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Paix israélo-palestinienne : Les pays arabes et l’UE dévoilent un plan d’incitation

L'artisan européen de cette initiative souligne que l'effort vise à montrer aux deux parties tous les avantages dont elles bénéficieront en signant un accord

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le roi saoudien Salmane, à droite, recevant le dirigeant de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas après son arrivée à Riyad, en Arabie saoudite, le 20 décembre 2017. (Crédit : al-Ekhbariya via AP/Dossier)
Le roi saoudien Salmane, à droite, recevant le dirigeant de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas après son arrivée à Riyad, en Arabie saoudite, le 20 décembre 2017. (Crédit : al-Ekhbariya via AP/Dossier)

Presque 30 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) et du Moyen-Orient se sont réunis en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, lundi, pour dévoiler une nouvelle initiative qui vise à redonner vie au processus de paix israélo-palestinien, moribond depuis longtemps.

L’initiative, le « Peace Day Effort » a été imaginée et soutenue par l’UE, l’Arabie saoudite, la Ligue arabe, l’Égypte et la Jordanie, qui ont convenu lors de l’événement de mettre en place « une enveloppe de soutien à la paix » dans les prochains mois qui optimisera les bénéfices que pourront tirer les Israéliens et les Palestiniens d’une paix qui mettrait fin à des décennies de conflit.

Les participants ont décidé de former trois groupes de travail qui seront chargés d’élaborer les composantes qui seront incluses dans cette enveloppe. Un groupe travaillera sur des mécanismes potentiels qui seront mis en œuvre, au lendemain de la paix, aux niveaux politique, régional et au niveau de la coopération sécuritaire. Un deuxième groupe mettra au point des propositions de coopération économique dans des secteurs tels que le commerce, les investissements, l’innovation, le transport, les ressources naturelles et l’environnement. Le troisième, pour sa part, œuvrera à soumettre des propositions de coopération dans les dossiers humanitaires, inter-culturels et de sécurité humaine.

Les pays participant à cette initiative ont également convenu d’évaluer les progrès réalisés dans leur tâche tous les trois mois, avant de présenter leur enveloppe finale vers le mois de septembre 2024.

L’artisan de cette initiative, le représentant spécial de l’Union européenne au processus de paix du Moyen-Orient, Sven Koopmans, a déclaré lors d’un entretien, dimanche, que les pays contributeurs « imaginent (…) les contributions que tout le monde dans la région et sur le globe, pourrait apporter dans le cadre d’un accord de paix ».

Il a clairement établi que les partenaires et les soutiens de ce « Peace Day Effort » ne tentaient pas de négocier un accord de paix israélo-palestinien dans la mesure où seules les deux parties intéressées pouvaient le faire. « Ce que nous commençons aujourd’hui à faire, c’est tenter de dire que ‘si vous trouvez un accord (…) c’est ainsi que nous contribuerons en tant que pays voisins, en tant qu’amis et tant qu’amis futurs et potentiels dans ce cadre de la paix. »

Sven Koopmans. (Crédit : Tweede Kamer der Staten-Generaal/Wikipedia)

L’envoyé de l’UE a indiqué que l’enveloppe comprendrait des incitations en direction des gouvernements syrien et libanais pour les amener à accepter la possibilité de faire la paix avec Israël, sans fournir plus de détails.

Avec un gouvernement de la ligne radicale et opposé à la solution à deux États à Jérusalem et avec un leadership palestinien plus faible que jamais qui s’accroche au pouvoir à Ramallah, Koopmans a admis que les pourparlers de paix n’étaient guère une probabilité à court terme.

« Il y a encore beaucoup de choses que les amis et les amis potentiels des deux côtés peuvent faire pour préparer le terrain », a-t-il ajouté.

Le haut-responsable européen a déclaré que Bruxelles continuait à promouvoir une politique qui s’oppose à la présence d’Israël en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Néanmoins, l’initiative qui a été dévoilée lundi se concentre sur des incitations positives susceptibles de séduire les deux parties, sans opter pour l’approche punitive.

« Cet effort en particulier, c’est 100 % d’incitations positives. Ce qui ne signifie pas que toute la politique de l’Union européenne se résume à cela », a fait remarquer Koopmans.

Ce « Peace Day Effort » vient également renforcer une offre soumise par l’UE, en 2013, qui avait voulu présenter « une enveloppe sans précédent de soutien politique, sécuritaire et économique aux deux parties en conflit, qui sera mise à leur disposition une fois qu’un accord de paix aura été signé. Les dispositions précises de cette offre n’avaient jamais été révélées dans le détail et la formation des trois groupes de travail donnera aux parties en lice l’opportunité de le faire, a noté Koopmans.

Le diplomate a ensuite fait part de son espoir que le projet puisse ouvrir le débat, en Israël, sur la manière dont le pays souhaite mettre un terme au conflit. « Avec cette initiative, nous espérons pouvoir apporter une contribution à ce débat », a-t-il continué.

Si Koopmans a cherché à dépeindre l’initiative comme un geste amical à l’égard des deux parties en conflit, un grand nombre des intervenants, lors de la réunion de lundi, ont profité de l’occasion pour largement critiquer la politique israélienne mise en œuvre à l’égard des Palestiniens.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry et son homologue jordanien, Ayman Safadi ont souligné la nécessité de mettre un terme « aux actions unilatérales » au-delà de la Ligne verte, comme les constructions dans les implantations, les démolitions d’habitations palestiniennes, l’expulsion de familles palestiniennes ainsi que les violations faites au statu quo dans les lieux saints de Jérusalem.

