Un an après le drame, la grande Gay Pride colorée de Jérusalem célébrait la tolérance
Il a fallu le meurtre d’une adolescente israélienne l’année dernière pour mobiliser les foules dans une démonstration de diversité et d’acceptation
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Il y a un an, un après-midi, comme cela nous arrive trop souvent à tous dans cette ville dévastée par le terrorisme, nous avons entendu le son d’une ambulance près de nos bureaux, situés dans le centre de Jérusalem. Cependant, de manière inhabituelle, les sirènes se sont faites plus bruyantes et plus proches. Quoi qu’il se passait, cela se passait juste à côté.
Nous savions que la 14e Gay Pride annuelle de Jérusalem était en route, et que son chemin passait rue Keren Hayesod, la route principale qui termine notre petite rue, la rue Washington. Mais nous n’avons pas compris. Quand nous entendons les ambulances, nous avons tendance à nous inquiéter de terroristes palestiniens qui ont utilisé une bombe, un couteau, une voiture. Nous ne nous attendons pas à ce que le terroriste soit un « ultra-orthodoxe » dégoulinant de haine qui a plongé mortellement son couteau dans le corps d’une adolescente israélienne.
Nous avions envoyé un jeune journaliste couvrir le défilé ; il est revenu pour écrire une histoire très différente de celle qu’il pensait rapporter. Il est revenu avec les photos du sang qui avait été répandu autour de lui. Le sang de Shira Banki, 16 ans.
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En faisant son éloge funèbre quatre jours plus tard, le président Reuven Rivlin avait déclaré que Shira « aimait apprécier la vie, elle aimait la vie, et elle croyait en la vie. » Elle était, avait-il continué, « aussi une jeune fille de principes. Elle avait rejoint un défilé au nom des valeurs auxquelles elle croyait : la tolérance, l’égalité, l’espoir, et l’amour. »
Ses parents, Uri et Mika, faisaient le deuil terrible d’une « jeune fille intelligente, belle, douce, curieuse, musicale… Même l’adolescence était passée sur elle avec grâce, et elle s’était épanouie comme une belle fleur. »

Jeudi, chacun dans la ville, et beaucoup plus ailleurs, savait que la 15e Gay Pride annuelle de Jérusalem avait lieu.
Pour beaucoup des 25 000 personnes qui ont participé, un nombre beaucoup plus important que les années précédentes, il avait manifestement fallu l’assassinat atroce de Shira Banki pour rappeler que la Gay Pride de la ville sainte était un défilé dont la résonnance, la pertinence et l’importance allaient bien plus loin que la communauté qui l’organisait. Vous croyez en la bonté envers votre prochain, Hiérosolymitain, homme, femme et enfant ? Alors ce défilé s’adresse aussi à vous.
La police, qui avait criminellement et grotesquement échoué à empêcher le meurtre de Shira Banki, dont le meurtrier avait poignardé trois personnes pendant la Gay Pride de 2005, et avait clamé haut et fort qu’il comptait répéter ce fait quand il serait libéré de prison, trois semaines avant le défilé de 2015, s’est déployée en grand nombre.
Quiconque ressemblait à un ultra-orthodoxe dans la zone où les manifestants étaient rassemblés était soumis à un interrogatoire sévère. (J’ai entendu un policier demander à un jeune homme avec une barbe et une kippa noire, « Etes-vous pour ou contre ? ») Tous les participants étaient fouillés. Les rues de la ville étaient bouclées. Il y avait des policiers armés sur les toits.

A l’endroit où la vie de Shira lui a été ôtée, les participants déposaient des fleurs sur le trottoir et dans les jardinières. Il y avait une photo de la jeune fille de 16 ans, avec cette promesse : « Il est mieux d’enseigner le bien que de condamner le mal. » La foule était solennelle ici, et réticente à avancer.
Mais la plupart du reste du défilé a été festif. Dans les rues, des hommes donnaient la main à d’autres hommes, des femmes à des femmes, des familles, et beaucoup marchaient seul. Il y avait les jeunes et les vieux, les orthodoxes et les laïcs, ceux qui étaient habillés de manière scandaleuse (bravo à cet homme dans un intéressant costume de fourrure rose), ou de manière banale. Vous ne pouviez absolument pas dire quel était le penchant sexuel de ces heureuses personnes.
Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, n’a pas pu se pousser à participer, mais d’autres politiciens étaient présents, représentant la plupart du spectre politique, au moins du Meretz au Likud.
La municipalité avait festonné les rues de drapeaux arc-en-ciel, même s’ils n’étaient pas très grands et pas placés sur les mâts immédiatement adjacents à la Grande Synagogue. L’ambassade américaine avait placé une affiche arc-en-ciel devant son Centre américain.

Un jeune couple masculin, Yohai et Yotam, ont célébré un mariage civil dans le parc où passait le défilé. Un groupe de jeunes orthodoxes a dansé pendant toute la manifestation. Les gens portaient des pancartes de toute sorte.
Ils appelaient à la « fin du racisme et de l’intolérance. » Ils exhortaient le rabbin Yigal Levinstein, qui a qualifié les homosexuels de « déviants », à se repentir. Un panneau déclarait « ensemble contre les crimes de haine ». Un autre, « l’amour gagne toujours ». Il y avait des drapeaux israéliens, et des drapeaux arc-en-ciel, et des drapeaux arc-en-ciel avec une étoile de David blanche cousue en leur centre.
Et une femme tenait une simple petite pancarte, sur laquelle on pouvait lire « Tu ne tueras point ».
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