Israël en guerre - Jour 431

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Réactions israéliennes après les « scandaleux » propos de Spicer sur la Shoah

Yisraël Katz explique qu'Israël a l'obligation morale de condamner les 'mensonges' concernant l'utilisation d'armes chimiques par Hitler

Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, et le ministre des Transports et des Renseignements Yisrael Katz pendant la réunion hebdomadaire du cabinet, le 24 janvier 2016. (Crédit : Ohad Zwigenberg/Pool)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, et le ministre des Transports et des Renseignements Yisrael Katz pendant la réunion hebdomadaire du cabinet, le 24 janvier 2016. (Crédit : Ohad Zwigenberg/Pool)

Dans une rare condamnation de l’administration américaine de la part des Israéliens, le ministre des Renseignements Yisraël Katz a dénoncé vivement les déclarations faites mercredi par le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer qui a affirmé qu’Adolf Hitler n’avait jamais utilisé d’armes chimiques, les qualifiant de « graves et scandaleuses ». Il a toutefois accepté les excuses présentées par le porte-parole américain.

Dans un post paru sur Twitter quelques heures après que Spicer a dit que le président syrien Bashar Assad était pire qu’Hitler parce que ce dernier ne « s’était même pas abaissé à utiliser des armes chimiques », Katz a estimé que le porte-parole dans la tourmente devait présenter ses excuses ou être contraint à la démission.

« La déclaration faite par Spicer selon laquelle Hitler n’a pas utilisé d’armes chimiques est grave et scandaleuse. Nous avons un devoir moral qui supplante les considérations d’ordre politique. Nous devons demander qu’il s’excuse ou qu’il démissionne », a écrit Katz, ministre de Likud rattaché au puissant cabinet de la Sécurité et considéré comme un rival du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Spicer a stupéfait les journalistes de Washington mardi en affirmant de façon incorrecte qu’Hitler n’avait pas utilisé d’armes chimiques durant la Deuxième guerre mondiale.

« Et vous savez, même quelqu’un d’aussi méprisable que l’était Hitler, ne s’est jamais abaissé à utiliser des armes chimiques », a dit Spicer, tentant d’amplifier l’ampleur de l’horreur de l’utilisation par l’homme fort de Syrie, Bashar Assad, de gaz sarin au cours d’une attaque commise la semaine dernière dans la province d’Idlib.

Sollicité pour expliquer ses commentaires, Spicer a alors émis un certain nombre de clarifications, disant qu’il savait que les Juifs et les autres victimes des nazis avaient été tués dans des « centres de l’Holocauste » dans l’Europe occupée par les nazis, dont un grand nombre dans les chambres à gaz, mais qu’ « en ce qui concerne le gaz sarin, [Hitler] n’a jamais utilisé ce gaz sur sa population de la même manière que le fait Assad [sic]. »

Suite aux vives réactions à ces propos de la part de législateurs démocrates et de groupes communautaires juifs américains, Spicer a présenté des excuses, disant à CNN qu’il avait « utilisé malencontreusement une référence inappropriée et indélicate à l’Holocauste – qui était franchement sans comparaison ».

« Et pour cela, je présente mes excuses. Cette comparaison était une erreur », a-t-il ajouté.

S’exprimant au micro de la radio militaire mercredi matin, Katz a salué les excuses présentées, disant que les commentaires originaux étaient « de simples mensonges ». Soulignant qu’il n’avait pas l’intention d’intervenir dans ce qu’il a qualifié de « débat politique interne », Katz a expliqué qu’il avait le sentiment qu’Israël avait l’obligation de faire une « déclaration claire » sur ces commentaires.

« En tant que ministre au sein du gouvernement d’Israël j’ai eu le sentiment que dans cette affaire, en dépit de la relation étroite et de l’aide apportée par les Etats Unis à Israël, il y a un devoir moral qui va au-delà des considérations diplomatiques », a-t-il expliqué. « Nous avons une obligation qui fait que nous ne pouvons pas ignorer des propos tels que ceux-là ».

