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Quel impact après la fermeture d’usines de nourriture casher en Chine ?

Si la production pour Pessah n'a pas beaucoup été affectée par la crise, la fermeture d'usines de la deuxième économie du monde a des répercussions sur le secteur

Sur cette photo du 27 février 2020, un employé contrôle les yaourts qui sortent de la chaîne de production de l'usine de produits laitiers à Pékin. Des journalistes ont été invités dans usine Mengniu Dairy Co. Ltd. cette semaine pour observer la relance des entreprises après les mesures d'arrêt de presque l'intégralité de la deuxième plus grande économie au monde. (AP Photo/Ng Han Guan)
Sur cette photo du 27 février 2020, un employé contrôle les yaourts qui sortent de la chaîne de production de l'usine de produits laitiers à Pékin. Des journalistes ont été invités dans usine Mengniu Dairy Co. Ltd. cette semaine pour observer la relance des entreprises après les mesures d'arrêt de presque l'intégralité de la deuxième plus grande économie au monde. (AP Photo/Ng Han Guan)

L’industrie de la nourriture casher est devenue une autre victime collatérale de l’impact économique de la pandémie du COVID-19 après l’arrêt d’énormes chaînes de production en Chine, en plein coeur de l’épidémie mondiale.

Des usines casher sont implantées sur l’ensemble du territoire chinois, et elles produisent une grande variété de produits alimentaires. Si l’épidémie ne semble pas avoir fortement affecté les livraisons pour Pessah, elle a entraîné une baisse des activités globales depuis la première apparition du COVID-19 en Chine en décembre dernier.

Le Times of Israël s’est entretenu à la mi-mars avec le rabbin Menachem Genack, chef du département casher de l’Orthodox Union (OU) — peut-être le plus grand groupe de contrôle de la production casher dans le monde. Il a déclaré que l’impact du COVID-19 sur la production de nourriture casher en Chine s’était déjà fortement fait ressentir.

« Ils ont fermé les usines pendant longtemps, a déclaré Genack. Le Nouvel An Chinois est arrivé et [la fermeture] a été prolongée, le gouvernement les a fermées encore plus longtemps » – même si à la mi-mars, « beaucoup d’entre elles, pour ne pas dire toutes, ont rouvert ».

Il y a au moins 1 270 usines certifiées casher en Chine, selon les chiffres recueillis lors des différents entretiens réalisés par le Times of Israël avec des représentants des trois principales organisations de certification – l’OU, KOF-K et Star-K. Une quatrième organisation, OK Kosher, a refusé de répondre à notre demande d’entretien et une cinquième, le Chicago Rabbinical Council, n’a pas répondu à notre demande.

Le rabbin Menachem Genack, chef du département casher de l’Orthodox Union. (Autorisation)

L’OU, basée aux Etats-Unis avec des opérations de supervision aux quatre coins du monde, certifie environ 610 usines en Chine comme étant casher. Leurs exportations vont partout dans le monde – mais principalement aux Etats-Unis, a souligné Genack. S’il n’a pas pu fournir de chiffres sur le volume total de production, Genack a expliqué qu’elles produisent « différents types de produits », dont des légumes, des fruits, des ingrédients et des émulsifiants. Il les a qualifiés de « produits sûrs », en notant que tous les produits entrant aux Etats-Unis devaient être approuvés par le FDA et l’USDA.

« Il y a bien sûr un volume d’échange très important entre la Chine et les Etats-Unis, a indiqué Genack. Les produits alimentaires et les ingrédients en font partie. Depuis que les entreprises américaines ont commencé à aller en Chine, il y a plus de 20 ans, les exportations produites en Chine à destination des Etats-Unis sont très importantes. Et cela concerne aussi bien dans le secteur alimentaire que dans d’autres domaines ».

Selon Genack, les usines qu’OU certifie en Chine représentent environ cinq pour cent des installations supervisées par l’organisation dans le monde.

Genack a déclaré que les mesures prises par la Chine contre le COVID-19 n’ont pas impacté les livraisons de Pessah « parce que la plupart des produits de Pessah étaient déjà prêts ».

Les déclarations d’autres représentants d’agences casher de certification vont également dans ce sens.

« La plupart des [produits de] Pessah ont été préparés bien avant que quiconque n’entende même parler du COVID-19, a déclaré le rabbin Binyamin Berkowitz de KOF-K Kosher Supervision. Cela n’a pas affecté [le mois de mars]. Il y avait bien quelques produits qui posent problème. On peut aisément comprendre que certains produits soient un peu en retard, ce qui serait problématique ».

