Selon l’équipe de Trump, le plan n’est pas gravé dans le marbre, et pourtant…
Les responsables US ont dit pouvoir modifier des composantes de la proposition et réfléchir à des suggestions palestiniennes - mais certains aspects semblent non-négociables
WASHINGTON — L’administration Trump a insisté sur le fait que les contours de son plan de paix ne sont pas gravés dans le marbre, a appris jeudi le Times of Israel , ce qui permettrait aux Palestiniens d’être en mesure de proposer des alternatives qui ouvriraient la porte à la tenue de négociations avec Jérusalem.
Même après le dévoilement par le président américain Donald Trump de sa proposition de paix très attendue, mardi, les responsables américains ont indiqué que certains aspects du plan s’apparentaient à un schéma-directeur susceptible d’être modifié au cours des pourparlers directs entre les deux parties.
Mais certains éléments déterminants au niveau territorial paraissent raconter une autre histoire et semblent être non-négociables : 30 % de la Cisjordanie – toutes les implantations juives israéliennes et le secteur de la vallée du Jourdain, ce qui est notable – seraient alloués à Israël quel que soit le scénario.
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L’équipe de Trump a également présenté le projet d’un éventuel état palestinien occupant environ 70 % de la Cisjordanie, déduction faite de la vallée du Jourdain et un réseau d’enclaves éparpillées, incluant ce faisant toutes les implantations et petites parties de terres les reliant entre elles.
Elle a offert aux Palestiniens une capitale dans les banlieues arabes et dans des quartiers partiels situés aux abords de Jérusalem, installés de l’autre côté de la barrière de sécurité israélienne avec la Cisjordanie.
Le plan semble avoir été façonné pour s’adapter au rejet attendu des Palestiniens en imposant un gel de quatre ans des implantations dans les zones allouées au futur état palestinien, pour donner à l’Autorité palestinienne le temps nécessaire pour réfléchir à d’éventuelles négociations.
La formation de l’état dépend de plusieurs conditions que réclamait Netanyahu depuis longtemps – notamment la démilitarisation, la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif et le maintien du contrôle sécuritaire israélien sur la Cisjordanie.
Et l’Autorité palestinienne, qui avait rompu les liens avec la Maison Blanche de Trump en 2017 après l’annonce par ce dernier du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, a, en effet, catégoriquement rejeté l’offre.
« Non, non et non à l’Accord du siècle’, » s’est exclamé le président de l’AP, Mahmoud Abbas. « Jérusalem n’est pas à vendre. Nos droits ne sont ni à vendre, ni à troquer ».
Les Palestiniens, a-t-il promis, enverront la proposition américaine « dans les poubelles de l’Histoire ».
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a vivement recommandé mercredi aux autorités palestiniennes de présenter une « contre-proposition » au plan, qui serait susceptible d’être soutenue par Israël.
Interrogé au sujet de la réaction des Palestiniens au plan de paix devant les caméras de la Treizième chaîne, Pompeo a dit qu’il espérait qu’ils y réfléchiraient et qu’ils la prendraient en compte, puis qu’ils viendraient prendre place à la table des négociations.
« J’espère qu’ils la prendront au sérieux », a-t-il indiqué. « J’espère qu’ils présenteront une contre-proposition si ce qui leur est présenté n’est pas acceptable. C’est ainsi qu’on avance et j’espère qu’ils vont le faire. On verra », a-t-il ajouté.
L’architecte du plan, Jared Kushner, haut-conseiller de Trump et gendre du président américain, a également suggéré que les Palestiniens proposent les changements qu’ils voudraient voir effectués dans le cadre de la conclusion d’un accord final.
« Les Palestiniens peuvent avoir des problèmes avec certains aspects du plan », a-t-il écrit dans une chronique pour CNN. « Mais pour régler les problèmes, ils doivent identifier ce qui, selon eux, mérite d’être amélioré et accepter de négocier avec Israël. L’incapacité à le faire équivaudrait à rater une opportunité qui ne se représentera peut-être plus jamais ».
Même si la proposition donne un certain temps à l’AP pour réfléchir à son positionnement, la composante territoriale du plan ne leur offre pas un tel privilège – dans ces 30 % de la Cisjordanie adjugés à Israël.
C’est ce qu’a laissé entendre aux journalistes, mardi, l’ambassadeur américain au sein de l’Etat juif, David Friedman, lorsqu’il a déclaré qu’Israël pouvait procéder à l’annexion immédiate des implantations conformément aux dispositions du plan – avant de faire marche arrière mercredi, où il a affirmé que Jérusalem aurait besoin de l’approbation d’une commission américano-israélienne pour passer à l’acte.
Pour sa part, Kushner a bien précisé que les Etats-Unis ne donneraient pas le feu vert à une telle initiative avant, au plus tôt, les élections du 2 mars.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait eu l’intention de lancer le processus d’annexion la semaine prochaine – avant l’intervention de Kushner.
Il avait dit aux journalistes, peu après la révélation du plan à la Maison Blanche, qu’il présenterait l’annexion de la vallée du Jourdain et des implantations de Cisjordanie au vote lors de la rencontre du cabinet de dimanche – mais il a été contraint de reculer ultérieurement en raison des propos tenus par Kushner.
Mais toute confusion sur le calendrier de l’annexion potentielle – et nul doute que la situation a été confuse – ne paraît pas invalider le fait que Washington est ouvert à des initiatives israéliennes unilatérales, avant même tout engagement des Palestiniens dans la proposition.
Et ce problème essentiel, semble-t-il, n’est pas un problème que la Maison Blanche estime ouvert aux discussions.
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