Une experte de l’ONU en tortures se rend pour la 1e fois sur les sites du 7 octobre
Dr. Alice Jill Edwards, qui s'est entretenue avec des proches d'otages, qualifie leur enlèvement de "crime de guerre", et s'engage à parler à l'AP et Israël
L’experte en chef des Nations unies sur la torture s’est rendue mercredi pour la première fois dans les kibboutzim qui ont été attaqués le 7 octobre 2023, afin d’apporter son soutien aux familles des Israéliens retenus en otage par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza.
Alice Jill Edwards, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, s’est entretenue avec Reuters, alors que se poursuivent les pourparlers entre Israël et le Hamas, dans le cadre d’une médiation, en vue d’un éventuel accord de « trêve contre libération d’otages ».
« J’ai bon espoir qu’un accord soit conclu. Je demande depuis longtemps la libération immédiate et inconditionnelle des otages. Il s’agit d’un acte illégal au regard du droit international. C’est une atrocité. C’est un crime de guerre », a-t-elle déclaré au cours de l’entretien.
« J’espère que les familles pourront revoir leurs proches au plus vite et que la paix sera rétablie dans cette région. »
Le 7 octobre 2023, quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle. Ce pogrom a déclenché la guerre en cours à Gaza, qui s’est également étendue à d’autres fronts.
Lors de sa visite, Edwards a décrit la scène comme étant à la fois étrange et inquiétante, un mélange de fleurs et de verdure au milieu de fenêtres brisées et autres débris, résultat d’intenses fusillades et de maisons incendiées par les terroristes du Hamas alors qu’ils tentaient de décimer tous les habitants de ce jour d’octobre, il y a quatorze mois de cela.
Edwards a indiqué qu’elle avait écrit à l’Autorité palestinienne (AP) – qui gouverne certaines parties de la Cisjordanie et n’est pas présente à Gaza – au sujet d’informations indépendantes et vérifiables faisant état de tortures et de violences sexuelles survenues le 7 octobre.Il n’a pas été possible de déterminer immédiatement si Edwards avait fait référence au Hamas ou à d’autres groupes terroristes ayant participé au pogrom.
En mars, l’envoyée des Nations unies pour les crimes sexuels pendant les conflits a présenté un rapport à l’ONU indiquant que des viols et des viols collectifs ont probablement eu lieu pendant l’assaut, que des preuves « claires et convaincantes » montrent que des otages ont été violés pendant leur détention à Gaza, et que ceux qui sont actuellement détenus en captivité sont toujours confrontés à de tels abus.
Edwards a indiqué qu’elle s’adresserait également aux autorités israéliennes au sujet des allégations de torture et de mauvais traitements infligés aux prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.
En juillet, le bureau des droits de l’Homme des Nations unies a publié un rapport affirmant que les Palestiniens détenus par Israël depuis le 7 octobre avaient été soumis à la torture, notamment au supplice de la planche à eau, à la privation de sommeil, aux chocs électriques, au lâcher de chiens et à d’autres formes de mauvais traitements.
L’armée israélienne et l’Administration pénitentiaire israélienne (IPS) avaient alors répondu que tous les prisonniers étaient traités conformément au droit international et que tout signalement d’abus faisait l’objet d’une enquête.
En septembre, la Haute Cour de justice d’Israël a déclaré que les autorités devaient respecter le droit des Palestiniens soupçonnés de terrorisme et a examiné en particulier le tristement célèbre centre de détention de Sde Teiman, où plusieurs soldats ont fait l’objet d’une enquête. L’un d’entre eux a été inculpé pour des allégations de mauvais traitements infligés à des prisonniers.
« Il est très important, lorsque deux communautés souffrent et vivent si près l’une de l’autre, que nous reconnaissions la souffrance de chacune d’entre elles. Elles sont différentes. Elles sont d’une ampleur différente. Elles seront différentes individuellement », a déclaré Edwards.
« Mais, vous savez, tout le monde compte et chaque vie compte et nous devrions préserver cela. C’est l’essence même des droits de l’Homme. Il ne s’agit pas de choisir un camp. Il s’agit des droits de l’Homme et du droit des personnes à vivre dans la sécurité, la paix et la sûreté. »
Edwards a expliqué que son objectif était de documenter les événements survenus en Israël et de témoigner, auprès des otages et de leurs familles, de l’engagement de celles et ceux qui se battent pour que les captifs reviennent sains et saufs et pour que les corps des otages tués en captivité soient restitués.
Yuval Haran, 38 ans, dont le père a été tué et dont les sept membres de la famille ont été enlevés au kibboutz Beeri, se tenait devant les décombres de la maison de ses parents.
« Il ne s’agit pas du conflit israélo-palestinien, il ne s’agit pas de politique, de droite ou de gauche, il ne s’agit pas de guerre. Il s’agit d’êtres humains et nous devons nous rappeler qu’il s’agit d’êtres humains qui sont détenus depuis près de 440 jours », a-t-il déclaré.
« Nous ne cherchons pas la vengeance. Vous savez, mon père a été assassiné ici, mais je ne veux pas venger mon père… Je veux récupérer tous les otages. Je veux que nous ayons une vie calme et paisible. C’est pour cela que je prie. »
« Tous les crimes commis au cours des treize ou quatorze derniers mois doivent faire l’objet d’enquêtes indépendantes et impartiales », a affirmé Edwards.