Le rabbin Binyamin Berkowitz de KOF-K Kosher Supervision à l’usine en Chine. (Autorisation)

KOF-K certifie environ 550 usines en Chine, avec des exportations d’extraits à base de plante, de produits chimiques aromatisés, de produits surgelés de première nécessité et des conserves. Les matières premières produites dans ces usines sont envoyées vers des entreprises dans le monde, notamment aux Etats-Unis et en Europe. Berkowitz a indiqué que ces usines représentent « une part importante de matières premières que nous certifions » parmi les milliers d’usines dans le monde.

Dans un email envoyé une semaine avant Pessah, Berkowitz a noté que les « cargaisons de Pessah n’avaient pas vraiment été affectées, cat elles avaient été produites bien avant la propagation de l’épidémie ».

Cela vaut aussi pour Star-K, selon le rabbin Avrohom Mushell, chef de la certification Extrême-Orient. La production de Pessah dans les centaines d’usines que Star-K certifie est habituellement réalisée au moment de Hanoukka, a déclaré Mushell.

Le rabbin Avrohom Mushell, chef du département Extrême Orient de Star-K. (Autorisation)

« Nous avons bien annulé quelques produits, a reconnu Mushell. Mais la plupart était déjà prêt avant que tout cela n’éclate ».

Star-K travaille avec des usines qui confectionnent une grande variété de produits, notamment des fruits et des légumes exportés sous de multiples formes – en conserves, déshydratés et surgelés. La liste comprend aussi des ingrédients alimentaires et des acidulants.

Mushell a déclaré que Star-K a été affecté non seulement en terme de livraisons, mais aussi dans sa capacité à contrôler la conformité casher des produits.

« Comme vous pouvez l’imaginer, maintenant tout le monde a été contraint à se confiner, a déclaré Mushell. Cela a mis beaucoup d’entre nous dans une situation délicate ».

Star-K, l’OU et KOF-K envoient normalement tous des inspecteurs pour contrôler les entreprises qu’elles certifient. Certains superviseurs casher sont basés en Extrême-Orient, alors que d’autres viennent d’Israël.

« Dans des circonstances normales, nous nous rendons régulièrement dans les entreprises, nous surveillons la production, nous nous assurons que les ingrédients et la production respectent bien les règles de la casheroute, a souligné Mushell. Nous contrôlons tous les ingrédients, les produits, les équipements et nous assurons [que l’usine] produit bien uniquement de la nourriture casher ».

Genack a déclaré que c’est fondamental pour s’assurer que les usines ne travaillent pas aussi avec des articles non-casher, comme des fruits de mer et d’autres produits animaliers.

« Nous envoyons ou nous avons des locaux qui inspectent les [usines] pour nous assurer que tous les standards que nous mettons en place sont respectés, » a expliqué Genack.

Quand Genack a rejoint l’OU dans les années 1980, il ne travaillait pas avec des usines en Chine. Pourtant, a-t-il déclaré, « alors que l’économie mondiale s’améliorait, les entreprises américaines ont commencé à chercher d’autres sources d’approvisionnement » qui se trouvaient « au-delà des frontières des Etats-Unis et de l’Europe ».

Sur cette photo du 27 février 2020, un employé se trouve à côté d’une photo montrant le président chinois Xi Jinping visitant l’usine de produits laitiers Mengniu à Pékin, alors que l’activité dans l’usine commence à reprendre. (AP Photo/Ng Han Guan)

Berkowitz a décrit le KOF-K comme l’une des premières agences de certification casher à travailler avec des usines en Chine. Elle travaille dans le pays depuis plus de 20 ans. « Nous sommes arrivés quand la Chine a commencé à ouvrir le commerce aux étrangers, a-t-il dit. Depuis lors, nous nous sommes développés. Actuellement, le marché est bien chargé en Chine en ce qui concerne la nourriture casher. Nous ne cherchons pas beaucoup de nouvelles [entreprises] mais plutôt à maintenir les anciennes [relations] ».

Alors que les cas de COVID-19 continuent d’augmenter dans le monde, les choses semblent se calmer en Chine ces derniers temps, avec l’espoir d’un redémarrage des activités. « Cela n’a clairement pas été facile. Les choses reviennent à la normale maintenant, mais seulement à un certain niveau de normalité, cela prend du temps. Aux infos, on voit que les cas [en Chine] baissent, ce qui les aide clairement, mais c’est très difficile de savoir [dans quelle mesure] » cela influence la reprise.

Et il se demande dans quelle mesure il pourrait y avoir un après-coronavirus normal.

« Je pense que nous pouvons apprendre une leçon de tout cela. Nous avons vraiment besoin de diversifier le système, a déclaré Berkowitz. On ne sait jamais d’où viendra la pénurie ».

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