Un survivant de la Shoah quitte TikTok, qu’il accuse d’être passif face à l’antisémitisme
Les juifs sont une "minorité symbolique" qui reçoit continuellement des menaces de violence sur la plateforme, affirme la compagne de Gidon Lev

Gidon Lev, un survivant israélien de la Shoah qui comptait 460 000 followers sur TikTok, a quitté la plateforme de réseaux sociaux pour cause de harcèlement antisémite sur celle-ci et de l’inaction ou de l’intervention sélective de ses modérateurs, a déclaré sa compagne de vie.
« En réalité, TikTok s’en fiche, et non, ils ne sont pas à l’écoute des créateurs juifs ou ceux d’autres minorités », a écrit Julie Gray, la compagne de Lev, pour expliquer ce départ dans une publication parue dimanche sur la plateforme anglophone des blogs du Times of Israel.
Lev et Gray ont désactivé le compte dimanche.
Le compte, que Lev utilisait pour encourager « l’enseignement de la Shoah et le message d’espoir de Gidon », comme l’a décrit Gray, a commencé à recevoir des milliers de commentaires hostiles, affirmant notamment que Lev « soutenait le génocide » des habitants de Gaza ou « jouait la carte de l’Holocauste », a expliqué Gray.
Des milliers de personnes ont cessé de suivre Lev et beaucoup d’autres lui ont envoyé des messages haineux liés à la guerre entre le Hamas et Israël à Gaza, qui a été lancée au lendemain de l’assaut des terroristes du Hamas en territoire israélien, durant lequel ils ont assassiné près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, dans des villes et des villages frontaliers à la bande Gaza.
Des milliers de Gazaouis ont été tué par la campagne militaire massive lancée après l’attaque pour renverser le régime du Hamas. Les combats ont déclenché une vague d’incidents et d’attaques antisémites en Europe, aux États-Unis et ailleurs.
Pour Gray, la « goutte d’eau » a été les déclarations publiques faites par les responsables de TikTok sur « l’importance qu’ils accordent aux créateurs juifs sur TikTok et la façon dont ils prennent en compte nos préoccupations », a écrit Gray.
Gray s’est plainte auprès de TikTok de certains « cas individuels » de harcèlement, qui ont été « corrigés » à sa demande. Mais « cela n’a pas suffi à résoudre le problème dans son ensemble », écrit-elle.
Les Juifs sont en fin de compte une « minorité symbolique sur une application qui vaut 228 milliards de dollars », une minorité « traumatisée chaque jour par des messages de violence », a averti Gray.
Lev, 88 ans, a survécu pendant quatre ans au camp de concentration de Theresienstadt, dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, entre l’âge de 6 et 10 ans.
L’équipe média de TikTok n’avait pas répondu à une demande de commentaire du Times of Israel sur les accusations de Gray au moment de la publication de l’article.
En réponse à USA Today, qui a interviewé Gray la semaine dernière au sujet de leur décision de désactiver le compte de Lev, TikTok a déclaré qu’il était « fermement opposé » à l’antisémitisme et qu’il avait supprimé plus de 730 000 vidéos pour discours haineux depuis le mois dernier.
« Nous sommes activement à l’écoute de la communauté juive et de la société civile et nous travaillons à renforcer les mesures de protection sur la plateforme afin de stopper la propagation de la haine », a déclaré l’entreprise dans un communiqué transmis à USA Today.