Prenant la parole après les deux chefs de la diplomatie, le ministre des Affaires étrangères saoudien, Faisal ben Farhan, a indiqué que Ryad avait choisi d’apporter son soutien à l’initiative en raison des violences continues sur le terrain et du fait que l’espoir de voir un jour une solution à deux États mise en œuvre dans le conflit s’amenuise chaque jour davantage. Ainsi, l’initiative prise lundi vise à « redonner de l’espoir » aux Palestiniens, à les aider à croire qu’une paix est possible, a continué le haut-responsable saoudien qui a ajouté que la rencontre avait été organisée en coordination avec les dirigeants palestiniens.

Les intervenants – et notamment Farhan – ont souligné leur soutien à l’Initiative de paix arabe (API) – ce qui met en exergue les contradictions qu’il peut y avoir dans l’approche de Ryad qui est actuellement engagée dans des pourparlers avec l’Administration Biden concernant un accord de normalisation potentiel avec Israël. L’API prévoit que le monde arabe normalisera ses liens avec l’État juif lorsque ce dernier aura accepté une solution à deux États pour résoudre le conflit mais pas avant.

Pourtant, la décision prise par Ryad de co-diriger le « Peace Day Effort » est la dernière d’une série d’initiatives prises pour renforcer l’engagement du royaume sur la question du conflit israélo-palestinien et pour démontrer que l’Arabie saoudite reste attachée à la cause palestinienne, même si elle négocie actuellement avec l’Administration Biden.

Au début du mois, Ryad avait accueilli une délégation de l’Autorité palestinienne (AP), assurant à ses membres que Ryad « n’abandonnera pas » la cause palestinienne, même si le pays évoque actuellement une possible normalisation des liens avec Israël, avaient indiqué un officiel américain et un responsable arabe au Times of Israel, la semaine dernière.

Il y aura des discussions de suivi entre les responsables américains, israéliens, palestiniens et saoudiens en marge de l’Assemblée générale de l’ONU au sujet d’un potentiel accord de normalisation, mais il faudra à Ryad probablement plusieurs mois pour examiner le dossier avant de soulever des questions spécifiquement liées aux Palestiniens dans ses pourparlers avec l’Administration Biden, selon les deux responsables.

L’ambassadeur saoudien Nayef Al-Sudairi , à gauche, présentant ses lettres de créance au conseiller diplomatique de l’Autorité palestinienne Majdi al-Khalidi, à l’ambassade palestinienne, en Jordanie, le 12 août 2023. (Crédit : Wafa)

Le mois dernier, l’ambassadeur saoudien en Jordanie a commencé à servir comme ambassadeur non-résident auprès des Palestiniens – une première pour Ryad – ainsi que comme consul-général non-résident à Jérusalem.

Les États-Unis ont, eux aussi, envoyé un représentant lors de cet événement ministériel. C’est Barbara Leaf, secrétaire-adjointe d’État aux Affaires du Proche-Orient, qui y a assisté au nom du secrétaire d’État Antony Blinken.

Washington n’est pas particulièrement enthousiaste face à cette idée, selon les deux sources proches du dossier qui ont ajouté qu’elle brouillait les efforts de négociation actuellement livrés par les États-Unis concernant la conclusion d’un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite. Ils ont aussi noté que le Forum du Néguev, qui rassemble Israël et les États arabes partenaires du pays, ont d’ores et déjà mis en place des groupes de travail qui ont pour mission de faire avancer la coopération régionale dans un grand nombre des secteurs qui ont été évoqués lundi.

Leaf rencontrera aussi le Premier ministre de l’AP Mohammed Shtayyeh, a confié un responsable israélien au Times of Israel, lundi.

Netanyahu s’entretiendra en face à face avec le président Joe Biden dans la journée de mercredi et l’administration réfléchit également à la possibilité d’une réunion de suivi dans le Bureau ovale à l’avenir, selon un haut-responsable israélien.

Si l’administration avait cherché à associer cette rencontre avec le Premier ministre israélien à des échanges similaires entre Biden et le président de l’AP, Mahmoud Abbas, aucun projet de ce type n’est actuellement envisagé dans le sillage des recents propos antisémites de ce dernier, tenus au début du mois.

Le roi saoudien Salmane, à droite, recevant le dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas après son arrivée à Ryad, en Arabie saoudite, le 20 décembre 2017. (Crédit : Al Ekhbariya via AP/Dossier)

Le secrétaire-général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit, le chef de la politique étrangère de l’UE Josep Borrell, et Rosemary DiCarlo, bras droit du secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, ont également pris la parole lors de cet événement.

Aucun responsable israélien ou palestinien n’a été invité à cette occasion, la réunion étant consacrée à la nécessité de rassembler les parties qui contribueront à l’enveloppe « de soutien de la paix ». Les soutiens de l’initiative discutent toutefois avec les deux parties pour savoir ce qu’elles aimeraient voir figurer dans l’enveloppe, a noté Koopmans.

L’initiative sera évoquée en profondeur dans les réunions que Borrell aura avec le ministre des Affaires étrangères israélien, Eli Cohen, et son homologue palestinien, Riyad al-Maliki, a ajouté Koopmans.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a refusé de répondre à une demande de réaction concernant le positionnement de Jérusalem face au « Peace Day Effort ». L’ambassadeur palestinien aux Nations unies, Riyad Mansour, n’a pas non plus donné suite à une demande de commentaire.

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