Israël en guerre - Jour 642

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Sous les frappes iraniennes, les maisons de retraite font de leur mieux pour assurer le calme

Selon les gérants des établissements, la meilleure approche face aux sirènes nocturnes est de laisser leurs résidents, dont bon nombre ont connu plusieurs guerres, continuer à dormir

Illustration : Une femme regarda ses amis, dans une maison de retraite. (Crédit : iStock par Getty Images)
Illustration : Une femme regarda ses amis, dans une maison de retraite. (Crédit : iStock par Getty Images)

Lorsqu’on dirige un foyer accueillant 200 résidents atteints de démence et dont la mobilité est réduite, le plus important pendant une guerre est de maintenir le calme, explique le directeur d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées situé à Jérusalem.

« Mon objectif principal est de ne pas modifier notre programme quotidien », a souligné Avituv Zelkin, le PDG de la maison de retraite Neve Horim, lors d’une récente visite du Times of Israel dans son établissement situé dans le quartier de San Simon, à Jérusalem.

« Je ne veux pas que nos résidents ressentent de stress pendant cette période. »

C’est un objectif ambitieux alors que la plupart des Israéliens voient leur vie quotidienne bouleversée par des sirènes d’alerte plusieurs fois par jour, annonçant des tirs de missiles en provenance d’Iran, suite à l’Opération « Rising Lion » lancée par Israël contre le programme nucléaire iranien le 13 juin. Pour que cela fonctionne dans une maison de retraite qui accueille 200 personnes âgées, dont la plupart sont en fauteuil roulant et sont incontinents, il faut faire preuve de beaucoup de délicatesse.

« Quand l’alarme retentit la nuit, nous ne réveillons pas les résidents », explique Zelkin.

« Le protocole d’urgence consiste à garantir que les résidents se trouvent dans un espace aussi sûr que possible. Imaginez devoir déplacer toutes ces personnes en fauteuil roulant vers l’abri situé au rez-de-chaussée alors que l’utilisation des ascenseurs est interdite pendant une alerte. Nous préférons donc les laisser dormir. »

Avituv Zelkin, PDG de Neve Horim, le 19 juin 2025. (Crédit : Zev Stub/Times of Israel)

Pendant les sirènes diurnes, les résidents en fauteuil roulant sont déplacés vers le centre du bâtiment, loin des fenêtres. Les employés et les résidents qui peuvent marcher seuls peuvent descendre au miklat – abri antiatomique – quand une sirène d’alerte retentit, explique Zelkin.

Toutes les fenêtres du bâtiment ont été traitées avec des matériaux afin d’empêcher le verre de se briser vers l’intérieur en cas d’explosion, poursuit Zelkin. La maison a pris des mesures importantes pour s’assurer qu’elle est prête à faire face à toutes les situations, souligne-t-il.

« Lorsque la guerre a éclaté vendredi à 4 h 30, nous avons tenu une réunion du personnel, ouvert tous les abris et mis en place un éclairage de secours et des réserves d’eau », explique Zelkin.

« Les membres du personnel ont été formés pour savoir quoi faire en toutes circonstances. L’établissement a acheté des réserves supplémentaires de nourriture, de médicaments et d’autres fournitures pour tenir jusqu’à deux semaines en cas de rupture des chaînes d’approvisionnement. »

Fondée en 1870, Neve Horim se présente comme la plus ancienne maison de retraite du Moyen-Orient. De nombreux employés arabes de Neve Horim n’ont pas accès à des abris adéquats chez eux ; ils dorment donc sur place et se tiennent prêts à intervenir en cas d’urgence, précise Zelkin.

« Nous avons donné à nos résidents autonomes la possibilité de parler de leurs craintes avec des assistants sociaux. Je ne ressens aucune panique au sein de l’établissement », ajoute-t-il.

« Pour les personnes atteintes de démence, on ne sait jamais, mais nous ne les poussons pas trop. »

Dans une maison de retraite voisine, conçue pour les personnes plus autonomes, l’approche est généralement laissée à la discrétion des résidents.

La maison de retraite de Neve Horim, le 19 juin 2025. (Crédit : Zev Stub/Times of Israel)

« Quand la sirène retentit, nous faisons le tour des étages et frappons à toutes les portes », explique Yehudit Amrami, directrice de la résidence L.A. Mayer, située dans le quartier de Talbieh, à Jérusalem.

