Israël en guerre - Jour 471

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Tsahal admet que des casques et des gilets pare-balles peuvent être défectueux

Un nouveau site, lancé discrètement, permet aux soldats de vérifier si leur équipement est conforme, confirmant tacitement les affirmations faites depuis le début de la guerre

Les troupes de sécurité israéliennes lors d'un raid à l'hôpital turc de Tubas, en Cisjordanie, le 3 décembre 2024. (Crédit : Nasser Ishtayeh/Flash90)
Les troupes de sécurité israéliennes lors d'un raid à l'hôpital turc de Tubas, en Cisjordanie, le 3 décembre 2024. (Crédit : Nasser Ishtayeh/Flash90)

JTA – Un nouveau site internet lancé en toute discrétion par l’armée israélienne permet aux soldats de vérifier anonymement si leur équipement est conforme aux normes officielles, admettant ainsi tacitement que les équipements distribués gratuitement sont très répandus et que ceux fournis par Tsahal ne sont pas toujours sûrs.

Il s’agit du dernier développement en date d’un débat qui remonte au début de la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza et qui porte sur la question de savoir si l’armée fournit un équipement de protection adéquat à ses troupes.

L’armée a longtemps affirmé qu’elle fournissait aux soldats tout le nécessaire et qu’elle considérait les équipements fournis comme potentiellement dangereux. Mais elle informe désormais officiellement les soldats que leur vie peut être en danger s’ils utilisent certains équipements de combat fournis par Tsahal.

Par exemple, le site indique que tous les gilets pare-balles en céramique fabriqués avant 2009 et fournis par l’armée doivent être remplacés. Il en va de même pour les casques de protection en métal fournis par l’armée.

Les membres du réseau de bénévoles qui ont fourni aux soldats des équipements d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars tout au long de la guerre tentent depuis longtemps de tirer la sonnette d’alarme : les troupes sont envoyées au combat avec des équipements obsolètes et dangereux. Pour ces observateurs civils, le lancement du site web est une validation de leurs dires.

« La première étape pour résoudre un problème est d’admettre qu’il existe », a déclaré Daniel Mael, qui dirige une campagne de collecte de dons connue sous le nom d’Unité 11 741.

Un gilet pare-balles endommagé, fabriqué en 2007 et remis à un soldat par l’armée israélienne. (Crédit : Unit 11 741 via JTA)

« Il est malheureusement trop tard pour de nombreux soldats qui ont perdu la vie à cause d’un équipement de piètre qualité. Espérons que le site web ouvrira une ère de sensibilisation à la nécessité d’un équipement fiable sur le champ de bataille et que Tsahal commencera à fournir un équipement sûr à tous ses soldats de combat et à ses réservistes. »

Dans la section Questions et réponses du site, l’armée confirme que l’utilisation d’un équipement de mauvaise qualité a eu des conséquences réelles.

« Il y a eu un certain nombre de cas où l’utilisation d’équipements ne répondant pas aux normes de l’armée a causé des blessures au combat, voire pire », peut-on lire sur le site. La déclaration ne précise pas si l’un de ces incidents est lié à l’équipement fourni par Tsahal.

Depuis le lancement des opérations terrestres à la suite du pogrom du 7 octobre 2023 dans le sud du pays perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, plus de 400 soldats israéliens ont été tués et 12 000 autres ont été blessés dans des combats à Gaza, au Liban et sur d’autres fronts.

Le mois dernier, Israël et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah ont conclu un accord de cessez-le-feu pour mettre fin au conflit au Liban et dans le nord d’Israël, mais des attaques sporadiques des deux côtés ont mis la trêve à l’épreuve. Israël maintient une présence militaire importante à Gaza, où il combat les derniers terroristes du Hamas. Les pourparlers entre les deux parties visant à une pause dans les combats, à la libération des otages israéliens détenus à Gaza ainsi que des prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël sont dans l’impasse depuis plus d’un an.

Selon la politique officielle, que l’armée n’a guère fait respecter, il est interdit aux soldats d’accepter des dons. L’une des préoccupations à l’origine de l’interdiction est qu’il est difficile de contrôler la conformité aux normes de sécurité des dons épars faits à des soldats ou à des unités.

Le bureau du porte-parole de Tsahal n’a pas répondu aux questions spécifiques de la Jewish Telegraphic Agency, qui a publié une déclaration présentant le site web comme une réponse à la généralisation des dons d’équipement.

« Au début de la guerre, en raison du volontariat à grande échelle des réservistes, un phénomène est apparu : l’introduction d’équipements non standard dans les unités », indique le communiqué.

