Un homme du Negev accusé d’avoir immolé sa soeur par le feu
La justice a prolongé la période de détention préventive du jeune homme de 23 ans originaire de la ville bédouine de Rahat, soupçonné de meurtre. Un frère a été accusé d'avoir fait disparaître des preuves
Vendredi, un jeune homme de 23 ans a vu sa détention préventive prolongée de cinq jours. Il est soupçonné d’avoir assassiné sa sœur cadette dans la ville bédouine de Rahat, dans ce qui serait un « crime d’honneur ».
La police a été appelée le 24 février sur les lieux d’un incendie présumé volontaire au foyer familial et est venue au secours de la jeune femme de 19 ans qui se trouvait à l’intérieur. Elle est décédée quelques jours plus tard à l’hôpital.
La police a d’abord cru à un suicide après que l’enquête a conclu que la jeune fille avait été arrosée avec du liquide inflammable. Après une investigation plus poussée, les soupçons se sont portés sur son frère.
Le frère, Mohammed Shurbaji, a été arrêté le 21 mai, soupçonné d’avoir assassiné sa sœur dont l’identité n’a pas été révélée. Trois jours plus tard, le frère aîné de la victime, Halil, âgé de 25 ans, a également été appréhendé pour avoir caché le crime et fait obstruction à la justice.
La police a interrogé les membres de la famille à plusieurs occasions à la suite de cette mort.
Questionné sur son emploi du temps, Mohammed avait affirmé qu’il ne se trouvait pas chez lui au moment de l’incendie.
Lors d’une audience à la Cour des magistrats de Beer Sheva, le juge a estimé qu’en dépit de la gravité des faits, la police n’avait pas suffisamment de preuves et qu’une détention prolongée ne saurait être justifiée.
Les frères ont toutefois été placés pour cinq jours supplémentaires en détention préventive.
« Nous avons appris du tribunal que les preuves collectées par la police ne justifiaient pas la longue prolongation de leur détention que la police avait réclamé », a déclaré Herzl Samila, l’avocat de la défense des deux frères.
« C’est un incident grave, a expliqué le juriste. Il y a une chance que le frère n’ait pas été impliqué et il devra vivre avec le sentiment que la police l’a accusé à tort, ainsi que son frère. »
Le meurtre d’un membre de la famille de sexe féminin, en raison de ce qui peut être perçu comme des imprudences sexuelles ou sociales, est souvent qualifié de « crime d’honneur » et est un acte commun dans de nombreuses parties du monde arabe.
Même si la communauté arabe israélienne forme un cinquième de la population, les femmes arabes représentent la moitié des victimes féminines de meurtre chaque année.

La députée de la Liste arabe unie Aida Touma-Sliman, qui préside la Commission parlementaire sur le statut des femmes et l’égalité des genres, a accusé la police de ne pas en faire assez pour enquêter sur les auteurs de tels meurtres, notant dans un débat de la Knesset au mois de novembre dernier consacré à ce sujet que 15 femmes ont été tuées dans la région de Ramle-Lod en 2016 mais que seulement trois hommes ont été inculpés.
« Quel genre de message est donné à la population et quel genre de message est transmis aux auteurs ? » a-t-elle demandé. « Vous pouvez tuer et vous pouvez repartir libre. Et pour les femmes, c’est un message clair envoyé par la police, celui que personne ne peut vous protéger. »
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