« Ceux qui veulent descendre le font, ceux qui préfèrent rester en haut le peuvent. Nous avons un abri au sous-sol et une autre pièce protégée à un autre étage. Ceux qui ne peuvent pas arriver à temps ont pour consigne de rester dans la cage d’escalier. »

En moyenne, près de la moitié des 42 résidents de cet établissement sortent lorsque la sirène d’alerte retentit, un chiffre qui a augmenté au cours de cette guerre, à mesure que la population prend conscience des destructions causées par les missiles balistiques iraniens.

Des milliers d’Israéliens ont été blessés et 24 ont été tués par ces missiles, même si les systèmes de défense aérienne israéliens en interceptent environ 95 %.

Yehudit Amrami, directrice de la résidence L.A. Mayer, 19 juin 2025. (Crédit : Zev Stub/Times of Israel)

Amrami, qui avait 10 ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale et vivait alors en Allemagne, reconnaît être surprise par la puissance destructrice des missiles iraniens.

« Un seul missile peut aujourd’hui causer autant de dégâts que des heures de bombardements pendant la guerre », déplore-t-elle.

« Je garde en tête l’image d’une personne qui, à Munich, avait décidé de rester dans son lit pendant les bombardements plutôt que de descendre dans l’abri. Le mur extérieur s’est effondré, mais on pouvait voir qu’il était sain et sauf dans son lit. Un mètre de plus, et il serait mort. »

Maintenir une routine

Selon les données du gouvernement, environ 12 % de la population israélienne, soit 1,2 million de citoyens, sont âgés de 65 ans et plus. Les experts estiment qu’environ 3 % d’entre eux, soit environ 36 000 personnes, vivent dans des établissements pour personnes âgées.

À la résidence pour retraités HaMoshava, dans la colonie allemande de Jérusalem, Allen Kessel, un immigrant du New Jersey, explique que son épouse et lui ont pu maintenir leur routine habituelle malgré la guerre.

« Nous restons un peu plus près de chez nous maintenant, afin d’être à proximité en cas d’alerte, mais cela ne nous empêche pas de vivre », dit Kessel.

« De nombreuses activités agréables, comme les concerts et les conférences, ont été annulées, mais mon épouse continue de faire du bénévolat à l’hôpital et de livrer des repas pour Shabbat à des familles. Nous nous sommes adaptés à la situation. Nous suivons les consignes et continuons à vivre normalement autant que possible. »

Allen Kessel, résident de Jérusalem, 18 juin 2025. (Crédit : Zev Stub/Times of Israel)

HaMoshava dispose d’un miklat à chaque étage pouvant accueillir un petit nombre de résidents. Kessel a ouvert la porte de son abri pour dévoiler une grande pièce blanche avec des chaises en plastique alignées le long des murs.

« Ce n’est pas si mal ici », dit-il.

La voisine de Kessel, Miriam Greenwald, ne s’en sort pas aussi bien.

« Je suis trop vieille pour avoir peur », dit-elle, se rappelant qu’elle a vécu toutes les guerres d’Israël depuis qu’elle a immigré dans le pays en 1968.

La maison de retraite HaMoshava, le 19 juin 2025. (Crédit : Zev Stub/Times of Israel)

« Maintenant, il y a davantage un sentiment de balagan [chaos], on se demande quand tout cela va finir. »

Greenwald confie que bien que ses enfants et ses voisins l’aident beaucoup, les sirènes nocturnes lui sont très difficiles à supporter.

« Je manque beaucoup de sommeil, et pour une vieille dame comme moi, c’est le pire qui puisse arriver. »

« À part ça, ça a été très difficile depuis le décès de mon mari. Cette guerre est donc très différente de celles que j’ai connues auparavant. »

Miriam Greenwald, résidente de Jérusalem, le 18 juin 2025. (Crédit : Zev Stub/Times of Israel)

Kessel estime que l’âge et l’expérience de la vie aident à prendre du recul pour gérer l’incertitude.

« Nous avons suffisamment d’expérience pour savoir qu’il y a beaucoup de choses que nous ne pouvons pas contrôler, mais nous pouvons contrôler notre façon de réagir », dit-il.

Kessel conseille aux jeunes de sortir de chez eux, de faire des exercices de relaxation et de pratiquer une activité physique pour conserver un sentiment de normalité. Le plus important est d’éviter de passer trop de temps à regarder les informations ou à consulter les réseaux sociaux, souligne-t-il.

Le conseil de Greenwald à la prochaine génération est plus simple.

« Soyez patients », dit-elle.

« Soyez patients. »

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