et au développement de la première yeshiva orthodoxe en Allemagne d’après-guerre.

À Montréal, il est très aimé par sa communauté. Quand la liste a été divulguée, ils ont pris soin de « faire connaître officiellement leur consternation au consul général d’Israël pour le Québec et les provinces de l’Altantique, Ziv Nevo-Kulman ».

Dans la lettre, qui stipule clairement que la liste noire concerne uniquement le statut religieux, et non pas la citoyenneté israélienne, sa communauté demande des excuses de la part du « Grand Rabbin David Lau à l’intention du rabbin Scheier et des 159 autres rabbins, pour avoir publiquement discrédité leur position rabbinique ».

Le rabbin ashkénaze David Lau, à gauche, et le rabbin sépharade Yitzhak Yosef lors d'une cérémonie de Nouvel An au siège national de la police israélienne à Jérusalem, le 7 septembre 2015 (Crédit :Yonatan Sindel/Flash90)
Le rabbin ashkénaze David Lau, à gauche, et le rabbin sépharade Yitzhak Yosef lors d’une cérémonie de Nouvel An au siège national de la police israélienne à Jérusalem, le 7 septembre 2015 (Crédit :Yonatan Sindel/Flash90)

De même, la communauté a appelé le Grand-Rabbinat d’Israël « à s’excuser officiellement auprès de la communauté Shaar HaShomayim pour ses actions qui portent atteinte à nos membres et à nos dirigeants spirituels. »

Enfin, la lettre appelle « le Premier ministre Benjamin Netanyahu à prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que les Juifs de la Diaspora ne soient plus confrontés à un rejet systématique de la part du bureau du Grand Rabbin ».

Scheier a témoigné sa gratitude suite à la solidarité dont sa communauté a fait preuve, il est remercié pour ses efforts dans la prise de conscience sur le problème clivant encouragé par le Rabbinat israélien, à déterminer qui est habilité à attester de l’identité juive d’une personne.

« Ce ne serait pas une avancée que de retirer mon nom et de laisser le système fonctionner ainsi »

« Je pense que les problèmes vont bien au-delà du fait que mon nom figure sur cette liste. Le problème, ce n’est pas moi… Ce ne serait pas une avancée que de retirer mon nom et de laisser le système fonctionner ainsi », a déclaré Scheier.

Bien qu’il n’attende aucune excuse de la part du Grand-Rabbinat, il en a déjà reçu un bien plus riche de sens de la part de quelqu’un qu’il respecte.

« L’un des plus puissants messages que j’ai reçus étaient de l’un de mes enseignants en Israël, qui a simplement écrit sur mon mur Facebook et sur celui des autres rabbins, ‘seli’ha’ (pardon). Et c’est le sentiment que nous percevons de la part des Israéliens », a affirmé Scheier.

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