Un Palestinien inculpé pour avoir abattu un étudiant de yeshiva en Cisjordanie
Muntasir Shalabi a été mis en examen pour homicide volontaire suite à la mort de Yehuda Guetta, 19 ans, au carrefour de Tapuah, le mois dernier, et pour tentative d'homicide
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Les procureurs militaires ont émis jeudi un acte de mise en examen dans l’affaire de la mort d’un étudiant israélien, Yehuda Guetta, tué par balle en Cisjordanie. Les coups de feu avaient blessé deux autres adolescents, dont un grièvement.
Muntasir Shalabi a été inculpé par le tribunal militaire de Judée pour homicide volontaire, tentative d’homicide, possession et usage d’une arme sans permis et pour obstruction à la justice.
Shalabi, 47 ans, est soupçonné de s’être rendu en voiture au carrefour de Tapuah, dans le nord de la Cisjordanie, en date du 2 mai et d’avoir ouvert le feu en direction d’un groupe d’étudiants israéliens de la yeshiva de l’implantation voisine d’Itamar. La fusillade avait finalement entraîné la mort de Yehuda Ghetta, 19 ans, grièvement blessé un autre adolescent et plus légèrement un troisième.
Selon les documents de la cour et les procureurs, Shalabi avait décidé de commettre un attentat au carrefour déjà un mois auparavant, mais il avait remis son projet à deux reprises parce qu’il ne se sentait pas bien.
Le jour de l’attaque, il a conduit jusqu’au carrefour après avoir posé une arme à feu sur le siège passager qui était cachée sous un tapis de prière. S’arrêtant devant un arrêt de bus, il a crié « Allah Akhbar ! » et ouvert le feu, continuant à tirer jusqu’à ce que l’arme dysfonctionne et se bloque. Il a fui quand les soldats qui gardaient le carrefour lui ont tiré dessus. Blessé, il est parvenu à s’échapper et s’est réfugié dans la ville d’Aqraba, en Cisjordanie, où il a abandonné son véhicule, qui a été ultérieurement incendié par les habitants alors que les soldats israéliens s’apprêtaient à le saisir.
Shalabi s’est ensuite rendu au domicile d’un proche et a reconnu ce qu’il avait fait, ont noté les procureurs. Il a ensuite été emmené dans une exploitation agricole voisine, où les fermiers lui ont apporté de l’aide. Shalabi est resté caché dans un bâtiment désert de la ferme pendant presque trois jours puis est reparti, quelques heures avant que les forces de sécurité israéliennes n’arrivent elles-mêmes sur les lieux, encerclant le bâtiment.
Shalabi est allé jusqu’à Fasail, dans le nord de la Cisjordanie, où il s’est débarrassé de l’arme et où il a appelé un ami à l’aide. L’ami l’a emmené à Qalandiya où il a pris un taxi pour Ramallah. Là-bas, il s’est coupé les cheveux et a fait une teinture, achetant aussi un nouveau téléphone. Il a retrouvé un autre ami et les deux hommes ont décidé qu’il était préférable qu’il se rende aux forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, plutôt que de tenter d’échapper en permanence aux autorités israéliennes.
Néanmoins, des agents d’une unité spéciale de la police israélienne et des soldats de Tsahal, passant à l’action sur la base d’informations recueillies par le Shin Bet, ont mené un raid dans le village de Silwad, près de Ramallah, au cours duquel Shalabi a été arrêté, réfugié dans une habitation. L’opération a été menée une heure après la mort de Yehuda Guetta, qui a finalement succombé à ses blessures.
Haim Bleicher, avocat de l’organisation d’aide juridique Honenu qui représente la famille Guetta, a indiqué dans un communiqué que « le moment est venu de rendre justice et de condamner à mort le terroriste ».
La loi israélienne n’autorise pas la peine de mort pour les terroristes condamnés.
Bleicher a aussi appelé à poursuivre toutes les personnes ayant apporté leur aide à Shalabi.
Lors de l’audience de jeudi, l’avocat de la défense de Shalabi a affirmé que ce dernier souffrait de troubles psychologiques importants et a demandé à ce qu’il puisse être examiné par le psychiatre du district pour une évaluation, a rapporté la Radio militaire.
Aucune évaluation n’a été menée jusqu’à présent mais un autre professionnel, qui a examiné Shalabi, a estimé que l’affirmation de troubles psychiatriques n’était pas cohérente et qu’elle n’était pas fiable, et qu’il jouait apparemment la comédie, a ajouté la station de radio.
Shalabi, père de sept enfants, ne serait affilié à aucun groupe terroriste palestinien, ont indiqué les services de sécurité du Shin Bet.
Le mois dernier, le commandant du district central de l’armée israélienne, Tamir Yadai, a signé un ordre prévoyant la démolition du domicile de Shalabi en Cisjordanie, dans la ville de Turmus Ayya. Les objections de sa famille ont été rejetées par l’armée, et l’habitation a été cartographiée pour être détruite.
Judah Ari Gross a contribué à cet article.