Shaked veut une enquête pour crime de guerre contre le porte-parole de Breaking the Silence
La ministre de la Justice a demandé une enquête sur Dean Issacharoff, qui a été filmé disant avoir frappé un manifestant palestinien
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

La ministre de la Justice Ayelet Shaked a déclaré mercredi qu’elle avait demandé au procureur général d’enquêter sur une suspicion de crimes de guerre contre le porte-parole d’une association de gauche qui a été filmé en train d’avouer que pendant son service militaire il avait frappé un manifestant palestinien passif et désarmé qu’il tentait d’arrêter.
Shaked a déclaré à la radio militaire qu’elle souhaitait vérifier que Dean Issacharoff de Breaking the Silence disait la vérité en décrivant cet incident qui se serait produit à Hébron, en Cisjordanie, ou s’il mentait pour discréditer l’armée israélienne.
Breaking the Silence, une association israélienne qui publie des témoignages d’anciens soldats israéliens racontant des violations des droits de l’Homme en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, irrite les responsables israéliens et attire les critiques de ceux qui remettent en cause l’authenticité de ses témoignages, très majoritairement anonymes.
Issacharoff a été filmé il y a deux mois pendant un rassemblement de Breaking the Silence en train de confesser publiquement le moment où il a frappé un Palestinien.
« Le porte-parole de Breaking the Silence se lève et dit qu’il a lui-même commis un crime contre un Palestinien et l’a roué de coups, a dit Shaked. Si c’est vraiment ce qu’il s’est passé, il devrait faire l’objet d’une enquête et être puni. Si cela n’est pas arrivé, l’Etat doit déclarer officiellement que cela n’est pas arrivé. »

Pendant le rassemblement, Issacharoff, officier de l’armée israélienne qui a servi entre 2011 et 2015, a dit comment son unité d’infanterie de la brigade Nahal avait été déployée à Hébron, et faisait régulièrement face à des Palestiniens jetant des pierres.
A une occasion, a-t-il dit, son commandant lui a ordonné de menotter un Palestinien qui résistait passivement à l’arrestation.
« En tant que soldat, je n’ai jamais su comment faire avec quelqu’un qui résistait sans violence », a dit Issacharoff.
Il a ensuite décrit comment, devant ses soldats et son commandant, il avait attrapé le Palestinien par le cou et « a commencé à lui mettre des coups de genou dans le visage et la poitrine jusqu’à ce qu’il saigne et soit étourdi » avant de le traîner.
La version des évènements décrite par Issacharoff a été contestée par les membres de son propre régiment, qui ont publié le mois dernier une vidéo par l’association Réservistes en devoir, une association qui fait campagne contre Breaking the Silence et pour défendre la réputation des soldats israéliens.
Dans la vidéo, les soldats, dont l’ancien commandant d’Issacharoff, disent plusieurs fois qu’il est un « menteur ».
L’ancien commandant d’Issacharoff, le capitaine de réserve Omri Sayner, a également écrit sur Facebook à l’époque : « je ne te permettrai pas de mentir et de discréditer mon nom et celui de mes soldats. »
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.