Plus de 12 000 personnes sur le mont du Temple vendredi sans présence policière
La police a rejeté les accusations de la municipalité de Jérusalem, qui l'accuse d'avoir fermé les yeux sur ce rassemblement de masse en plein pandémie
Plus de 12 000 fidèles musulmans ont afflué vers le mont du Temple vendredi, selon des estimations des médias israéliens, qui a souligné l’absence de surveillance policière face à cette foule, alors qu’Israël amorce son second déconfinement.
Les vendredis sont régulièrement marqués par d’importants rassemblements dans la Vieille Ville de Jérusalem, mais cette semaine a enregistré un record, à l’occasion de la fête musulmane du Mawlid, la date anniversaire de la naissance du prophète Mahomet.
De plus, les milliers de personnes présentes ont également protesté contre le discours d’hommage à Samuel Paty du président français Emmanuel Macron, défendant le droit à la caricature au nom de la liberté d’expression, après la décapitation le 16 octobre par un islamiste de l’enseignant français qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète de l’islam, en plein procès de l’attentat de 2015 contre Charlie Hebdo.
Des images montrent que les fidèles n’observaient aucune distanciation sociale et que le port du masque n’était pas généralisé.
La municipalité de Jérusalem a publié un communiqué accusant la police de n’avoir pas empêché ce rassemblement de masse. « En plein contexte de restrictions destinées à enrayer la chaîne de contamination, et particulièrement dans la communauté arabe, nous sommes consternés par la décision d’autoriser des milliers de personnes à ce rassembler au mont du Temple. C’est complètement irresponsable », a déploré la ville.
La police a réagi avec son propre communiqué, affirmant qu’aucune décision ignorant ce rassemblement n’avait été prise. « Au début du rassemblement, durant les prières, des milliers de fidèles ont respecté les directives. Ce n’est qu’à la fin de la prière qu’un rassemblement serré a eu lieu, suivi d’une procession de masse… conduisant les forces de police à entrer sur la place de la mosquée et à disperser la foule tout en arrêtant trois suspects. »
תיעוד: אלפי מתפללים שיצאו ממסגד אל-אקצא ביום שישי הפגינו ברחבת הר הבית נגד נשיא צרפת מקרון@moyshis #חדשותהערב pic.twitter.com/80VXOtSeTX
— כאן חדשות (@kann_news) November 1, 2020
« Il n’y a de dieu que Dieu, Macron est l’ennemi de Dieu » ou « Mahomet, ta nation ne cédera pas », ont scandé des manifestants sur le mont du Temple, troisième lieu saint de l’islam.
Lors de son sermon, le cheikh Ekrima Sabri a dit tenir le président français responsable « pour les actes de violence et le chaos en France en raison de ses déclarations provocantes contre l’islam », en référence à plusieurs attaques meurtrières perpétrées récemment en France dont la dernière jeudi dans une basilique à Nice.
Depuis, des manifestations contre M. Macron et des appels au boycott de produits français ont eu lieu dans plusieurs pays à majorité musulmane.
L’islam, dans son interprétation stricte, interdit toute représentation de Mahomet.
L’autorité religieuse islamique qui administre le mont du Temple à Jérusalem avait ordonné début septembre sa fermeture à partir de vendredi suite à un pic de cas de coronavirus, avant de faire finalement marche arrière quelques heures plus tard et décider qu’il restera ouvert, en raison d’une controverse apparente sur la question de savoir si les visites juives se poursuivraient pendant la fermeture.
Ce bouclage aurait coïncidé avec les trois semaines de confinement national en Israël, qui contrôle les entrées au lieu saint.
Le Waqf est parrainé par la Jordanie, qui est gardienne de l’enceinte, connue par les musulmans sous le nom de Haram al-Sharif, ou Sanctuaire sacré, et par les Juifs sous le nom de mont du Temple, où se trouvaient les temples bibliques. C’est le troisième site le plus saint de l’islam et le plus saint du judaïsme.
Avec sa décision initiale de mercredi, ce n’était que la deuxième fois que le Waqf décidait de fermer l’enceinte depuis la prise de Jérusalem-Est par Israël lors de la guerre des Six Jours de 1967 – la première fois ayant eu lieu en mars, également en réaction à la pandémie.
Les Juifs entrent régulièrement sur le mont du Temple, bien qu’ils ne soient pas autorisés à prier dans l’enceinte. Les responsables palestiniens décrivent souvent ces groupes comme des « invasions de colons ».
Israël a précédemment bloqué l’accès au site disputé, qui est au centre des aspirations palestiniennes à la création d’un État.
L’AFP a contribué à cet article.