« Compte tenu de ce phénomène, la politique de Tsahal concernant la procédure de réception du matériel a été clarifiée, afin de garantir que toutes les vérifications nécessaires soient incluses et de prévenir tout risque d’inefficacité opérationnelle ou de danger pour la sécurité. Fin novembre, le Commandement des Forces terrestres et la division des technologies terrestres du Directorat de la Logistique et des Technologies, ont lancé un site web visant à fournir une solution pour vérifier la conformité de l’équipement. »

Le site invite tout internaute à répondre à une série de questions pour déterminer si un équipement est fiable, sans avoir besoin de s’identifier. Seuls les casques, les gilets pare-balles en céramique et les lunettes tactiques sont pris en compte, ce qui exclut les protections auditives et les uniformes tactiques ignifugés utilisés, par exemple, dans les unités de combat.

Les questions sont les suivantes : L’objet a-t-il été fourni par l’armée ou vous a-t-il été donné ? Quelle est sa date de fabrication ? De quel matériau est-il constitué ? Qui en est le fabricant ? À la fin, les utilisateurs obtiennent l’un des deux résultats suivants : soit le matériel est « conforme », soit il est « non conforme et met votre vie en danger », ce qui signifie que le soldat doit demander un remplacement.

Certains soldats affirment qu’ils ont reçu des équipements plus récents qui ont subi par la suite de graves dommages susceptibles de compromettre leur efficacité. Mais aucune des questions ne porte sur l’état de l’équipement, de sorte qu’un casque en Kevlar neuf, cabossé ou perforé par une balle, passerait le contrôle, comme certains l’ont signalé.

Une cargaison de bottes tactiques achetées grâce à des dons pour les soldats israéliens arrivée à l’aéroport international d’Israël. (Crédit : JTA)

« En gros, ils vous disent : ‘ne vous inquiétez pas, tout va bien’ sur la base de vérifications très superficielles », a déclaré un volontaire civil, qui a demandé à garder l’anonymat pour ne pas mettre en péril ses relations avec des responsables militaires impliqués dans les opérations de coopération.

Jusqu’à présent, l’armée a peu communiqué sur le site web et le nombre de soldats qui l’utilisent n’est pas connu.

Si ce problème a été porté à l’attention du plus grand nombre, c’est probablement grâce à Micha Shtiebel, un réserviste de combat de Tsahal élevé aux États-Unis. Il s’est donné pour mission d’amener l’armée à admettre qu’elle a un problème et à le résoudre, en faisant pression sur les parlementaires et en s’adressant aux médias.

Il a mis à profit l’attention qu’il a suscitée, ainsi que les recherches qu’il a menées, pour nouer des relations avec des services clés de l’armée et du ministère de la Défense. Selon Shtiebel, il a trouvé des alliés parmi les ingénieurs et les scientifiques du Directorat de la Défense, de la Recherche et du Développement de l’armée.

Illustration : Uniformes et gilets pare-balles préparés pour la distribution aux réservistes, le 10 octobre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

« Il s’est avéré que ces personnes étaient déjà conscientes du problème et proposaient des solutions sans jamais obtenir d’approbation », a souligné Shtiebel lors d’une interview.

Il a réussi à obtenir une réunion avec les décideurs pour discuter d’un plan de vérification de l’équipement de protection, et ce plan a été approuvé. Selon Shtiebel, ces tests ont servi de base à la création du nouveau site internet.

Il y a environ deux semaines, l’un de ses contacts au sein du Directorat lui a envoyé un lien vers le site internet.

« Je ne pense pas qu’ils réalisent que je l’ai partagé et qu’il est désormais accessible à tous », a déclaré Shtiebel.

« Ils m’ont dit qu’il s’agissait d’une première version bêta, qu’ils étaient enthousiastes et qu’ils voulaient que je la voie. Je l’ai immédiatement partagée avec tout le monde. »

Shtiebel a indiqué qu’il considérait le site comme une victoire décisive dans sa mission.

« J’ai enfin pu exercer la pression nécessaire pour faire avancer les choses », s’est-il réjoui.

« Ce projet a montré qu’avec une pression suffisante, nous pouvons nous attaquer à ces gros problèmes bureaucratiques », a-t-il ajouté.

« J’aimerais que l’armée renonce à ses pratiques, qu’elle présente des excuses et qu’elle rende des comptes. Mais pour l’instant, j’accepte cette victoire. Elle a au moins le mérite de s’attaquer au problème. »

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