Tandis que les commentaires ont suscité quelques autres réactions en Israël alors que la majorité des bureaux gouvernementaux sont fermés pour la fête de Pessah, le député de l’Union sioniste Erel Margalit a appelé le gouvernement à « rompre le silence » et à condamner officiellement les déclarations de Spicer.

Erel Margalit, député de l'Union sioniste, pendant une réunion de la commission des Finances à la Knesset, le 11 janvier 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Erel Margalit, député de l’Union sioniste, pendant une réunion de la commission des Finances à la Knesset, le 11 janvier 2016. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

« Je m’inquiète de l’influence problématique de certains acteurs qui sont entrés récemment à la Maison Blanche et en particulier, des négationnistes de l’Holocauste », a établi Margalit dans un communiqué.

Un porte-parole du Premier ministre a refusé mercredi de commenter les dernières déclarations de Spicer. Mark Zell, avocat à la tête de la branche du Parti républicain en Israël, a déclaré à la radio militaire que cette levée de boucliers était « exagérée. »

Aux Etats Unis, les propos de Spicer ont été promptement dénoncés, perçus comme une tentative de minimiser l’Holocauste, la dirigeante démocrate Nancy Pelosi et d’autres ont réclamé le renvoi du porte-parole.

Le président américain Donald Trump a été critiqué dans le passé pour n’avoir pas suffisamment pris ses distances avec des groupes d’extrême-droite ou néo-nazis qui avaient rejoint ses soutiens. Son choix de Steve Bannon au poste de stratège en chef avait irrité une grande partie de la communauté juive américaine en raison de sa grande bienveillance à l’égard du mouvement « alt-right » d’inspiration raciste lorsqu’il était à la barre du site internet d’information Breitbart.

Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump est critiquée pour des propos liés à l’Holocauste et à l’antisémitisme. La Maison Blanche a émis un communiqué lors de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste cette année qui ne mentionnait pas les Juifs. Certains, de plus, ont déploré la lenteur de Trump à dénoncer les agressions antisémites, dont les menaces proférées à l’encontre des centres communautaires juifs.

Répondant au communiqué qui avait été diffusé lors de la Journée internationale de commémoration de l’Holocauste au mois de janvier, le ministre de la Défense Avigdor Liberman avait expliqué que l’omission des Juifs était probablement « un malentendu », même si l’administration Trump a insisté sur le fait que c’était intentionnel.

« Je ne pense pas qu’une démarche diplomatique soit nécessaire ici », avait dit Liberman, ajoutant qu’il « espère » que le communiqué qui sortira l’année prochaine sera rédigé différemment et saura souligner la souffrance des Juifs. Mais « nous ne voulons pas entrer en conflit, ni avec la Maison Blanche ni avec qui que ce soit d’autre », avait-il précisé.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, et le président américain Donald Trump, à la Maison Blanche, le 15 février 2017. (Crédit : capture d’écran YouTube/White House)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, et le président américain Donald Trump, à la Maison Blanche, le 15 février 2017. (Crédit : capture d’écran YouTube/White House)

Prenant la parole après sa première rencontre officielle avec Trump au mois de février, le Premier ministre avait pris la défense du communiqué controversé, arguant que les plaintes émises par la communauté juive américaine étaient « déplacées ».

Durant un point-presse, Netanyahu avait rendu hommage à Trump, disant qu’il était un allié fervent d’Israël et le meilleur ami que la communauté juive pouvait espérer.

« Il n’y a aucun doute sur le fait que le président et son équipe comprennent très bien la signification de l’Holocauste en tant que tentative d’annihiler le peuple juif, et qu’ils réalisent pleinement la centralité de l’Holocauste dans la vie juive », avait-il dit devant les journalistes réunis à la Maison Blanche.

Eric Cortellessa et l’AFP ont contribué à cet article.

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